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24.01.2016 à 15 H 49 • Mis à jour le 25.01.2016 à 09 H 53
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Face à Face

Ilyas El Omari sort de l’ombre pour affronter le bulldozer Benkirane

24 janvier, au Congrès du PAM à Bouznika. Il aura fallu huit années, trois congrès, pour que Ilyas El Omari se résigne à sortir de l’ombre. /AIC PRESS
Le sacre d'Ilyas El Omari à la tête du PAM clarifie le pouvoir au sein du parti du tracteur, qui de cette manière vient de désigner son champion pour affronter dans l'arène son rival désigné, le populaire chef du PJD et du gouvernement, Abdelilah Benkirane. Prélude à un duel sans merci pour les prochaines législatives.

Très attendu, le sacre de Ilyas Omari, candidat unique plébiscité par les congressistes du PAM, clarifie le jeu politique. Agissant dans les coulisses depuis la création du parti du tracteur en 2008 par Fouad Ali El Himma, si Ilyas sort de l’ombre pour mener le face à face contre le bulldozer Abdelilah Benkirane pour les prochaines élections législatives qui se tiendront fort probablement entre septembre et novembre prochains.


De sa position de secrétaire général adjoint du Parti authenticité et modernité (PAM), Ilyas El Omari, élu aujourd’hui à Bouznika, à la tête du parti du tracteur, a conquis un pouvoir dont il détenait les clés depuis des années.


Alors que Mustapha Bakkoury, technocrate réputé apolitique avait assuré une transition de façade après le retour au bercail du Makhzen du père-fondateur Fouad Ali El Himma, El Omari tirait les ficelles de la seule formation politique capable de se mesurer à la machine populaire du PJD, menée tambour battant par un Abdelilah Benkirane qui, au fil des ans, s’est taillé un véritable costume d’homme de pouvoir.


Benkirane a désormais un adversaire à sa taille

Depuis que le Palais avait senti le vent du boulet suite aux printemps arabes de 2011, l’opposition aux islamistes se cherchait un leader aux talents de manœuvrier politique. La déconfiture du G8, coalition brinquebalante qui avait été alignée dans la précipitation pour faire barrage au PJD avait laissé un goût de cendre dans la bouche de tous ceux qui, au nom d’un loyalisme indéfectible au trône, considérait que l’autoroute ouverte à Benkirane pouvait, à terme constituer un danger pour les subtils équilibres politiques qu’aiment à façonner le pouvoir.


Le plébiscite accordé à El Omari est une forme de clarification bienvenue dans les rangs du PAM, qui jusqu’à présent donnait l’impression de se chercher une idéologie dans un paysage politique destructuré par la lame de fond du PJD. Un face face donc entre El Omari et Benkirane qui éclaircit désormais le jeu et les rivalités politiques, et qui promet d’être houleux, les deux hommes ne cachant pas leur inimités. « Ilyas est le grand ennemi de Benkirane et vice versa. Nous allons avoir droit à un grand show en cette année électorale », confie un congressiste du PAM.


Troisième congrès du PAM À Bouznika. Ilyas El Omari plebiscité par les Pamistes. A ses côtés, l'ancienne mairesse de Marrakech, Fatima-Zahra Mansouri, portée à la tête du Conseil national du parti.


El Omari, au pinacle pour croiser le fer avec Benkirane

Grand tribun devant l’éternel, Benkirane, OVNI politique, avait besoin d’un adversaire à sa taille. Il le disait d’ailleurs sans détours, quand il invitait Bakkoury à se retirer et le laisser face au vrai dirigeant du PAM, Ilyas. C’est aujourd’hui chose faite. Mustapha Bakkoury, élu en septembre président de la région Casablanca-Settat, et patron du MASEN, agence solaire aux pouvoirs récemment élargis à tout le secteur des énergies renouvelables, doit désormais se concentrer sur ses multiples missions, laissant la voie libre à El Omari pour dérouler sa stratégie de conquête du pouvoir. L’élection de l’enfant du Rif, lui ouvre en effet la voie royale vers la Primature, en cas de victoire du PAM aux législatives de 2016. Un scénario qui reste possible, malgré la bonne assise électorale du PJD, consacrée première force politique du pays (en nombre de voix) lors des dernières élections communales et régionales de septembre 2015.


« Les dernières élections ont débouché sur une polarisation du champ politique, entre deux forces majeures : le PJD dans les villes et centres urbains, le PAM, dans les zones rurales. Avec la montée d’Ilyas, cette polarisation sera encore plus prononcée dans les prochaines élections législatives. Et c'est tant mieux pour le jeu politique », explique un analyste politique.


Ilyas El Omari se prêtant au jeu des questions réponses lors de la conférence de presse qui a suivi son sacre. David Rodrigues / Le Desk


Ilyas El Omari se préparait depuis des mois au grand sacre

Ilyas se préparait depuis de mois à ce scénario. En octobre 2015, l’homme fort du PAM s’est doté d’un bras médiatique aux dimensions impressionnantes. Quotidien, hebdomadaire, mensuel, site Web… El Omari s’était lancé tous azimuts dans la presse, aussi bien papier que digitale. A travers sa société Prestigia Print, créée en mars 2014 à Rabat et capitalisée aujourd’hui à hauteur de 40 millions de dirhams, il a fait l’acquisition d’une nouvelle imprimerie à Témara. Il lançait notamment dans la foulée un quotidien arabophone basé à Casablanca, Akhir Saâ (« Dernière heure »), navire amiral d’un groupe qui compte pas moins de six publications. Moyens financiers et presse, il ne lui manquait que le pouvoir total pour affirmer ses ambitions longtemps ruminées. « Je ne m’attendais pas à un tel aboutissement de ma longue marche en politique » a-t-il lancé, triomphal, à ses supporters. Un rêve qu’il réalise, tout en promettant à ses militants, un mandat où « la démocratie interne sera le maître-mot ».

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