Grand écran A Tamesna, Mehdi Bensaid inaugure la 1ère tranche du projet des 150 salles de cinéma de proximité
Dans le centre culturel de Tamesna, une petite ville à 20 kilomètres de Rabat, créée en 2007 pour désengorger la capitale, plusieurs acteurs du 7ème art étaient au rendez-vous. Réalisateurs, producteurs, acteurs, distributeurs, exploitants et membres du Centre cinématographique marocain (CCM) ont exprimé leur satisfaction quant au lancement simultané des 50 salles, dont l’un des objectifs majeurs est d’honorer le cinéma marocain et de réconcilier le public avec les productions nationales.
« Cela fait un moment qu’on parle de ce projet. Sa mise en place est très importante et prend un peu de temps, car l’implication de l’administration dans ce processus est nécessaire pour qu’il y ait une continuité de ce genre de projet », déclare le ministre de la Culture, Mehdi Bensaid, heureux de pouvoir enfin concrétiser la première tranche de son projet ambitieux qui consiste à s’appuyer sur un réseau de Maisons de jeunes présents à la fois dans les zones urbaines et rurales afin de les transfomer en complexes culturels avec un mono-écran de cinéma chacun.
Rappelons que la date d’ouverture initiale était prévue fin 2022, puis repoussée à l’automne 2023. Il a fallu dans un premier temps attendre l’ouverture des frontières avec la Chine pour recevoir les équipements. Il était ensuite question de trouver des ressources humaines pour la gestion des salles puis les former, notamment sur les aspects techniques.
Nous le révélions dans un précédent article, si le ministère compte s’appuyer dans un premier temps sur ses propres ressources humaines pour la gestion des cinquante salles, il cherche aussi à identifier des compétences au sein de ses directions régionales et provinciales. Une réflexion a par ailleurs été menée pour confier cette gestion à une fondation dédiée, et s’appuyer également sur des partenariats avec des exploitants privés, laissent entendre des professionnels du milieu du cinéma, nous avait-on confié.
Sollicités à maintes reprises lors de cette inauguration, les membres du CCM ont préféré gardé le silence quant à la gestion de ces salles de cinéma. « Aujourd'hui nous célébrons l'inauguration, on ne parle que de cela et pas d'autre chose », nous a-t-on répondu.
Pour le ministre, ce projet revêt une importance particulière car « il permet non seulement de créer un lien entre le cinéma et le citoyen au-delà du smartphone, mais aussi de révolutionner le modèle économique de l’industrie cinématographique marocaine ». Le président de la Commission d'aide aux salles du CCM, Mohamed Khouna, considère pour sa part que « la priorité aujourd’hui est l’éducation à l’image par l’image. Le simple fait de ramener des salles dans des villes excentrées va permettre aux jeunes de s’émanciper et découvrir le cinéma marocain ».
Plusieurs affiches de films donnent de la couleur à ce centre culturel dont une grande partie est aménagée en salle de cinéma. Le biopic sur la sociologue marocaine Fatema Mernissi réalisé par Mohamed Abderrahman Tazi, et Al Ikhwane, de Mohamed Amine El Ahmar en tête du box-office national en 2022, sont les films marocains à l’honneur pour ce lancement.
Si la programmation peut sembler anachronique, Bensaid explique qu’ « elle a été pensée selon une stratégie qui permettrait d’avoir un turnover assez intéressant sur toute l’année. Il y a 25 films marocains autorisés par le CCM qui sortent chaque année. On a d’abord fait appel à tous les producteurs dont les films sont sortis en 2022 et 2023, pour être sûr de proposer au citoyen une programmation riche et constante et lui permettre de voir certains films qui n’ont pas été projetés dans les petites villes ».
Quant à la programmation cinéma jeune public, ce sont Super Mario Bros et Les Minions qui divertiront les jeunes de la ville ce mois-ci. « On a essayé d’insister sur des films marocains pour un public adulte, ce n'est malheureusement pas possible pour les jeunes. Il n’y a toujours pas de films d’animations maroco-marocains, donc pour ne pas oublier les jeunes on a essayé de leur proposer des films d’animation internationaux », poursuit Bensaid.
Côté tarifs, le prix du ticket pour accéder à ces salles est fixé à 20 dirhams (DH). Les titulaires du « pass jeune » pourront quant à eux bénéficier d’un tarif avantageux de 15 DH. Si ces tarifs sont très bas par rapport à ceux des multiplexes, le directeur des Ciné Atlas, Pierre-François Bernet, également présent lors de cette inauguration n’exprime aucune inquiétude à cet égard. « Il ne faut pas regarder ces salles de cinéma comme de nouveaux concurrents pour les multiplexes existants, cela ne peut que faire que de plus en plus de cinéphiles. Le Maroc est un désert de salles de cinéma et les autorités ont pris la bonne décision, on ne peut que s’en réjouir », a-t-il tenu à préciser.
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