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17.10.2016 à 02 H 29 • Mis à jour le 17.10.2016 à 02 H 31
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Un compte Twitter surveille les rotations d’un avion de la flotte royale à Genève

Le Boeing 737 (8KB-BBJ2) utilisé par le roi Mohammed VI, des membres de la famille royale et certains officiels du royaume, immatriculé MVI, lors de l’une de ses phases d’approche à l’aéroport Cointrin de Genève. CLAUDE DAVET/ PLANESPOTTERS
Le compte @GVA_Watcher s’est donné pour mission de « traquer les avions des dictateurs » qui se posent à l’aéroport de Genève. Un Boeing 737, utilisé à l'occasion par le roi, y est répertorié depuis le 4 septembre aux côtés de la flotte d’autres chefs d’Etats ainsi réunis sur la base du Democracy Index 2015

Le compte Twitter @GVA_Watcher s’est donné pour mission de traquer les avions des dirigeants de régimes qu’il qualifie d’autoritaires et transitant par l’aéroport de Genève. Un appareil utilisé par le roi, la famille royale, mais aussi parfois par certains officiels, a été ajouté à la liste le 4 septembre 2016.


Celle-ci comprend, entre autres, des dizaines d'avions de nombreux chefs d’Etats jugés peu recommandables comme les jets privés des dirigeants de Guinée équatoriale ou du Kazakhstan, mais aussi ceux de régimes évidemment plus fréquentables. Pour ses promoteurs, le critère étant tout simplement le Democracy Index de l’année 2015, établi par The Economist Intelligence Unit.



Les allers et venues du Boeing 737 CN-MVI y sont ainsi répertoriés. Celui-ci s’y est par exemple posé le 23 septembre, et y a fait une escale de deux heures le 27 septembre.


Ces informations sont tirées d’un bot, conçu par un journaliste d’investigation romand François Pilet et l’un de ses proches. « Lancé en avril dernier, le compte a dénombré plus d’une soixantaine d’allées venues. Cette idée est venue à François Pilet alors qu’il enquêtait sur la famille Obiang qui règne sur la Guinée équatoriale et dont les allers-retours en Suisse sont très fréquents, alors même que la compagnie du Boeing qu’elle utilise n’a pourtant pas le droit de survoler l’Union européenne », explique 20 minutes qui fait état du sujet.


Un système qui risque de verser dans l'amalgame

« Grâce à l’antenne d’un spotter, ces passionnés d’avions qui écoutent ce qu’il se passe sur les fréquences aériennes aux abords des aéroports grâce à un matériel spécifique, à chaque fois qu’un avion répertorié décolle ou atterri à Genève, l’information est automatiquement tweetée par le compte @GVA_Watchers », ajoute le site d’informations.


Dans une interview donnée au site The Verge, François Pilet admet que le système ne permet pas de dire ce que viennent faire les passagers de ces vols à Genève. Ils peuvent avoir de bonnes raisons de venir en Suisse, qui concentre de nombreuses institutions diplomatiques, mais il pourrait tout aussi bien s’agir d’une visite de dictateur ou de ses proches dans le but de blanchir de l’argent sale, avance-t-il, quelque peu hasardeux. « Ce bot Twitter ne peut pas être une preuve en soit mais il peut permettre de montrer qu’un régime a des liens étroits avec la Suisse », détaille le journaliste dans une autre interview donnée au magazine Newsweek.


Les déplacements privés du roi à l’étranger n’étant pas annoncés par la Maison royale ou systématiquement rendus publics - ce qui pose en effet une question de transparence, mais pas forcément de gouvernance -, la presse, à l'instar du Desk, a adopté un système beaucoup plus généralisé et davantage précis pour les suivre à travers des sites spécialisés comme FlightRadar24. Ces vols, aussi discrets soient-ils, ne relèvent pas non plus du secret d’Etat, ce que ce compte Twitter tend à faire croire, risquant ainsi de verser dans l’amalgame entre dictateurs véreux et tout chef d’Etat - pris comme tel par une qualification du niveau de démocratie de leur régime - et disposant en toute légalité d’une flotte d'appareils destinés à leur usage privé ou officiel.

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