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13.11.2018 à 01 H 19 • Mis à jour le 13.11.2018 à 01 H 19
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Révélations

«Dites à votre boss», la preuve liant MBS au meurtre de Khashoggi?

Un manifestant tenant une pancarte accusant MBS du meurtre de Jamal Khashoggi devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington, le 10 octobre 2018 / AP
Dans l’un des enregistrements téléphoniques en possession des services turcs, Maher Abdulaziz Mutreb, l'un des 15 Saoudiens envoyés à Istanbul pour confronter Khashoggi et connu pour être un agent de sécurité proche de Mohamed Bin Salman, a instruit l’assistant du prince héritier de « dire à son patron » que la mission avait été accomplie…

Peu de temps après le meurtre sordide du journaliste saoudien Jamal Khashoggi le mois dernier dans l’enceinte même du consulat de son pays à Istanbul, un membre de l'équipe de tueurs a demandé à un supérieur au téléphone de dire à son patron (« Dites à votre boss ») , - qui serait le prince héritier Mohammed Bin Salman (MBS) -, que les agents avaient accompli leur mission, selon trois sources proches du renseignement turc citées par le New York Times, ayant eu accès à un enregistrement audio.


L’enregistrement, dévoilé le mois dernier à la directrice de la CIA, Gina Haspel, est considéré par des officiels du renseignement américain comme l’une des preuves les plus probantes liant le prince Mohammed Bin Salman au meurtre de Khashoggi, éditorialiste du Washington Post dont la mort a suscité un tollé international.


Bien que le prince héritier d’Arabie Saoudite n'ait pas été nommément cité, les services de renseignements américains estiment que « votre boss » était une référence à MBS. Maher Abdulaziz Mutreb, l'un des 15 Saoudiens envoyés à Istanbul pour confronter Khashoggi, a passé l'appel téléphonique et s'est exprimé en arabe, ont indiqué les sources citées par le New York Times.


Des officiers des services de renseignement turcs ont déclaré à des responsables américains qu’ils pensaient que Mutreb, un agent de sécurité qui voyageait fréquemment avec le prince MBS, s’adressait à un des assistants du prince. Bien que les traductions de l’arabe puissent différer, les personnes informées du contenu de l’appel ont déclaré que Mutreb avait également dit à l’assistant que « l’acte avait été accompli ».


Un audio qui n'impliquerait pas MBS de manière concluante

Des responsables turcs ont déclaré que l'audio n'impliquait cependant pas de manière concluante MBS, et que les services de renseignements américains et autres responsables gouvernementaux ont averti que l'enregistrement, aussi convaincant soit-il, n'est toujours pas une preuve irréfutable de son implication dans la mort de Khashoggi, commente le New York Times.


Même si Mutreb pensait que le meurtre avait été ordonné par le prince héritier, il avait peut-être une compréhension inexacte des origines de l'ordre. Le nom de MBS n’est pas spécifiquement mentionné sur l’enregistrement, et les responsables des services de renseignement n’ont pas la certitude absolue que Mutreb faisait référence à lui.


Dans un communiqué publié lundi, des responsables saoudiens ont nié que le prince héritier « ait eu la moindre idée » du meurtre de Khashoggi. Faisant référence aux paroles enregistrées de Mutreb, Riyad a indiqué que la Turquie avait autorisé ses services « à écouter des enregistrements, et à aucun moment, il n'y avait eu de référence à la phrase mentionnée dans ces enregistrements ».


« Les Turcs peuvent posséder plusieurs enregistrements, y compris ceux extraits d’écoutes téléphoniques et ont pu partager l'audio que de manière sélective », estime le New York Times.


Ankara n'a pas autorisé d'analyse indépendante des enregistrements

L’appel faisait partie d’un enregistrement que des responsables turcs avaient fait écouter à Gina Haspel lors de sa visite à Ankara en octobre dernier, mais ils ne l’avaient pas autorisée à le ramener aux États-Unis. Samedi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que son gouvernement avait partagé l'audio avec l'Arabie saoudite, les États-Unis et d'autres alliés occidentaux.


Toutefois, si les responsables turcs ont fait écouter des audios et transmis leur retranscription à certaines agences de renseignement occidentales, ils ne les ont pas confié pour une analyse indépendante, selon la même source.


La Turquie a partagé les preuves de l'affaire avec « un grand nombre de nations amies », a déclaré lundi un porte-parole d’Erdogan, Fahrettin Altun. Réagissant aux critiques françaises sur le traitement de l’affaire par la Turquie, Altun a déclaré que le gouvernement turc avait diffusé un enregistrement audio à l’intention des responsables français du renseignement et leur avait transmis des retranscriptions. « N'oublions pas que ce cas aurait déjà été dissimulé sans les efforts déterminés de la Turquie », a déclaré Altun.


Des pressions sur la Maison Blanche qui se fie à l'absence de preuves

Les preuves de plus en plus nombreuses de l'implication du prince Mohammed Bin Salman dans l'assassinat de Khashoggi vont certainement intensifier les pressions sur la Maison Blanche, qui semblait vouloir se fier à l'absence de preuves concrètes de son implication pour préserver ses relations avec l’homme fort du régime saoudien, estime le New York Times.


Des responsables turcs ont déclaré pour leur part que l'enregistrement contenait la preuve d'un meurtre avec préméditation, au cours duquel des agents saoudiens ont rapidement étranglé Khashoggi et l'ont méthodiquement démembré avec une scie à os.


Le prince Mohammed Bin Salman a noué des relations étroites avec le gendre du président et conseiller principal, Jared Kushner, et le gouvernement Trump a fait de l’Arabie Saoudite le partenaire arabe le plus important de Washington. Aussi, certains conseillers de Trump ont affirmé qu’ils auraient besoin de preuves irréfutables de l’implication de MBS dans le meurtre de Khashoggi avant de le punir plus sévèrement. Les résultats des « midterms » donnant davantage de pouvoir aux démocrates au Congrès pourraient faire compliquer la donne, mais à Washington nombreux sont ceux qui se montrent disposés à se satisfaire de sanctions légères et d’une réduction de l’aide octroyée à Riyad dans sa guerre au Yémen pour éviter toute crise ouverte avec le régime saoudien.

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