Les « armoires tueuses » d’Ikea présentent-elles un danger au Maroc ?
Le fabricant de meubles suédois Ikea va payer 50 millions de dollars dans le cadre d’un accord à l’amiable aux Etats-Unis après la mort de trois enfants écrasés par des armoires, a indiqué jeudi le cabinet d’avocats représentant leurs familles.
Le cabinet Feldman Shepherd a indiqué que l’accord avait été conclu après le décès de trois enfants âgés chacun de deux ans et prévoit que les 50 millions de dollars seront répartis entre leurs trois familles.Il stipule également qu’Ikea va verser un total de 100 000 dollars à des hôpitaux pédiatriques et encore 100 000 dollars à une fondation américaine s’occupant de la sécurité des enfants. Ikea a confirmé qu’un accord avait été trouvé mais s’est refusé à tout commentaire tant que celui-ci n’a pas été validé par le justice.
Rappel en Amérique du Nord et en Chine
Les meubles concernés sont les commodes Malm qui ont fait l’objet d’opérations de rappel en Amérique du Nord et en Chine. Près de 29 millions de ces meubles ont ainsi été rappelés aux Etats-Unis, 6,6 millions au Canada et 1,6 million en Chine.
Ikea France avait indiqué que ce retrait ne concerne « ni la France ni aucun pays de l'UE ». Selon la porte-parole d’Ikea France citée en juin dernier par Le Monde, « ce modèle de commodes est également vendu en Europe et en France, mais il répond à toutes les normes de sécurité européennes ». Une décision surprenante, avait souligné Le Parisien, quand on sait que cette commode conçue en 2002, d'environ 62 cm de haut, pour celle destinée aux enfants, et 73 cm pour celle réservées aux adultes, est vendue à l'identique dans le monde entier. Ces 13 dernières années, le numéro un mondial de l'ameublement en a même écoulé la bagatelle de 78 millions.
Au Maroc, un avertissement « bon à savoir »
L’agence américaine de sécurité des consommateurs (CPSC) avait indiqué en juin que cinq personnes avaient été tuées depuis 1989 et 31 blessées lors de 41 accidents au total impliquant ces commodes Ikea. Selon les autorités américaines, ces meubles sont instables lorsqu’ils n’ont pas été fixés au mur, « posant un risque majeur de basculement (...) qui peut conduire à la mort ou à des blessures graves d’enfants », avait indiqué la CPSC.
Au Maroc, comme en Europe, le modèle figure dans le catalogue de la marque. Il est cependant assorti, comme dans d'autres pays, d'une fixation murale pour éviter son basculement. Celle-ci présentée sous différents types dépendant du matériau du support est vendue séparément comme l'indique la notice sous la rubrique « bon à savoir ». Un avertissement qui ne figure toutefois pas en langue arabe sur le site Internet de la marque où la précision accompagnant ces produits est exclusivement en français.
L’article 3 de la loi 31-08 de mars 2011 sur la protection du consommateur définit les devoirs du fournisseur et l’oblige à informer « par tout moyen approprié, le consommateur en mesure de connaître les caractéristiques essentielles du produit ». Sauf que l’usage de la langue arabe n'est obligatoire que pour les contrats d’eau et d’électricité et des assurances...
Ceci-dit, la marque avait lancé l'été dernier une campagne de sensibilisation "Secure it" (Securisez-le), notamment sur les réseaux sociaux et déclinée en deux langues, avec cependant une gêne perceptible lorsque plusieurs internautes ont posé la question de la nécessité de fixer ces meubles au mur. Pour toute réponse, le community manager de la page Facebook d'Ikea Maroc répondait systématiquement par un message laconique : « Pour plus d'informations veuillez nous contacter par message privé. Nous vous remercions pour l’intérêt que vous portez à IKEA ». Sur certains posts Facebook, un numéro de téléphone pour passer commande de la fixation ainsi que sa nomenclature ont été communiqués.
Toutefois, à aucun moment la marque n'a spécifié qu'il existait un risque particulier pour sa gamme de commodes Malm, se contentant de communiquer en termes généraux.
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