Rif : Tanger-Tech, l’autre fiasco à venir ?

A la Villa Mandarine dont il a fait son QG lorsqu’il n’est pas par monts et par vaux, Ilyas El Omari est comme à son habitude affable et plein d’entrain. Entre deux salamalecs appuyés à une journaliste de passage et une personnalité du monde sportif, il parle avec emphase de son passé apocryphe comme de ses grandes ambitions à la tête de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Parmi elles, objet de cette rencontre tenue alors que Rif entrait à peine en ébullition, la future cité industrielle Mohammed VI Tanger-Tech qu’une cérémonie royale vient de mettre sur les rails.

Paraphrasant la presse qui la décrit comme « l'un des plus grands projets africains de la décennie », El Omari ne manque pas d’user de superlatifs pour dépeindre le projet pharaonique localisé dans l’hinterland rifain de Tanger, second pôle économique du royaume qui se veut un hub industriel depuis la création d'une zone franche (TFZ) et d'un port en eaux profondes (Tanger Med)…

Les chiffres « éloquents », qu’il ressasse donnent le tournis : 1 milliard de dollars pour le démarrage, 10 milliards sur dix ans, des milliers d’hectares valorisés dans la région. Bref, à terme, c’est la promesse de 100 000 emplois créés par près de 200 entreprises et 300 000 personnes logés dans une cité high-tech selon la présentation officielle qui ose la comparaison avec la « smart city » émiratie Masdar…

Prévue sur 2 000 hectares et porté par la région nordiste, le chinois Haite et le groupe bancaire BMCE Bank, la cité industrielle fait suite à un mémorandum d'entente signé en mai 2016 au cours d'une visite officielle du roi Mohammed VI à Pékin. « Les entreprises concernées opéreront dans la construction automobile, l'industrie aéronautique ou encore le textile », ont assuré les médias, relayant au mot près les dépêches en rafale de l’agence officielle MAP. « L'édification de cette cité chinoise devrait durer 10 ans », a même assuré le ministre de l'Industrie, Moulay Hafid Elalamy.

Haite silencieux sur son projet au Maroc

« Le groupe chinois Haite est un conglomérat présent dans l'aéronautique, l'automobile, l'électronique, le textile, l'énergie, l'immobilier… », lit-on ca et là dans la presse. Mais qu’en est-il vraiment ? Et qui sera en charge de bâtir ce site industriel et résidentiel, créé ex-nihilo et érigé en rase campagne ?