Les Etats-Unis ont-ils payé une rançon de 400 millions de dollars à l’Iran ?
L'administration américaine a démenti mercredi avoir versé à l'Iran une rançon de 400 millions de dollars en échange de la libération de cinq Américains, dont le journaliste du Washington Post Jason Rezaian, libérés le 16 janvier.
Ce versement, précise l'administration Obama, correspond au règlement d'un contentieux entre les Etats-Unis et l'Iran remontant à une période antérieure à la révolution de 1979 et l'instauration d'une république islamique. Les Etats-Unis et l’Iran ont rompu leurs relations diplomatiques dès 1980. L’argent a été versé en janvier 2016 après la mise en route de l’accord sur le nucléaire iranien et après un échange de prisonniers entre les deux pays contre la clémence accordée à sept Iraniens détenus.
« Les liens entre la libération de prisonniers et le paiement à l'Iran sont totalement faux », a déclaré le porte-parole du département d'Etat, John Kirby, en réponse à un article du Wall Street Journal révélant ce transfert de fonds.
A la Maison blanche, le porte-parole de la présidence, Josh Earnest, a souligné que « les Etats-Unis, sous la présidence d'Obama, n'ont pas versé de rançon pour obtenir la libération d'Américains injustement détenus en Iran ». « Nous ne paierons pas de rançon », a-t-il ajouté.
La libération des cinq prisonniers américains a coïncidé avec l'annonce d'une levée des sanctions économiques et financières imposées à l'Iran en riposte à son programme nucléaire. En échange, les Etats-Unis se sont engagés à libérer sept Iraniens détenus pour avoir violé ces sanctions.
A l'époque, les Etats-Unis avaient annoncé être parvenus à un règlement avec l'Iran sur un vieux contentieux portant sur le versement de 400 millions de dollars de fonds gelés depuis 1981, auxquels s'ajoutent 1,3 milliard de dollars d'intérêts dus à Téhéran.
Trump : « 400 millions de dollars à l’Iran. Scandale ! »
Le calendrier de ce versement, et sa coïncidence avec l'annonce de la levée de des sanctions et la libération des prisonniers, ont suscité des questions.
Mais, selon l'administration Obama, l'une des préoccupations iraniennes était que le gouvernement fédéral américain s'exposerait à une trop forte pression intérieure s'il tardait à exécuter cet accord de remboursement. Or, du fait des sanctions internationales, le paiement a dû être fait en espèces, en l'occurrence des billets libellés en euros, en francs suisses et autres devises étrangères.
Le Parti républicain, largement opposé à l’accord négocié par l’administration Obama, s’est vite saisi des allégations du Wall Street Journal. « L’administration Obama envoie un avion bourré d’argent liquide comme rançon dans le cadre de l’accord sur les otages. Tout simplement irréel. » a par exemple tweeté Marco Rubio, ancien candidat à la primaire républicaine.
Obama administration sent plan load of cash to #Iran as ransom as part of deal on hostages. Just unreal. https://t.co/UHfdK4BEyN
&mdash Marco Rubio (@marcorubio) August 3, 2016
Sur Twitter, Donald Trump y a vu la conséquence du passage de son adversaire Hillary Clinton à la tête de la diplomatie américaine entre 2009 et 2013. « Notre incompétente secrétaire d'Etat Hillary Clinton est celle qui a lancé les discussions pour donner 400 millions de dollars en cash à l'Iran. Scandale ! », a écrit le candidat républicain à l'élection présidentielle du 8 novembre.
Our incompetent Secretary of State, Hillary Clinton, was the one who started talks to give 400 million dollars, in cash, to Iran. Scandal !
&mdash Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 3, 2016
Reince Priebus, du Comité national républicain (RNC), a estimé pour sa part que « la politique étrangère menée par Obama et Clinton ne signifiait pas seulement conclure un accord nucléaire dangereux avec le premier Etat parrain du terrorisme au monde, mais aussi lui verser une rançon secrète avec des avions cargo pleins de cash ».
Pour Josh Earnest, les républicains, opposés de longue date à tout accord sur le nucléaire iranien, se servent de ce mode inhabituel de règlement pour tenter de démonter l'accord tout entier.
Avec Agences
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