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10.01.2017 à 05 H 54 • Mis à jour le 10.01.2017 à 05 H 55
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Choix régalien

L’option Akhannouch, en « homme providentiel » du Palais?

Aziz Akhannouch. AIC PRESS
Abdelilah Benkirane s’est lentement laissé piéger dans la nasse du véritable pouvoir. Son dernier sursaut, claquant la porte à Aziz Akhannouch, lui redonne une certaine vitalité, mais la décision finale est désormais entre les mains du roi qui pourrait opter pour un choix d’autorité parmi cinq scénarios possibles

Un scénario avait déjà été évoqué avant les législatives : le PJD arrive gagnant au scrutin du 7 octobre, mais se montre incapable de fédérer d’autres partis pour réunir une majorité au Parlement.


La constitution de 2011 n’ayant rien prévu dans un tel cas de figure, les options envisageables sont multiples. Abdelilah Benkirane avait dès le 3 octobre livré publiquement la solution pour laquelle il opterait en cas d’échec. « Nous reviendrons auprès du peuple, c’est lui qui aura le dernier mot », avait-il lancé lors d’un meeting électoral à Taroudant, laissant entendre que son parti appellera à la tenue de nouvelles élections.


Mais aujourd’hui la situation s’est complexifiée après le long feuilleton des consultations à rebondissements. Le chemin de traverse qui paraissait envisageable pour le Palais, - le roi ayant déjà rappelé avec insistance sa volonté de veiller à la formation d’un gouvernement opérationnel- forçant une entente entre Benkirane et Akhannouch est-il encore possible alors que le chef du gouvernement refuse catégoriquement de revenir à la table des négociations ? La sortie de crise est aujourd’hui du ressort du Palais, Akhannouch ayant tiré sur la corde jusqu’à ce qu’elle casse. Une stratégie d’épuisement du PJD qui a mené à l’impasse, mais qui pourrait le porter au pouvoir grâce à un coup de force que le Palais a la latitude de justifier malgré la logique des résultats électoraux. Mohammed VI n’avait-il pas dit que l’arithmétique de sortie des urnes n’était pas la panacée en politique ?


Les regards désormais rivés sur le roi

Les non-dits de la Constitution offrent au roi, garant de la continuité des institutions, quatre options d’arbitrage, dont voici le rappel, à laquelle s’ajoute une cinquième que la situation de blocage pourrait servir d’alibi pragmatique :


La reconduction du chef du gouvernement désigné pour de nouvelles tractations à la visibilité plus qu’incertaine, ce que ni le Palais, ni la classe politique, ni les milieux économiques ne souhaitent, les partenaires internationaux étant attentifs par ailleurs à la stabilité institutionnelle du Maroc qui ne peut s’offrir le luxe sur la durée des tergiversations de types espagnole ou belge. D’ailleurs, cette option a déjà été consommée après le retour du roi de son périple africain, la sortie de route de l’Istiqlal, et la volte-face de Aziz Akhannouch, refusant l’offre d’une coalition resserrée autour des seuls PJD, PPS, RNI et MP. Si Benkirane refuse dorénavant de négocier avec le chef du RNI et celui du MP, il n’envisage pas non plus de rouvrir le canal de l’USFP, accusant Driss Lachgar d’avoir joué le jeu du RNI. Quant à l’UC, il sait que le parti de Mohamed Sajid a scellé son sort à celui d’Akhannouch… Depuis son niet à Akhannouch, Benkirane a adopté le silence comme tactique, laissant d’autres s’exprimer sur la question. Mustapha Ramid, l’a répété à la presse, ce serait pour le chef du gouvernement une humiliation inacceptable de devoir se voir dicter la composition du gouvernement par un parti qui n’a obtenu que 37 sièges aux législatives…Le Palais dont on connaît la ferme intention de veiller à ce que les « technocrates partisans » aient un rôle prépondérant dans le prochain gouvernement peut-il l’y contraindre dans ces conditions ? Il faudrait des concessions de part et d'autre, notamment de la part du PJD concernant l'USFP...


Le constat d’échec définitif de Benkirane et la désignation d’un autre candidat à la fonction au sein du PJD. Une éventualité que le parti de la lampe redoute et a d’ailleurs toujours exclue. Benkirane a depuis cinq ans acquis une stature particulière au sein du parti et il ne semble pas prêt à rendre son tablier, ni faire basculer le PJD dans l’opposition sans avoir usé de toutes les options possibles y compris à assumer un blocage qui perdure. Par ailleurs, la discipline de fer imposée aux cadors du parti montre que cette voie est manifestement peu probable.


La désignation d’un chef de gouvernement alternatif au sein du PAM, arrivé second aux législatives d’octobre. Une option qui s’éloignerait de la logique de sortie des urnes, mais qui est constitutionnellement viable, malgré les dénégations du PJD qui agite l’argument d’un déficit démocratique. Or, sa victoire quoique nette, n’est pas non plus un plébiscite. Dans ce cas, une formation homogène et stable serait trouvée, mais la scène politique en serait durablement minée. Un moindre mal pour certains qui jugent que la démocratie est aussi le produit d’un jeu d’alliances post-électorales. Si en théorie, cette solution est toujours valable sur le papier, elle n’est plus vraiment d’actualité, du moins sous cette forme, depuis qu’Ilyas El Omari s’est opportunément effacé du débat politique derrière Aziz Akhannouch. Il est évident que sa mission était plus dans le « containment » des islamistes lors des élections que d’une véritable ambition de prise de pouvoir.« Nous n’irons pas pêcher dans les eaux saumâtres de cet échec. Rien n’indique constitutionnellement que le parti arrivé second aux élections devrait prendre cette responsabilité », avait-t-il déclaré à la presse dès le 22 novembre, actant implicitement le passage de témoin au RNI et à son nouveau chef, Aziz Akhannouch.


La tenue de nouvelles élections législatives après dissolution du parlement. Compte tenu du coût exorbitant qui saignerait le budget de l’Etat, de la conjoncture politique sur les dossiers chauds au niveau national et international et la perspective d’une nouvelle victoire possiblement plus éclatante du PJD face à un PAM qui aurait du mal à mobiliser de nouveau les baronnies locales, cette solution radicale que souhaiterait in fine le PJD est la plus périlleuse. Elle est aussi la plus improbable, n'ayant certainement pas la préférence du Palais.


- La désignation de Aziz Akhannouch par choix d’autorité du roi. L’option est de plus en plus évoquée dans les milieux hostiles du PJD qui jugent que le nouvel homme fort du RNI a acquis en quelques mois la stature de « l’homme providentiel ». Sur le plan constitutionnel, ce serait une entorse à l’esprit de la loi suprême et à la logique démocratique de sortie des urnes, mais face au blocage, et alors que Benkirane a été laminé par la chute orchestrée de son allié Hamid Chabat, l’opinion publique pourrait être convaincue par l’argument massue des « intérêts suprêmes de la Nation » déjà formulés par le roi dans son discours de Dakar. Pour y arriver, le pragmatisme serait mis en avant par une formule de désistement d’Ilyas El Omari dont le parti rejoindrait une coalition menée par Aziz Akhannouch et qui comprendrait le RNI, l’UC, le MP, l’USFP et le PAM, soit 205 sièges au Parlement. Le PJD, l’Istiqlal et le PPS basculeraient alors dans l’opposition.

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