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28.09.2016 à 19 H 16 • Mis à jour le 28.09.2016 à 19 H 26
Par
Législatives 2016

« Bghina Taghyir » : Rap, vidéos et délire de persécution

Capture d’écran du clip de Bghina Taghyir. YOUTUBE
Le début de la compagne électorale a coïncidé avec l’apparition d’un collectif qui se dénomme « Bghina Taghyir ». Cet objet de propagande non identifié, gesticule dans tous les sens pour démontrer que nos libertés sont en danger.

Après un premier clip subliminal appelant à voter contre le PJD, le collectif « Bghina Taghyir » récidive en lançant deux nouveaux clips où l’on voit des citoyens traverser des portes colorées, installées dans des lieux à fort passage. Un message s’affiche après plus d'une minute : « Le Marocain emprunte le chemin qu’il veut », suivi d’un « Votez aujourd’hui est une garantie de votre liberté demain ». Côté moyens, les portes colorées ont été installées à l’entrée d’une ancienne médina et dans un jardin public. Ce qui laisse entendre que cette démarche a été menée avec l’aval des autorités.



Au niveau de la forme, ces clips suggèrent que nos libertés seraient en danger moyennant un synopsis qui s’apparente à une expérience scientifique. Les commentaires sur YouTube sont pourtant unanimes quant à l’objectif de cette démarche de propagande. Enfin, hasard des algorithmes ou démarche réfléchie, après les deux clips de « Bghina Taghyir », YouTube vous propose d’enchainer avec une vidéo de promotion du programme électoral du PAM !


L’Moutchou, le nouveau dealer de rimes

Le Rap patriotique, un concept unique au monde, semble s’installer depuis quelques années dans notre paysage sonore, au point que certains rappeurs font partie du cahier des charges de plusieurs festivals. À l’occasion de cette campagne électorale, l’obscur « Bghina Taghyir » a fait appel à un des meilleurs : Mobydick alias L’moutchou. On attendait le coup du Don Bigg, autoproclamé meilleur rappeur de la place et connu pour ses accointances avec le PAM, dont l’un des cadors n’est autre que sa tante Milouda Hazib. Mais non. Le coup est venu de L’moutchou. Pourtant le jeune homme est considéré par les connaisseurs comme l’un des meilleurs de sa génération grâce à son bon flow et ses rimes sans concession. Dans son nouveau son du disque « N3ich Ki Bghit », L’moutchou s’aligne sur le discours vaseux de « Bghina Taghyir ». Sur fond d’un pauvre sample, comme ceux disponibles sur Google pour moins de 24 dollars, L’moutchou, tel un rebelle sans cause, revendique le droit à la différence et promeut un jeunisme sans profondeur. Pour donner de la chair au clip, L’moutchou invite quelques post-adolescentes et une brochette de stars, comme l’acteur Rakiq Boubker, Sahar Seddiki ou l’animateur télé Oussama Benjelloun, pour promouvoir le « cool » auprès d’une génération qui croit en tout sauf à la politique.



La fabrique du consentement

Sur les réseaux sociaux, « Bghina Taghyir » apparait comme une greffe qui n’a pas pris. À la lecture des commentaires sur Facebook et Twitter, les internautes font un lien direct entre ce mouvement et le PAM dont le slogan est « Le changement, maintenant ». Si on est loin des années des malhamates, ces opéras kitsch diffusés à la télévision sous le règne de Hassan II pour diffuser un patriotisme voulu par le Makhzen, il est regrettable qu’un nouveau patriotisme à la sauce des nouvelles technologies, cherche à fabriquer du consentement le temps d’une élection dont la crédibilité est loin d’être gagnée.

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