Déficit budgétaire du Maroc : des progrès limités selon Fitch Ratings
Dans une note d'évaluer rendue publique le 17 juillet, Fitch Ratings prévoit que le déficit budgétaire du Maroc (BB+/Stable) tombera à 3,4 % du PIB d’ici 2026, contre 4,3 % en 2023, facilitant ainsi une réduction marginale de la dette publique/PIB sur la période. Toutefois, l’agence de notation estime qu’il sera difficile de parvenir à un assainissement budgétaire plus important à long terme sans une mobilisation fiscale durable.
Fitch prévoit que les dépenses totales représenteront en moyenne 25,7 % du PIB sur la période 2024-2026, contre 26,4 % en 2023. Les dépenses en capital sur la période 2024-2026 seront probablement inférieures d’environ 1,3 point de pourcentage du PIB à celles de 2023, car les coûts de reconstruction inscrits au budget post-séisme de 2023 vont baisser.
L’agence prévoit également que les dépenses en subventions seront inférieures d’environ 1,2 point de pourcentage du PIB. Le gouvernement a augmenté les prix des bouteilles de gaz butane subventionnées de 25 % en mai 2024. Les subventions continueront à être réduites pour le gaz ainsi que pour d’autres produits, comme le sucre et le blé. Il existe cependant un risque que de nouveaux chocs extérieurs limitent la volonté du gouvernement de réduire les subventions, ce qui pourrait menacer la consolidation budgétaire, étant donné le rôle important que nous attendons d’une baisse des subventions dans la réduction du déficit.
Dans le même temps, les dépenses en prestations sociales augmenteront d'environ 1,4 point de pourcentage du PIB en moyenne sur la période 2024-2026, par rapport à 2023. Cela reflétera en partie la mise en œuvre des plans des autorités visant à étendre les allocations de chômage aux travailleurs indépendants et aux travailleurs non-salariés et fait suite à d’autres mesures récentes visant à étendre les prestations sociales, notamment un nouveau régime d’allocations familiales lancé fin 2023 et l’élargissement du système d’assurance maladie de base obligatoire en 2022. Collectivement, ces mesures peuvent contribuer à contenir les tensions sociales, notamment celles résultant de réduction des subventions.
Pas d’embellie sur les recettes fiscales
Du côté des recettes, Fitch prévoit que les recettes totales s’élèveront en moyenne à 21,9 % du PIB sur la période 2024-2026, contre 22,2 % en 2023. Dans ce cadre, une baisse des recettes fiscales d’environ 0,5 point de pourcentage du PIB par rapport aux niveaux de 2023 est attendue. Fitch n’entrevoit pas d’amélioration significative de la mobilisation des recettes à court terme grâce à la convergence prévue par le Maroc de ses six taux d'impôt sur le revenu des sociétés vers deux taux standards d'ici 2026, ni à une réduction du nombre de taux de taxe sur la valeur ajoutée à trois, contre cinq, car les taux d’imposition dans certaines régions seront compensés par des taux plus bas dans d’autres.
Pour l’agence de notation, le gouvernement augmentera la part des recettes provenant des « financements innovants » à environ 2,1 % du PIB en 2024-2026, contre 1,0 % en 2019-2023. Le gouvernement a utilisé ces mécanismes, qui impliquent généralement la vente et la cession-bail d'actifs de l'État, pour augmenter les recettes depuis 2019. Ils permettent de compenser des recettes inférieures au budget ou des dépenses supérieures aux prévisions, tout en donnant le temps de mettre en œuvre des réformes pour mieux aligner les soldes budgétaires sous-jacents. Toutefois, les « financements innovants » ont tendance à être de nature ponctuelle et leur impact à long terme sur les finances publiques n’est pas encore testé. Fitch estime qu’un recours accru à des sources de revenus plus durables renforcerait la durabilité de l’assainissement budgétaire.
Une baisse significative et durable de la dette publique/PIB à moyen terme pourrait conduire à une action positive sur la notation souveraine du Maroc, comme indiqué par Fitch lors de la confirmation de la notation en octobre 2023. Son scénario de référence actuel suppose que le ratio ne baissera que marginalement à 69,7 % du PIB d'ici 2026, contre 70,2 % en 2024 (contre une médiane de 55 % pour les souverains de la catégorie « BB »).
Les prévisions de Fitch concernant le déficit budgétaire sont plus conservatrices que les objectifs du gouvernement, qui visent à le réduire à 3 % du PIB d'ici 2026. La réduction du déficit pourrait être plus rapide que prévu si, par exemple, les dépenses sociales sont inférieures aux prévisions de l’agence, que la simplification du système fiscal améliore la mobilisation des recettes ou que la croissance économique annuelle sur la période 2024-2026 dépasse notre moyenne projetée de 3,3 %.
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