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27.04.2025 à 20 H 47 • Mis à jour le 27.04.2025 à 20 H 47 • Temps de lecture : 7 minutes
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Rencontre Moncef Slaoui : « Je ne suis pas un génie, juste quelqu’un qui a toujours foncé »

Moncef Slaoui, l’immunologiste marocain reconnu pour son rôle majeur dans le développement de vaccins, notamment contre la Covid-19, a présenté le 25 avril à Rabat, son livre autobiographique « La Voie Libre ». Le chercheur a livré sa philosophie de vie, ses doutes, et les leçons tirées d’une carrière qui l’a menée jusqu’à la célébrité lorsqu’il a été appelé à jouer un rôle clé dans l’opération « Warp Speed » aux États-Unis

À l’initiative de la Fondation Mohammed VI des Sciences et de la Santé (FM6SS), l’Université Mohammed VI des Sciences et de la Santé (UM6SS) et l’African Academy of Health Sciences (AAHS), le célèbre immunologue Moncef Slaoui a présenté le 25 avril à Rabat son autobiographie La voie libre, parcours d’une vie.  Son ouvrage de 262 pages, paru aux éditions Afrique-Orient retrace son parcours exceptionnel, depuis son enfance à Casablanca jusqu’à sa désignation, en 2020, à la tête de l'Opération « Warp Speed » aux États-Unis, l’un des projets de recherche les plus marquants pour le développement rapide de vaccins contre la Covid-19.


Cette personnalité scientifique marocaine de renommée internationale dont la trajectoire est une source d’inspiration pour les générations futures a joué un rôle clé dans cette opération qui a permis d’accélérer de manière inédite la mise au point des vaccins contre la Covid-19, apportant une réponse à la crise sanitaire mondiale.


Présent lors de cet évènement, Ahmed Bennana, directeur général du site Rabat de la FM6SS, a souligné l’importance symbolique de cette journée : « nous sommes aujourd’hui réunis à l’occasion d’un moment fort : la présentation de La voie libre, l’autobiographie du professeur Moncef Slaoui. Cet ouvrage retrace les grandes étapes de son parcours de vie, mais surtout, il véhicule des messages puissants de persévérance, de courage et d’espoir ».


Bennana, a salué le parcours de Slaoui, qualifiant la présentation de son autobiographie d'inspirante pour tous les étudiants et les chercheurs dans divers domaines. Le parcours de ce chercheur mondialement reconnu porte de nombreux messages selon lesquels le travail scientifique déterminé et sans relâche ne peut qu'apporter des résultats bénéfiques et l'impact escompté, a-t-il ajouté.


Il a par ailleurs ajouté que le fait d'accueillir cette présentation, au sein de la FM6SS, revêt une signification particulière. « C’est un signal fort d’attachement et de fierté : celle que nous ressentons envers nos compatriotes, ces Marocains du monde qui brillent à l’international, et qui, par leurs actions et leurs engagements, continuent d’inspirer ».


L’épreuve des allégations, le déclic du livre

Devant un ensemble d’étudiants, de chercheurs et de professionnels de la santé réunis à la FM6SS, Moncef Slaoui, figure clé de la riposte vaccinale contre le Covid-19 aux États-Unis, est revenu sur son parcours exceptionnel à l’occasion de la présentation de son autobiographie La voie libre, parcours d’une vie.


« Je suis très fier d'être ici aujourd'hui pour présenter mes mémoires qui, j’espère, vont pouvoir inspirer des étudiants marocains à accomplir plus de choses qu'ils n'imaginent, car c’est ce qui s'est passé dans ma carrière », a confié Slaoui avec émotion devant une salle archicomble.


« Je n’ai rien d’exceptionnel », affirme-t-il d’emblée. « Je ne suis pas hyper-intelligent, je ne suis pas hyper-visionnaire, je ne marche pas sur l’eau, je suis absolument normal ». Pour lui, le secret de sa réussite tient en une formule simple : « Chaque fois que je me suis trouvé devant une opportunité, j’ai foncé, j’ai pris le risque ».


La Voie libre, par Moncef Slaoui et Andrew Szanton. Ed. Afrique-Orient


Il a, dans ce contexte, insisté sur l’importance des choix successifs qu’il a pris dans sa carrière et qui l'ont mené jusqu’à accomplir nombre de réalisations scientifiques : « Ce sont une multitude de choix qui n'étaient pas liés à la finalité de ce que j'ai accompli mais qui m'ont effectivement entrainé dans cette perspective ».


« Sans céder à la crainte de l'échec, j'ai pu saisir pas mal d'opportunités au moment opportun. A chaque fois, je me penche sur l'objectif à accomplir et non sur une réussite personnelle ou circonstancielle », a lancé le chercheur qui a contribué entre autres à la mise au point du tout premier vaccin contre le paludisme.


Dans cette optique, Slaoui, également membre de l’Académie africaine des Sciences de la Santé, a encouragé les jeunes à croire en eux et à poursuivre leurs passions, « et puis le reste viendra ».


