Un aparté entre Hassan II et le Général Nezzar

Selon le général Nezzar, les faits remontent au début des années 1990, en pleine guerre civile en Algérie, quand il a fait l’objet d’une tentative d’assassinat à la voiture piégée fomentée par un des fondateurs du Groupe islamique armé (GIA), Abdelhak Layada. Ce dernier, pourchassé par les services du renseignement algérien, réussit à s’exfiltrer clandestinement du pays pour se cacher sous une fausse identité dans un hôtel à Oujda. En plus du danger de Layada, les renseignements algériens savaient qu’il disposait de complices et de caches d’armes au Maroc. « J’ai contacté Driss Basri, alors ministre de l’Intérieur du royaume, pour l’informer de mon désir d’envoyer mon émissaire le général Ismaël pour discuter d’une affaire concernant les deux pays. Basri m’a répondu une heure après pour m’annoncer son accord pour la rencontre et que le roi Hassan II voulait me rencontrer », se souvient le Général Nezzar. Selon le récit de ce dernier, curieusement, la remise de Layada par les Marocains aux Algériens n’aura pas lieu à cet instant. Le général Nezzar explique que Layada va conduire les Marocains aux caches d’armes au Maroc avant de disparaître dans la nature. Les Algériens se contenteront de l’arrestation d’un des complices de Layada, qui va les conduire plus tard à plusieurs membres du GIA.
Nezzar au palais royal
Après la fin de cette opération, le général Nezzar fait le déplacement à Rabat pour rencontrer Hassan II. « Je savais qu’on allait me proposer un arrangement en ce qui concerne l’affaire du Sahara, en contre partie de la remise de Layada » raconte-t-il. Quand il arrive à l’aéroport de Rabat, il est attendu par Driss Basri qui le conduit au palais royal. Dans son descriptif, le général Nezzar encense l’accueil et la simplicité du bureau royal décoré dans le style marocain. Il explique qu’a côté du bureau du roi, il existait un autre bureau où Driss Basri, Mohammed VI, alors prince, et des membres du cabinet royal attendaient. « L’entretien avec le roi a duré deux heures. Il m’a offert trois boites de filtres à cigarettes. Passé les généralités, nous avons discuté de l’affaire du Sahara », se souvient l’ancien responsable militaire algérien. « L’adjoint qui m’accompagnait pendant cette visite m’a informé que le prince Mohammed VI écoutait les discussions à travers une fenêtre. J’ai compris à ce moment que le roi préparait sa relève » dit-il. Quand le journaliste lui demande si le roi lui aurait proposé des avantages contre son soutien au royaume dans l’affaire du Sahara, le général, se met en colère et tranche : « on dit que les hommes du Makhzen utilisent ces méthodes, mais pas le Roi. Il ne m’a rien proposé ». A la fin de l’entretien, le roi ordonne à Driss Basri de résoudre le problème concernant le membre du GIA réclamé par les Algériens, avant de prendre congé de Nezzar. Après moult tractations entre les deux pays, Layada sera finalement remis aux Algériens trois mois après la rencontre royale.