Mondial 2030: Amnesty demande des engagements plus clairs des trois pays

Dans un rapport publié ce 11 novembre, Amnesty International a critiqué la candidature conjointe du Maroc, de l’Espagne et du Portugal pour l'organisation de la Coupe du Monde de 2030 de football. Les trois pays, souligne l'organisation non-gouvernementale (ONG), « n'ont pas fourni d'engagements clairs pour traiter de manière adéquate la majorité des risques liés au droits de l’Homme identifiés par Amnesty International ». L’organisation appelle ainsi la Fédération internationale de football (FIFA) à « conditionner l'attribution de la Coupe du Monde 2030 au Maroc, au Portugal et à l'Espagne à l'élaboration d'une stratégie beaucoup plus crédible en matière de droits humains ».
Dans un précédent rapport publié en juin 2024, Amnesty International et la Sport & Rights Alliance (SRA) avaient relevé plusieurs risques liés aux droits humains, notamment l'usage excessif de la force policière contre les foules dans les trois pays (notamment l'utilisation abusive de balles en caoutchouc), ainsi que des restrictions sur la liberté d'expression et de réunion. Le rapport souligne également la persistance des abus racistes, sexistes et homophobes dans les trois pays, tout en relevant l’interdiction des relations extra-conjugales et entre les personnes de même sexe qui sont toujours criminalisées au Maroc.
Cependant, « bien que le Bid Book des trois pays présente des plans détaillés pour les installations du tournoi, les évaluations des droits humains et les stratégies qui l'accompagnent présentent de graves lacunes et des omissions », déplore l’ONG dans son récent rapport. Et d’ajouter : « aucune des stratégies soumises par les pays hôtes ne comprend d'engagements clairs de la part des gouvernements concernant des réformes légales ou d'autres mesures pour protéger les droits humains en lien avec le tournoi, ni un engagement suffisant avec les parties prenantes ».
Dans le cas du Maroc, la stratégie des droits humains présentée contient de « nombreux engagements positifs » de la part de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et du Conseil national des droits de l'homme (CNDH). Cependant, les deux institutions ne s’engagent dans cette présentation qu’ « à plaider en faveur de réforme législatives et de changement de politique gouvernementale », souligne Amnesty International. Par ailleurs, poursuit la même source, bien qu’il soit « louable » que la FRMF et le CNDH « encourageront à la fois le parlement et le gouvernement à ratifier des conventions internationales clés, aucun engagement correspondant n’est formulé de la part du gouvernement pour le faire (…) et donc il n’ y a aucune garantie que ces changements seront effectivement réalisés ».
L’Espagne est à son tour critiquée par Amnesty International. Plus précisément, l’ONG pointe en effet du doigt la Fédération espagnole de football (RFEF) qui a « simplement soumis une évaluation des risques fournie par le médiateur du pays, au lieu de développer sa propre stratégie ». La RFEF n’apporte ainsi pas de réponses aux préoccupations relevées par Amnesty International dans son précédent rapport sur la situation des droits de l’Homme dans le pays. Le même reproche est également fait au Portugal, dont la stratégie ne présente qu’ « une série de défis, mais, pour la plupart, les engagements pris sont généraux et manquent de détails (…) et aucune mesure concrète n'est précisée ».
En outre, Amnesty International a appelé à la suspension du processus de sélection de l'Arabie saoudite en tant qu'hôte de la Coupe du Monde de 2034, à moins que « des réformes majeures » en matière de droits humains ne soient annoncées avant le vote des membres de la FIFA en décembre. « Les risques non traités liés à la candidature de l'Arabie Saoudite pour 2034 demeurent tellement graves que, conformément aux propres normes de la FIFA, cette candidature ne devrait pas être approuvée tant que ces risques ne sont pas pleinement et de manière crédible pris en charge par l'annonce de réformes majeures et étendues en matière de droits humains », lit-on dans le même rapport.
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