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08.08.2016 à 11 H 49 • Mis à jour le 08.08.2016 à 11 H 49
Par
Succession

L’empereur du Japon laisse entendre qu’il souhaite abdiquer

Dans son allocution, Akihito pourrait ne pas parler directement d’abdication, mais s’en tenir à des phrases sibyllines sur le poids des ans…KIUT
L'empereur Akihito du Japon, âgé de 82 ans, s'est dit lundi préoccupé par sa capacité à continuer de s'acquitter de ses obligations, suggérant qu'il attendait des modifications des lois qui l'obligent à rester empereur jusqu'à la fin de sa vie.

L'empereur japonais Akihito, 82 ans, a déclaré que son âge pourrait l'empêcher de remplir pleinement ses fonctions dans l'une de ses rares interventions publiques, laissant ainsi entendre qu'il souhaite abdiquer malgré les obstacles constitutionnels à une telle décision.


Dans une allocution diffusée lundi par les principales chaînes de télévision de l'archipel, il a ajouté qu'il y avait des limites à la réduction des attributions de l'empereur comme « symbole de l'Etat », le statut qui lui est réservé par la constitution adoptée après la Deuxième Guerre mondiale.


Le mois dernier, la chaîne de télévision publique NHK a indiqué que l'empereur avait fait part à l'Agence de la famille impériale de sa volonté d'abdiquer dans « les prochaines années », ce qui serait une première dans le Japon moderne.L'agence de presse Kyodo a relayé des informations similaires, précisant que l'empereur avait informé son entourage qu'il voulait quitter le trône du Chrysanthème dans un an environ.


Un temps considéré comme d'essence divine, l'empereur du Japon est aujourd'hui défini par la constitution comme un symbole de l'Etat et de l'unité de la nation, et il n'a aucun pouvoir politique. Akihito s'est d'ailleurs abstenu d'exprimer clairement sa volonté d'abdiquer car cela pourrait être interprété comme une intrusion dans le débat politique. « Quand je vois que ma force physique décline graduellement, je m'inquiète qu'il puisse être difficile pour moi de remplir mes obligations en tant que symbole de l'Etat avec toute mon énergie, comme je l'ai fait jusqu'à maintenant », a-t-il déclaré.


Le prince héritier de plus en plus présent

Selon les observateurs, Akihito juge que l'exercice de la totalité de ses fonctions est inhérent au rôle constitutionnel de l'empereur.Les sondages d'opinion montrent qu'une large majorité des Japonais comprennent la volonté de l'empereur de se retirer, mais une telle décision supposerait une modification constitutionnelle.


Akihito en 1962, alors prince héritier du Japon à son arrivée à Manille lors d'une visite officielle en compagnie de la princesse Michiko. FLICKR


Né en 1933, intronisé à la mort de son père, Hirohito, en 1989, Akihito a connu plusieurs problèmes de santé. Il a été opéré du coeur et soigné d'un cancer de la prostate. Il a réduit récemment ses apparitions officielles, laissant sa place à son fils, le prince-héritier Naruhito, âgé de 56 ans.


Il y a des limites à ce processus de retrait progressif, a-t-il déclaré lundi en laissant entendre qu'il doutait de la possibilité que Naruhito assume la régence s'il devenait incapable de tenir son rôle. « Même dans un tel cas (de régence), cependant, cela ne change rien au fait que l'empereur reste l'empereur jusqu'à la fin de sa vie même s'il est incapable de remplir la totalité de ses fonctions d'empereur », a-t-il dit.


Le Premier ministre, Shinzo Abe, a déclaré à la presse qu'au vu de l'âge de l'empereur et du poids de ses obligations officielles, il était nécessaire d'envisager les mesures à prendre. Naruhito n'a qu'une fille, or, les règles prévoient que seuls des héritiers mâles peuvent monter sur le trône. En l'état, en cas d'intronisation de Naruhito, c'est son frère, le prince Akishino, qui deviendrait prince-héritier, puis le fils de ce dernier, Hisahito, âgé de neuf ans.


Un débat à risque sur la Constitution

Mais après des siècles de succession préservant une lignée mâle - plus de 2.000 ans, disent les partisans d'un statu quo -, une partie de l'opinion japonaise qui pousse pour davantage d'égalité entre les hommes et les femmes estiment qu'il est temps d'accepter qu'une fille puisse monter sur le trône du Chrysanthème. Un tel débat ne manquerait toutefois pas de soulever des protestations dans le camp conservateur.


Au sein de celui-ci, certains craignent aussi qu'un débat sur l'abdication relègue au second plan la volonté d'Abe de réviser la constitution, adoptée sous l'égide des Etats-Unis et qu'ils considèrent comme un symbole de l'humiliation du Japon en 1945.


L'empereur Akihito du Japon sur des écrans de télévision à Tokyo lors de son allocution du 8 août. IMPERIAL HOUSEHOLD AGENCY / KAZUHIRO NOGI/ AFP


Depuis le début de son règne, Akihito s'est exprimé à plusieurs reprises sur le passé militariste du Japon et a tenté de refermer les plaies ouvertes par la Deuxième Guerre mondiale, favorisant une réconciliation avec les pays asiatiques ayant souffert de l'occupation nipponne.Le 15 août de l'année dernière, 70 ans jour pour jour après que son père Hirohito annonça à ses sujets la capitulation du Japon, il s'était ainsi écarté du texte de son discours pour faire part de ses « profond remords » et former l'espoir que les « ravages de la guerre » ne se renouvelleraient jamais.


Alors que Hirohito est une figure controversée dans l'Histoire, Akihito, rappelle Koichi Nakano, professeur de science politique à l'université Sophia de Tokyo, est « le premier empereur à avoir embrassé la constitution pacifiste du pays et son rôle de symbole de l'unité nationale ». « Il se préoccupe beaucoup des questions liées à la guerre et de la réconciliation (avec les pays asiatiques). Et Naruhito a clairement dit qu'il poursuivrait sur cette voie », ajoute Nakano.


L'allocution impériale diffusée lundi est la deuxième seulement de son règne, la précédente remontant à mars 2011, après le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima.


Avec Agences

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