Au lendemain de l’opération Warp Speed, cette initiative de l’administration Trump pour accélérer le développement des vaccins anti-Covid, Moncef Slaoui se retrouve confronté à des allégations qui le poussent à se retirer de la scène publique. « Ça m’a choqué, ça m’a vraiment totalement dégoûté. J’ai décidé avec mon épouse, Christine, que j’allais me retirer de tout ce monde où j'avais passé 40 ans parce que le monde n’avait pas de sens », confie-t-il.


Mais un appel insistant de Richard Danzig, ancien secrétaire à la Marine américaine, change la donne. « Il m’a dit : "Tu as sauvé le monde et tu sembles l’avoir fait juste comme ça, en passant. Tu nous dois de l’écrire." Ça m’a touché. » Il commence alors à écrire Open Road (titre original du livre), en anglais d’abord, puis traduit en français et en arabe afin de « toucher le plus grand nombre possible de personnes au Maroc, mais au-delà aussi ».


Un parcours bâti sur les détours

Sa trajectoire débute à Casablanca. Élève moyen, passionné de biologie, il rate son inscription universitaire en France.  Cela l’amène à l’Université libre de Bruxelles (ULB) où il découvre sa vocation pour l’immunologie. « C’est comme ça que j’ai fini par faire un doctorat en biologie moléculaire et immunologie. Complètement par accident ».


C’est aussi par amour qu’il s’installe aux États-Unis. Sa première épouse, Claudine, experte en rétrovirus, se voit offrir un poste à Harvard. Lui, parvient à décrocher un post-doc à Boston. Leur expertise devient rapidement recherchée, en pleine émergence de l’épidémie de VIH. « On a été bombardés par les chasseurs de tête », raconte-t-il.


Titulaire d’un doctorat en immunologie, Slaoui a occupé un poste de direction au sein de SmithKline, devenu GSK (multinationale britannique et l'un des dix géants de l'industrie pharmaceutique mondiale). Il y gravira les échelons durant 30 ans jusqu’à diriger toute la recherche pharmaceutique du groupe. De 2006 à 2017, il supervise la mise sur le marché de 23 médicaments.


Tout au long de sa carrière, il a consacré une grande partie de son travail à la recherche et au développement de vaccins et de médicaments.


En 2016, il a été reconnu comme l’un des 50 plus grands leaders mondiaux par le magazine Fortune de Forbes pour son travail sur les maladies infectieuses négligées qui ravagent les pays en développement.


En 2020, au cœur de la pandémie, les États-Unis font appel à lui. Malgré les doutes de nombreux experts sur la faisabilité de développer un vaccin en moins d’un an, il accepte. « Il fallait sauver le monde. Et il fallait qu’on le fasse ». Sur 114 projets de vaccins proposés, il en retient 6. « Les 6 ont finalement réussi. Ce sont les seuls vaccins qui ont démontré une efficacité »


Depuis sa retraite, il est resté une force dynamique dans les sciences de la vie, siégeant au conseil d’administration de plusieurs sociétés de biotechnologie et est actif dans les investissements en capital-risque soutenant l’innovation dans les sciences de la vie.


Aujourd’hui, Moncef Slaoui se consacre aux biotechs, mais aussi à son pays natal. Prié de dire quel est l’impact espéré de son ouvrage sur le domaine de la biologie au Maroc, l'ancien conseiller en chef de l'opération Warp Speed a exprimé le souhait que son expérience puisse inspirer beaucoup de jeunes à se lancer dans une carrière scientifique et à « accomplir des choses importantes », tout en faisant part de sa disponibilité à contribuer par tous les moyens possibles au développement de son pays natal. « Je veux aider mon pays. Malheureusement, la biotechnologie au Maroc n'est pas encore à un niveau où mon apport peut être le plus bénéfique. Mais peut-être qu’en inspirant les jeunes, on peut déclencher quelque chose ».


Interrogé sur l’avenir du Maroc, il prône trois priorités : « investir dans le talent, avoir des objectifs stratégiques à long terme, et se concentrer sur des domaines où le Maroc a un avantage injuste ». Il salue au passage des initiatives comme le projet Maroc Genome, porté par la FM6SS.


Enfin, devant les étudiants, il martèle : « Croyez-en vous-mêmes. N’ayez pas peur d’échouer. L’échec est un moment d’apprentissage »


La voie libre se décline en sept parties suivant « un ordre thématique plutôt que chronologique », indique Slaoui dans la préface de ce livre réalisé en collaboration avec l’écrivain biographe américain, Andrew Szanton. Cette rencontre s’est déroulée en présence d'un grand nombre de chercheurs, d'étudiants et de personnalités issus des mondes académique et scientifique.


La voie libre, parcours d’une vie, par Moncef Slaoui et Andrew Szanton. Editions Afrique-Orient, 262 p.

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