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04.07.2016 à 18 H 32 • Mis à jour le 04.07.2016 à 18 H 32
Par
Calvaire

Réfugié au Maroc, un Syrien redoute son extradition vers l’Arabie saoudite

Photo de famille d’Abderrahmane Farouk Al Hadj Ali. Ce réfugié syrien risque d’être extradé vers Ryad pour y être jugé pour une affaire pour laquelle il a déjà purgé une peine de prison en Syrie. AL KARAMA
Farouk Ali a quitté Deraâ en Syrie en 2014 pour le Maroc. Opposant du régime de Bachar, il a été rattrapé à Kénitra par la justice, non pas pour ses idées politiques, mais en raison d’un conflit qui l’oppose à son ancien employeur saoudien. Il risque d’être extradé vers Ryad où il redoute d’être injustement condamné.

Si la situation des réfugiés syriens au Maroc est bien meilleure que dans d’autres pays arabes, comme le Liban ou la Jordanie, le cas d’Abderrahmane Farouk Al Hadj Ali est une véritable tragédie. Incarcéré à la prison de Salé depuis vingt mois, cet opposant au régime de Bachar Al Assad est menacé d’extradition vers l’Arabie saoudite pour une sombre affaire d’abus de confiance et de vol d’argent à son ancien employeur.


Une double peine

Son histoire remonte à 2009 quand Farouk Ali est jeté en prison en Syrie durant trois mois, accusé d’abus de confiance et de vol d’une somme d’argent à son employeur saoudien pour lequel il travaillait depuis deux ans. Damas avait décidé de ne pas l’extrader vers Ryad et de le traduire en justice devant une cour locale. Un procès qui ne devait pas se conclure, puisque selon les affirmations de ses proches son ancien patron avait produit un acte de désistement attestant qu’il ne lui devait plus rien.


Soulagé, Farouk Ali avait réussi à quitter Daraâ en 2013 après avoir participé à des manifestations contre le régime syrien. Opposant déclaré de Bachar Al Assad, il affirme avoir subit la torture lors d’un bref séjour en détention. Il lui était reproché ses liens familiaux avec un officier qui avait rejoint l’Armée libre.


Après sa libération, Farouk Ali s’est envolé pour le Maroc. Se croyant à l’abri, il n’avait pas imaginé un seul instant que son ex-employeur saoudien allait apprendre sa présence dans le royaume et demander, encore une fois, son arrestation. Le 30 octobre 2014, la police le cueillait à son domicile casablancais.


Craintes de torture en Arabie saoudite

Poursuivi pour les mêmes accusations pour lesquelles il avait purgé 3 mois de prison en Syrie, un tribunal décide le 31 décembre 2014 d’approuver la demande d’extradition formulée par les autorités saoudiennes à son encontre. « Une décision contraire aux traités internationaux en matière de droits de l’homme », selon nombre d’ONG. Mohamed Hakiki, représentant de l’Association internationale des droits et libertés, l’acceptation de la Cour n’a pas pris en considération un risque de procès inique en Arabie saoudite, pays connu pour son non-respect des droits individuels, notamment lorsqu’il s’agit d’étrangers.

« La cour de cassation a pris sa décision sans examiner les documents qu’a pu présenter le prévenu. Farouk Ali est un demandeur d’asile au Maroc, il a le droit le droit de bénéficier d’une protection », rajoute Hakiki qui attend toujours des réponses aux multiples sollicitations et correspondances adressées tant au ministère de la justice, au Chef du gouvernement et au Conseil national des droits de l’Homme (CNDH).

 

Une famille dispersée

Son épouse et ses enfants ont été contraints de quitter le Maroc pour se réfugier aux Pays-Bas. « Je ne peux rester seule, ici, avec trois enfants. Mon mari est depuis plus d’une année en prison. J’ai décidé de tenter ma chance en Europe afin de sauver mes enfants. Je voulais rester au Maroc, mais comment pourrais-je y vivre ? Ici, les réfugiés ne bénéficient d’aucune aide. Le HCR nous fournit une bien maigre assistance. Imaginez qu’ils nous ont octroyé une indemnité de 1500 dirhams seulement en l’espace de 6 mois. Que puis-je faire avec une somme comme celle-là ? Le montant du loyer était de 2700 dirhams, et je ne pouvais plus m’en acquitter, c’est pour ca je suis partie », explique Oum Ahmed. Le couple s’était installé à Kénitra et ouvert une gargote avec des associés marocains, mais leur commerce a périclité depuis l’incarcération de son mari.


« Mon mari a déjà été jugé dans cette affaire. Je ne sais pas pourquoi on l’a arrêté à nouveau au Maroc. Il a été condamné et il a purgé toute sa peine. Il ne peut pas être jugé une deuxième fois pour les mêmes faits », s’insurge Oum Ahmed, qui espère rassembler sa famille.


A la mi-août se décidera le sort de Farouk Ali. Le Comité contre la torture au sein des Nations unies, saisi par les ONG qui suivent le dossier, devrait émettre son avis sur son cas. « Nous demandons que le Maroc respecte les traités internationaux qu’il a signés, la décision de la Cour de cassation doit être révisée en conséquence », conclut Hakiki.

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