n°1019.Le Maroc à l’aube d’un tournant historique : vers un moratoire sur la peine de mort
Lundi 9 décembre, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi a créé une grande surprise lors de la séance des questions parlementaires en annonçant que le Maroc votera, le 15 décembre prochain, en faveur d’un moratoire universel sur l’application de la peine de mort à l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette décision, historique et symbolique, marque un tournant majeur dans l'engagement du Royaume en faveur des droits humains.
Après deux décennies d’abstention, ce geste attendu par les abolitionnistes du monde entier témoigne d’une volonté claire d’inscrire le pays dans une dynamique de réforme et de modernisation. Le Maroc, qui n’a plus appliqué la peine capitale depuis près de trois décennies, s’aligne ainsi sur les principes d’une justice moderne et respectueuse des droits fondamentaux.
Depuis 2007, tous les deux ans, l’Assemblée générale de l’ONU soumet au vote une résolution appelant à un moratoire universel sur cette peine. Le choix du Maroc cette année reflète une trajectoire cohérente avec les réformes qui animent son système judiciaire et politique, consolidant sa position comme acteur engagé sur la scène internationale en matière de droits humains.
Une évolution progressive vers une justice moderne
Depuis près de trois décennies, la peine de mort, bien que maintenue dans le Code pénal marocain, n’a plus été appliquée. Cette suspension tacite reflète une volonté implicite de préserver la vie humaine, tout en répondant aux attentes d’une société marocaine partagée sur le sujet. Cette situation, appelée moratoire de facto, est perçue par de nombreux observateurs comme un pas significatif vers l’abolition. Toutefois, cette absence d’exécution ne suffit pas à répondre aux attentes des défenseurs des droits humains, qui appellent à un moratoire officiel, voire à une suppression légale définitive de cette peine.
Sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a engagé des réformes sociétales majeures, inscrivant les droits humains au cœur de son projet de société. La Constitution de 2011, en affirmant la primauté des conventions internationales ratifiées par le pays, constitue une avancée fondamentale dans la consolidation de l’État de droit. Dans cette perspective, un moratoire sur la peine de mort s’inscrirait naturellement dans la continuité des engagements du Maroc envers les valeurs universelles.
Les arguments en faveur d’un moratoire officiel
Adopter un moratoire officiel sur la peine de mort offrirait au Maroc une opportunité unique de réaffirmer son leadership en matière de droits humains, tant sur le plan national qu’international. Cette mesure, qui n’implique pas nécessairement l’abolition immédiate, permettrait d’ouvrir un débat serein et inclusif sur la justice pénale au Maroc. Elle marquerait également une étape intermédiaire vers une abolition éventuelle, tout en tenant compte des sensibilités religieuses et culturelles.
D’un point de vue interne, un moratoire officiel renforcerait la confiance des citoyens dans un système judiciaire fondé sur la protection des droits fondamentaux. En offrant une alternative à la peine capitale, le Maroc montrerait qu’il est possible de conjuguer sécurité publique et respect de la dignité humaine. Des études internationales ont démontré que l’abolition de la peine de mort n’entraîne pas une augmentation des crimes graves, mais peut au contraire contribuer à une société plus apaisée.
Sur le plan international, cette décision consoliderait la position du Maroc en tant que modèle régional en matière de réformes sociales et juridiques. En tant que membre actif des instances onusiennes, le pays enverrait un message fort à ses partenaires internationaux, renforçant ainsi sa crédibilité et son influence sur la scène mondiale.
Les défis et réticences à surmonter
Malgré les avantages d’un moratoire, la question de la peine de mort reste sensible. Pour une partie de la société marocaine, cette peine est perçue comme un outil nécessaire pour dissuader les crimes les plus graves, notamment ceux liés au terrorisme ou aux violences extrêmes. Certains craignent qu’un moratoire puisse affaiblir l’autorité judiciaire ou donner l’impression d’une justice moins ferme face aux enjeux sécuritaires.
Ces préoccupations, bien que légitimes, peuvent être adressées à travers une approche pédagogique et inclusive. Sensibiliser l’opinion publique aux bénéfices d’un moratoire, non seulement en termes de droits humains mais aussi d’efficacité pénale, est essentiel. Il est également crucial de s’appuyer sur les expériences d’autres pays ayant adopté des mesures similaires, montrant qu’une justice moderne n’est pas synonyme de laxisme, mais d’équilibre et de responsabilité.
Le rôle de la vision royale dans cette transition
La Vision Royale a toujours placé l’humain au centre des priorités du pays, combinant modernité et respect des valeurs fondamentales. Sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a prouvé qu’il pouvait être à la fois fidèle à ses traditions et pionnier dans les réformes sociétales. Adopter un moratoire officiel sur la peine de mort ne signifierait pas un rejet des valeurs religieuses ou culturelles, mais plutôt leur inscription dans une perspective universelle, où la vie humaine est sacrée.
Cette démarche s’inscrit également dans un contexte où le Maroc aspire à devenir un leader régional et international en matière de justice et de droits humains. La mise en œuvre d’un moratoire constituerait un signal fort, montrant que le pays est prêt à relever les défis de la modernité tout en préservant son identité.
Un avenir prometteur pour une justice marocaine exemplaire
En adoptant un moratoire officiel, le Maroc poserait les bases d’une justice plus inclusive et respectueuse des droits humains, tout en ouvrant un espace de dialogue pour imaginer des alternatives à la peine capitale. Ce choix, loin de rompre avec les traditions du pays, serait l’expression d’une évolution harmonieuse, où modernité et valeurs culturelles se rencontrent pour bâtir un avenir commun.
Cette décision permettrait également au Maroc de jouer un rôle moteur dans la région, en inspirant d’autres nations à adopter des mesures similaires. En s’engageant avec courage et détermination sur cette voie, le pays démontrerait qu’il est possible de concilier sécurité, justice et humanité.
Le Maroc, riche de son histoire et de sa capacité à innover, est à l’aube d’un tournant historique. La question de la peine de mort, loin d’être un simple enjeu juridique, est une opportunité pour le pays de réaffirmer son leadership et son attachement aux valeurs universelles. Ce moratoire doit s’inscrire dans cette volonté de réforme nouvelle, portée par une vision claire et ambitieuse de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Il ne s’agit pas d’un acte isolé, mais d’un jalon dans un processus global de transformation de la justice marocaine. Ce n’est pas un hasard si le ministère de la Justice se penche actuellement sur des réformes majeures, comme la révision de la Moudawana, la modernisation du Code de procédure civile et d’autres initiatives visant à aligner le cadre juridique national sur les aspirations contemporaines.
Le moratoire sur la peine de mort, s’il est adopté, sera un geste fort, porteur d’un message clair : celui d’une société marocaine en mouvement, résolument tournée vers l’avenir et fidèle à ses valeurs de justice et de dignité humaine. Mais un tel geste ne peut être qu’un début. Il appelle d’autres réformes, tout aussi ambitieuses, pour affirmer l’âme de notre société et son aspiration au progrès dans tous les domaines. Qu’il s’agisse de consolider l’État de droit, de moderniser les politiques publiques ou de renforcer notre position sur la scène internationale, chaque pas franchi témoigne de la maturité d’un pays en pleine transformation, à la fois fier de ses racines et déterminé à relever les défis du monde contemporain.
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