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14.05.2025 à 17 H 41 • Mis à jour le 14.05.2025 à 17 H 44 • Temps de lecture : 3 minutes
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Économie

Le CESE alerte sur la fragilité structurelle de l’agriculture familiale

Longtemps négligée par les politiques publiques, la petite et moyenne agriculture familiale (PMAF), pourtant pilier de l’économie rurale marocaine, doit faire l’objet d’un soutien spécifique et territorialement adapté. C’est le principal message délivré par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans un avis présenté ce 14 mai à Rabat, à l’issue d’une démarche participative mêlant consultation citoyenne, entretiens d’experts et immersion sur le terrain.


Loin de se limiter à de modestes exploitations, la PMAF incarne un mode de vie profondément ancré dans les territoires, garant de la sécurité alimentaire locale, de la transmission des savoir-faire et de la préservation des écosystèmes. Elle représente aujourd’hui près de 70 % des exploitations agricoles du pays, générant à elle seule 29 % de la valeur ajoutée du secteur et employant une main-d'œuvre majoritairement familiale. Pourtant, les politiques publiques lui ont consacré des moyens dérisoires. Le Plan Maroc Vert, emblématique de la stratégie agricole nationale, n’a alloué que 14,5 milliards de dirhams à l’agriculture solidaire, contre 99 milliards de dirhams destinés à l’agriculture à haute valeur ajoutée.


Cette marginalisation est aggravée par une série de contraintes structurelles majeures. Près de 88 % des terres agricoles ne sont toujours pas immatriculées, et 66 % sont en situation d’indivision, rendant difficile la sécurisation foncière et l’accès au crédit. Conséquence directe, 40 % des agriculteurs sont contraints de recourir à des emprunts informels, souvent à des taux usuraires, faute de solutions de financement adaptées. L’encadrement technique est lui aussi dramatiquement insuffisant, puisqu’un seul conseiller agricole est disponible pour 5 726 agriculteurs, limitant considérablement l’accès à des pratiques modernisées et plus résilientes face aux changements climatiques. La commercialisation des productions reste dominée par une chaîne d’intermédiaires, accentuant la vulnérabilité des petits producteurs face aux fluctuations des prix et à la spéculation. Sur le plan social, la situation est tout aussi préoccupante : deux millions d’aides familiaux agricoles ne sont pas couverts par l’Assurance Maladie Obligatoire, les excluant ainsi de toute forme de protection sociale de base.


Face à ces constats, le CESE plaide pour une véritable rupture stratégique. Il préconise l’élaboration d’un plan d’action national exclusivement dédié à la petite et moyenne agriculture familiale, qui tienne compte des spécificités de chaque territoire. Cette relance passe d’abord par l’accélération des procédures d’immatriculation des terres et une sortie progressive du régime de l’indivision pour sécuriser l’accès au foncier. Elle requiert également la diversification des revenus en milieu rural, en promouvant des activités complémentaires telles que l’artisanat, l’écotourisme ou encore les services de proximité.


Le Conseil appelle aussi à renforcer la structuration des petits producteurs à travers le développement des coopératives, des groupements d’intérêt économique et des associations, afin de leur permettre de peser davantage dans les négociations commerciales. L’accès au financement doit être facilité, en élargissant l’offre de produits adaptés aux profils des exploitants familiaux, y compris via des dispositifs de microfinance.


Sur le plan de la production, le CESE insiste sur la nécessité de promouvoir des pratiques agricoles durables, adaptées aux spécificités agroécologiques des différentes régions du Royaume, en favorisant notamment des cultures résilientes à haute valeur ajoutée et à faible consommation en eau. La valorisation des produits locaux, qu’il s’agisse de l’agriculture biologique ou des produits de terroir bénéficiant de signes distinctifs de qualité, représente également une voie privilégiée pour améliorer les revenus et stabiliser l’emploi en milieu rural.


Enfin, le Conseil appelle à une extension rapide de la couverture sociale à l’ensemble des aides familiaux agricoles et à une revalorisation des fonctions environnementales de la PMAF. Ce modèle agricole, en contribuant à la préservation des ressources naturelles et à la lutte contre l’exode rural, peut et doit devenir l’un des piliers du développement durable du Maroc.

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