Que pense réellement Jean-Luc Mélenchon, fondateur de la France Insoumise et ex-candidat à la présidentielle française, de la question du Sahara ? La question était sur toutes les lèvres, dès l'annonce quelques jours plus tôt de sa visite au Maroc, ayant été entamée ce mercredi 4 octobre. C'est qu'au sein de la formation de gauche, plusieurs figures ont déjà été pointées du doigt pour leur proximité avec des associations proches du Front Polisario. Sans oublier que Mélenchon ne s'était jusqu'à présent jamais clairement exprimé sur le dossier, en raison vraisemblablement de son caractère clivant au sein de la scène politique française mais aussi eu égard à sa sa complexité.
L'ayant accompagné pour sa première visite au Royaume, ayant commencé à Amizmiz, localité durement touchée durant le séisme d'Al Haouz, Le Desk en a profité pour interroger Jean-Luc Mélenchon. Sa réponse se fera par un tirade, coutumière du personnage, de près de cinq minutes.L'homme politique français prendra la peine tout d'abord d'évacuer ce qu'il présente comme étant des « sottises » quant aux supposés liens entre la France Insoumise et le Polisario, précisant n'entretenir des relations avec les partis de la démocratie marocaine, au risque d’être contredit dans son propre camp qui entretient des liens quasi institutionnels avec le mouvement de Brahim Ghali, notamment au parlement européen. Il abordera enfin, de manière on ne peut plus prudente, sa position personnelle.
« Je ne peux que constater que le Maroc n’a jamais manqué à sa parole à l’ONU. Et je ne peux qu’observer les paramètres nouveaux auxquels les Français devraient réfléchir avec plus d’attention, glisse-t-il notamment. Quels sont les paramètres nouveaux en question ? La prise de position des États-Unis d’Amérique, d’Israël et de l’Espagne a modifié le regard que le monde porte à cette question. Je souhaite que mon pays le comprenne. En tout cas, cette question ne peut pas être un sujet de querelle entre nos deux pays. Ce ne serait pas juste », tonne Mélenchon, ne laissant plus aucun doute sur le fond de sa pensée.
Autrement dit, le discours de Jean-Luc Mélenchon pourrait aisément rejoindre celui prôné par Rabat : les reconnaissances de Washington, Madrid et Tel Aviv sont intimement liées, et constituent une dynamique que d'autres pays doivent rejoindre. Jusqu'à présent, en France, ce discours n'avait trouvé écho qu'auprès de la droite, menée par le parti des Républicains, et dont le dirigeant, Eric Ciotti, en avait largement fait part lors de sa récente visite au Maroc.
Une aubaine pour le Maroc : c'est qu'au-delà de la position de Jean-Luc Mélenchon, que d'aucuns perçoivent comme peu claire et noyée dans un discours langue de bois de l'ancien parlementaire français, il y a en lui la volonté de vouloir s'inscrire dans une tendance voulue par Rabat. Revirement de taille dans le dossier du Sahara ? Peut-être bien, si on perçoit la position de Mélenchon comme pouvant évoluer. Pour la première fois, le Maroc pourra être en mesure de mettre d'accord droite comme gauche en France, sur la première cause nationale.
Au Maroc, restera cependant des défis à soulever : comment convaincre les milieux politiques français du bien-fondé de la proposition marocaine, alors même que jusqu'à présent, aucune représentation diplomatique n'est assurée par Rabat à Paris ? Comment aussi capitaliser sur ce semblant d'unanimité entre droite et gauche, au sujet du Sahara, pour faire du passage d'Emmanuel Macron, qu'un lointain interstice à oublier ? L'avenir nous le dira. En attendant, le Royaume vient de (re)gagner un autre ami du Maroc, dont l'entourage confie à demi-mot qu'il aimerait bien venir un jour s'installer ici...
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