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03.04.2016 à 20 H 58 • Mis à jour le 11.06.2017 à 16 H 19
Par et
Révélations

Panama Papers, Mounir Majidi au cœur du volet consacré au Maroc

Le plus gros leak de l’histoire vient d’être orchestré par une centaine de médias en coopération avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), mettant à nu des millions de fichiers d’un cabinet panaméen spécialisé dans la gestion patrimoniale de clients fortunés dans des paradis fiscaux. Le Secrétaire particulier du roi fait partie des personnalités citées.

Une centaine de médias étrangers et le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) ont eu accès à une très grande masse d'informations inédites : 11 millions de fichiers provenant des serveurs informatiques du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore.


Les données, qui constituent le plus gros « leak » de l'histoire, s'étalent sur près de quatre décennies. Elles révèlent que des chefs d'Etat, des milliardaires, des grands patrons, des figures du sport (Platini, Messi), de la culture, de l'économie, mais aussi des réseaux criminels recourent, avec l'aide de certaines banques, à des montages de sociétés afin de dissimuler leurs avoirs dans des paradis fiscaux.


Les Panama papers mettent en lumière un incroyable tableau : plus de 214 000 entités offshore créées ou administrées par Mossack Fonseca, un cabinet panaméen, depuis sa fondation en 1977 et jusqu’en 2015, dans 21 paradis fiscaux différents et pour des clients issus de plus de 200 pays et territoires.

Mounir Majidi, mandataire de SMCD Limited

Le Maroc y est cité en la personne de Mohamed Mounir Majidi en sa qualité de Secrétaire particulier du roi Mohammed VI. Les premiers éléments fuités par l’ICIJ indiquent qu’en janvier 2006, Mounir Majidi a été mandaté par SMCD Limited, société immatriculée aux îles Vierges britanniques en 2005 pour l'achat, la livraison et le transfert d'une goélette de grand luxe mise à flot dans les années 30 et baptisée Aquarius W. Après son acquisition, le navire a été immatriculé au Maroc et rebaptisé El Boughaz I. Il est de notoriété publique que cette goélette appartient au roi Mohammed VI.

Copie du registre de la société SMCD Limited obtenue par Le Desk qui indique qu'elle a été enregistrée aux Iles Vierges Britanniques le 13 mai 2005 et qu'elle a été dissoute le 21 août 2013. BVI FINANCIAL SERVICES COMMISSION


Selon l’enquête de l’ICIJ, SMCD Limited a également servi à émettre un prêt en faveur d’une société luxembourgeoise, Logimed Investments Co. Le but de cette transaction n’a pas été cependant dévoilé par les journalistes impliqués dans l’enquête. Ceci-dit, selon les documents du registre de commerce du Luxembourg consultés par Le Desk, cette société a été créée en novembre 2009 à travers une société-écran des Iles Vierges Britanniques, Pallister Holdings Limited, et a vu arriver dans son tour de table en avril 2011 un certain Abderrazzak Sitail, directeur de l'hebdomadaire Les Afriques et frère de la directrice de l’information de 2M, Samira Sitail.


L’ICIJ indique que la SMCD Limited a été liquidée en 2013. Une information que Le Desk avait pu obtenir récemment lorsqu’il a révélé que cette société avait pris une participation dès 2008 dans le groupe immobilier Alliances du promoteur Alami Nafakh Lazraq, dans le cadre d’un placement privé aux conditions préférentielles avant qu’Alliances ne procède à son introduction en bourse. Le Desk avait constaté que la SMCD Limited figurait toujours parmi ses actionnaires dans toutes les documentations boursières communiquées au public, suscitant de profondes interrogations sur la fiabilité des informations disponibles sur le marché boursier marocain.

Des connexions avec d’autres dossiers marocains

Selon l’enquête de l’ICIJ, SMCD Limited a été enregistrée à travers Dextima Conseils, un cabinet de conseil fiscal basé à Genève et dirigé par un certain Antonio Mavica. Un nom qui n’est pas inconnu au Maroc : le site Lakome (fr) avait révélé en 2013 dans une enquête sur les agréments d’exploitation des carrières de sable que ce dernier représentait au Maroc plusieurs sociétés offshore. D’abord Millenium Invest Limited, basée aux Iles Vierges Britanniques, qui avait décroché en 2009 une autorisation des autorités pour exploiter une carrière de 51 hectares à Benslimane sur le domaine privé de l'Etat. Ensuite, la société Clarkenson Group, elle aussi basée aux Iles Vierges Britanniques, qui avait pris entre 2009 et 2012 le contrôle de petites structures familiales appartenant à des personnalités, comme Hassane Mansouri, actionnaire du Journal Hebdomadaire de 1997 à 1998, bras-droit de Majidi et dirigeant de Primarios, ou les entrepreneurs Younès Marrakchi, Lamia Belkady et Noureddine El Yamani.


Infographie des liens entre Mounir Majidi, SMCD Limited et Dextima Conseils, publiée par l'ICIJ.


L’ICIJ relève aussi que Majidi a également été administrateur d'une société luxembourgeoise du nom d’Immobilière Orion S.A. Celle-ci a levé 42 millions de dollars en 2003 à travers le cabinet panaméen Mossack Fonseca pour l’acquisition et la rénovation d’un luxueux hôtel particulier à Paris. Une propriété attribuée, comme la goélette, au roi du Maroc. L’emprunt a été contracté à travers une société satellite du cabinet Mossack Fonseca. Son identité et ses promoteurs n’ont pas été divulgués.


Dédiée à la gestion d’actifs immobiliers, Immobilière Orion elle a été créée en 2003 par Fidupar, une fiduciaire contrôlée à l’époque par la filiale luxembourgeoise de la banque française BNP Paribas. Selon des documents obtenus par ailleurs par Le Desk, Mounir El Majidi a été nommé président du conseil d’administration d’Immobilière Orion dès sa création, aux côtés de Fidupar et de Mohcine Benyagoud, membre du secrétariat particulier du souverain.

Immobilière Orion liée à un magnat du luxe

Mais là encore, impossible de savoir qui sont les bénéficiaires économiques réels de la société : les statuts publiés lors de sa création en 2003 indiquent que ses actionnaires de départ sont Dot Finance SA et Financière du Bénelux SA, deux structures elles aussi domiciliées au Luxembourg chez Fidupar et dont l’actionnariat est inconnu. Les bilans de la société consultés par ailleurs par Le Desk mentionnent des immobilisations corporelles qui s’élèvent à 18 millions d’euros et une dette de financement contractée en 2003 de 36 millions d’euros.


Le Desk a pu constater précédemment aux révélations des Panama Papers que Majidi, Benyagoud et Fidupar sont restés administrateurs d’Immobilière Orion jusqu’en juillet 2011, date de leur remplacement par des employés de la fiduciaire luxembourgeoise LWM. Ces derniers ont été rejoints au conseil d’administration en 2013 par Jean Madar, riche homme d’affaires français, fondateur de la société Interparfums, cotée à la bourse de Paris et distributrice pendant des années des marques Lanvin, Burberry, Montblanc ou encore Van Cleef &  Arpels. Les équipes de LWM gèrent également au Luxembourg la structure Madar Invest Luxe, créée en juillet 2011 et détenue par la holding parisienne de Jean Madar.


En réponse aux questions des enquêteurs ayant eu accès aux Panama papers, l'avocat de Mohamed Mounir Majidi, très certainement Me Hicham Naciri, a répondu concernant SMCD Limited et Immobilière Orion : « Les deux sociétés dont vous parlez ont été créées en stricte conformité avec les lois en vigueur et leur existence est disponible à partir des registres publics. »

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