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03.07.2016 à 07 H 06 • Mis à jour le 03.07.2016 à 07 H 17
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Disparition

Le monde rend hommage à Elie Wiesel en jetant un voile pudique sur ses dérives

L’écrivain juif Elie Wiesel était un défenseur acharné d’Israël. Les hommages qui lui sont rendus n’abordent pas sa part d’ombre. ARCHIVES
Le Prix Nobel de la paix, écrivain et philosophe est mort à l'âge de 87 ans. Le monde entier lui rend hommage évitant de rappeler les multiples controverses dont il a fait l'objet, les plus sévères sur son passé de déporté, ses mémoires fantasmés, mais surtout sur ses positions extrémistes en faveur des milieux ultra-sionistes israéliens, aux antipodes de son image d’humaniste lettré.

L'écrivain et philosophe américain Elie Wiesel est décédé à l'âge de 87 ans, a annoncé samedi le mémorial de l'Holocauste Yad Vashem à Jérusalem. Né en Roumanie en 1928, il a été déporté à quinze ans dans le camp d'Auschwitz-Birkenau, ce qu'il racontera dans « La Nuit ». Installé aux Etats-Unis, où il a mené une carrière universitaire à l’Université de Boston, il a obtenu la nationalité américaine en 1968 et a reçu la médaille d’or du Congrès américain pour son travail à la tête de l’Holocaust Memorial Council des Etats-Unis. Wiesel avait obtenu en 2010 un doctorat honoris causa de l'Université de Genève. En France, Elie Wiesel a été décoré en 1984 de la Légion d'honneur, avant d'être fait Grand-officier en 1990, puis Grand-croix en 2001.


Un « grand témoin de l’Histoire  » controversé

Le monde a réagi avec émoi à la disparition de ce survivant de la Shoah, prix Nobel de la paix en 1986, et « grand témoin de l’Histoire  ». Pour favoriser la compréhension entre les peuples, ce « messager de l’humanité », comme l’avait qualifié le comité Nobel, avait créé la Fondation Elie Wiesel pour l’Humanité, avec son épouse d’origine autrichienne, et l’Académie universelle des cultures. « Son œuvre peut être considérée comme une méditation, à la fois sobre et profonde, sur le mal et la responsabilité humaine face aux tragédies collectives », écrit Le Figaro, faisant l’éloge de son engagement et de ses talents multiples.


Pourtant, l’écrivain prolifique était l’objet depuis des années de multiples controverses, les plus sévères sur son passé de déporté, ses mémoires fantasmés, ses œuvres jugées apocryphes par certains, mais surtout sur ses positions extrémistes en faveur des milieux ultra-sionistes, aux antipodes de son image d’humaniste lettré. De l’Arménie au Darfour, cet « infatigable avocat des droits de l’homme », qui jouissait d’un grand prestige sur la scène internationale, avait épousé toutes sortes de causes y compris celle des Serbes lors du conflit dans les Balkans. Il était cependant fermé à la souffrance des Palestiniens. Défenseur intraitable d’Israël, « il manifestait son souci du sort des Palestiniens », écrit aujourd’hui la presse pour le dédouaner après sa mort.


Rien de tel en réalité. Il était par exemple à la tête d’Elad, une organisation radicale de colons israéliens qui occupe les maisons des Palestiniens à Jérusalem, avait révélé en 2014 l’homme politique israélien de gauche, Yossi Sarid. Cette « grande conscience », rarement critiquée publiquement, est « un imposteur moral qui mériterait un traitement différent dans les médias », le jugeait Alain Gresh, ancien directeur du Monde Diplomatique.


Elie Wiesel en discussion avec Benyamin Netanyaou lors d'une entrevue au Congrès américain. Pour le Prix Nobel 1986, Jerusalem doit demeurer israélienne à jamais.AMOS BEN-GERSHOM/GPO/JPOST


Wiesel avait affirmé dans l’International Herald Tribune en 2010 que « Jérusalem est au-dessus de la politique ». Ce qui pour lui cela signifie qu’elle doit demeurer coûte que coûte israélienne. Il justifiait l’occupation de Jérusalem par Israël par les mentions de la ville sainte dans les écritures qui donnerait ainsi à l’Etat hébreu un droit de propriété sur la cité inaliénable. « Il faudrait redéfinir les frontières de l’Europe en fonction des textes latins du Moyen Age ou des textes grecs de l’Antiquité », avait alors répliqué Alain Gresh.


Dans Haaretz, Yossi Sarid lui avait répondu : « Quelqu’un vous a trompé, mon cher ami. Non seulement un Arabe ne peut pas construire “n’importe où”, mais il peut remercier son Dieu s’il n’est pas expulsé de sa maison et jeté à la rue avec sa famille et des biens. Peut-être avez-vous entendu parler de résidents arabes de Sheikh Jarrah, qui ont vécu là depuis 1948, qui sont à nouveau devenus des réfugiés déracinés, parce que certains juifs se jouent des contraintes de l’espace à Jérusalem ».

 

Un allié inconditionnel des néo-conservateurs

Durant les négociations entre Israéliens et Palestiniens avant la seconde Intifada, alors que la presse évoquait un partage de Jérusalem, il prenait la plume et publiait en janvier 2001 une tribune dans Le Monde (« Jérusalem, il est urgent d’attendre », reprochant aux politiques israéliens d’envisager d’éventuelles concessions. Ce texte, repris sur tous les sites pro-israéliens les plus extrémistes lui a valu les hommages de Benyamin Netanyahou et des partis de la droite dure israélienne.


Outre ses positions sur le conflit israélo-palestinien, il a fait l’éloge de la torture, celle du financier Bernard Madoff chez qui il avait placé une partie de sa fortune, comme le rapportait Le Monde. Il a soutenu la décision des néo-conservateurs américains de se lancer dans la guerre en Irak en 2003. Ses positions sur l'Iran en 2007, pays contre lequel il n'a jamais exclu l'idée de justifier une attaque préventive de la part des États-Unis, lui vaudront aussi d'être critiqué de toute part.


Comme le rappelle sur Twitter Max Blumenthal, membre du lobby J-street, Elie Wiesel s’est adressé le 25 octobre 2009 à 6 000 chrétiens sionistes adeptes du pasteur John Hagee, un homme qui tient des propos homophobes, mais aussi négationnistes et …antisémites. En échange, il avait obtenu un chèque de 500 000 dollars pour sa fondation.


Le grand scientifique et auteur d’ouvrage d’anticipation Isaac Asimov écrivait de Wiesel, « qui a survécu à l’Holocauste et, depuis, ne sait plus parler d’autre chose (…) il m’a agacé en prétendant qu’on ne pouvait pas faire confiance aux savants, aux techniciens, parce qu’ils avaient contribué à rendre possible l’Holocauste. Voilà bien une généralisation abusive ! ».

 

En 2006, Elie Wiesel avait refusé la présidence de l’État d’Israël, soulignant qu’il n’était qu’un « écrivain ».

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