C’est à n’en pas douter l’un des projets phare du Maroc : celui de permettre au Royaume de fabriquer lui-même des vaccins en tout genre, et se faisant de lui assurer sa souveraineté sanitaire. Dans un contexte pandémique sans précédent, le Maroc avait, à défaut de pouvoir produire son propre serum anti-Covid, ni même d’assurer sa mise en seringue, dû jouer des coudes à l’international pour assurer son programme national de vaccination.
C’est dans cette optique qu’une idée a été présentée courant 2021 : celle de mettre sur pied une unité industrielle de fabrication de vaccins destinée à combler ce besoin sanitaire stratégique, mais aussi de servir le continent africain.
Le grand public apprenait ainsi les trois séquences de ce projet présenté au souverain le 5 juillet 2021 : la phase 1, baptisée « Atlas », à laquelle le laboratoire privé marocain Sothema a été associé, visait à remplir et conditionner 3,1 millions de doses du vaccin chinois anti-Covid-19 Sinopharm par mois. Le choix avait été porté sur Sothema, qui avait participé aux tests du vaccin importé de Chine, mais surtout pour ses capacités en biotech quoiqu’embryonnaires.
La deuxième phase porte quant à elle sur deux projets : « Lion 1 » et « Lion 2 » qui consistent en une unité industrielle qui verra bientôt le jour et portée par la société marocaine Sensyo Pharmatech. Celle-ci a déjà désigné des prestataires pour le chantier, en cours actuellement, et devrait le 14 juin prochain réceptionner les premiers éléments préfabriqués de l’usine conçus par le Japonais Morimatsu. Enfin, une troisième phase, dénommée « Dakhla », devrait porter sur la création d’un pôle africain d’innovation biopharmaceutique.
Afin de mener l’essentiel du projet, ses promoteurs ont créé la société Sensyo Pharmatech, constituée de BAB Consortium (ex-Morocco-Sino Pharma dont nous révélions la création), une alliance bancaire regroupant la Banque Centrale Populaire (BCP), Attijariwafa Bank (AWB) et Bank of Africa (BOA), invitant par la suite dans son tour de table le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement. En soutien, on retrouve aussi le laboratoire suédois Récipharm ayant signé un accord de partenariat public-privé avec le Maroc.
Ceci pour la version officielle dévoilée au public. Mais en coulisses, comme nous l’avons révélé dans une série d’articles, un autre acteur avance ses pions, sans pour autant que son statut ne soit réellement précisé : Samir Machhour, vice-président senior de Samsung Biologics en Corée du Sud, mais aussi ici, au Maroc, cofondateur de MarocVax aux côtés de l’homme d’affaires multicartes Rahhal Boulgoute.
PARTIE I
Une société suisse intermédiaire pour les vaccins
MarocVax, dont l’existence a été révélée par Le Desk en mai 2021 a signé avec le groupe chinois Walvax, partenaire officiel de Sensyo Pharmatech, un accord de commercialisation exclusive au Maroc de deux millions de doses de vaccins anti-pneumococcique. Le deal comprend aussi, et c’est le plus intéressant, une clause sur le transfert de technologie.
Sauf qu’au Maroc, pour commercialiser le vaccin anti-pneumococcique, il faut remporter un appel d’offres comme le faisaient jusqu’ici des géants pharmaceutiques, à l’instar de Glaxosmithkline (GSK) pour son vaccin Synflorix. Dans le cas présent, si un appel d’offres a bien été lancé par le ministère de la Santé et de la Protection sociale, le marché recèle un fait incontestable de délit d’initié en faveur de MarocVax, comme nous l’avons démontré.

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