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17.10.2016 à 17 H 10 • Mis à jour le 17.10.2016 à 17 H 29 • Temps de lecture : 6 minutes
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n°71.Irak : quelles sont les forces engagées dans la bataille de Mossoul ?

La ville irakienne est convoitée par des belligérants qui ont le même ennemi, l’Etat islamique, mais dont les intérêts sont difficilement conciliables. Panorama des forces en présence alors que l’assaut contre les forces de Daech qui occupent la cité depuis 2014 a été officiellement donné

Le lancement de l’offensive a été plusieurs fois annoncé puis retardé depuis que le premier ministre Haider Al-Abadi avait appelé, en mars 2016, ses troupes à libérer la province de Ninive, dont Mossoul est la capitale. En raison de dissensions entre les différentes forces en présence mais aussi de querelles politiques à Bagdad au sein du gouvernement et du Parlement.


Avec l’appui essentiellement aérien des forces de la vaste coalition internationale contre l’organisation Etat islamique, emmenée par les Etats-Unis, mais aussi de l’Iran par la présence de forces paramilitaires soutenues sur le terrain par l’Iran, les forces loyalistes ont progressé pas à pas depuis mars pour se rapprocher de Mossoul par le Sud, tandis que les peshmergas, les forces de sécurité de la région autonome du Kurdistan irakien, progressaient au nord de la ville.


Face aux djihadistes de Daech, une grande diversité de combattants irakiens et internationaux est engagée dans l’offensive lancée le dimanche 16 octobre au soir pour la reprise de Mossoul.


Tout autour de la ville gravitent milices, tribus, unités militaires aux affiliations contradictoires, puissances étrangères voisines et lointaines. Au cœur des fractures irakiennes et régionales, la ville est convoitée par des acteurs qui ont le même ennemi, Daech, mais dont les intérêts sont difficilement conciliables. La libération de Mossoul pourrait ouvrir de nombreux foyers de tension et de conflit ultérieurs entre les forces en présence. Cependant, tous ne joueront pas un rôle direct dans les combats pour la reconquête de la deuxième ville d’Irak.


Des miliciens de Daech postés devant un local administratif de la province de Ninive. Depuis 2014, l'Etat islamique a fait de Mossoul, en territoire kurde irakien, l'épicentre de sa puissance militaire et économique. GETTY IMAGES


Un bastion de Daech depuis 2014


Après s’être emparé de larges pans du territoire au nord et à l’ouest de Bagdad à la faveur d’une offensive en 2014, l’EI a perdu du terrain, ces deux dernières années, face aux forces irakiennes. Elle compterait entre 3 000 et 5 000 combattants dans et autour de Mossoul, mais a perdu de nombreux cadres ces derniers mois, sa chaîne de commandement étant traquée et ciblée par les forces aériennes de la coalition internationale.


Les blindés irakiens déployés dans la zone d' al-Shourah à près de 45 km au sud de Mossoul. AHMAD AL-RUBAYE / AFP


Une armée irakienne dopée par Washington

 

Les brigades de blindés de l'armée irakienne qui se déplacent en convoi dans le but de se déployer dans le sud de Mossoul viennent du sud de l'Irak majoritairement chiites. Revigorée par sa formation assurée par des conseillers américains, l’armée irakienne a tourné la page des débâcles face à l’Etat islamique en 2014. Elle joue désormais un rôle important dans les opérations menées contre l’organisation. Par ailleurs, les forces irakiennes sont les garantes de la souveraineté territoriale du pays. Or, elles vont devoir aussi cohabiter avec les peshmergas kurdes affiliés au Parti démocratique du Kurdistan (PDK), qui pourraient voir d’un mauvais œil la présence prolongée de l’armée dans cette zone, frontalière voire à cheval sur leurs territoires.


La police fédérale irakienne est elle aussi sollicitée pour faire sauter le verrou de Mossoul, mais sa réputation est entachée auprès de nombreuses autres composantes de l'offensive. AHMAD AL-RUBAYE/ AFP


Une police irakienne à la réputation sulfureuse


Elle rassemble des forces spéciales, la police fédérale paramilitaire, ainsi que des policiers locaux. La police fédérale est souvent accusée d’avoir été noyautée par les milices chiites, qui contrôlent le ministère de l’intérieur et a été accusée de complicité lors d’exactions commises contre des civils sunnites à Fallouja par des milicens chiites au printemps.


Des miliciens chiites d'al-Hachd al-Chaâbi prophétisant une victoire totale contre les combattants de Daech retranchés dans Mossoul. AHMAD AL-RUBAYE / AFP


Al-Hachd Al-Chaâbi (mobilisation populaire)


Organisation créée en 2014 à la suite d’un appel à volontaires après l’effondrement de l’armée irakienne lors de l’offensive de l’Etat islamique, elle regroupe une myriade de groupes paramilitaires dominés par des milices, essentiellement chiites, qui répondent officiellement du premier ministre irakien. Les groupes les plus puissants, comme Ketaëb Hezbollah (brigades du parti de Dieu), sont souvent décrits comme patronnés par l’Iran.


Des membres du Service de contre-terrorrisme (CTS) irakien participent en seconde vague à l'offensive contre Mossoul. AHMAD AL-RUBAYE / AFP


Le Service de contre-terrorisme (CTS), ultra-nationaliste


Les forces d’élite du CTS ont été à la pointe de la majeure partie des batailles engagées contre Daech. Constamment appelées à contribution dans l’effort de guerre, elles ont payé un lourd tribut. Nationalistes, ces hommes entretiennent des rapports parfois tendus avec les miliciens de la mobilisation populaire, essentiellement chiites, sur le terrain.


Un chasseur de la marine française en phase d'apontage sur le porte-avions Charles de Gaulle dans le cadre de l'Operation Arromanches III. ERIC FEFERBERG / AFP


Une coalition internationale en soutien

 

La coalition internationale anti-Daech conduite par les Etats-Unis frappe depuis 2014 ses positions en Irak et en Syrie – leur califat est à cheval entre les deux pays. Elle fournit entraînement, armes et équipements aux forces locales. Des milliers d’hommes de la coalition ont été déployés en Irak, surtout pour des missions de formation, mais également en soutien direct aux forces irakiennes sur les lignes de front, à l’image de la France, qui a déployé de l’artillerie.


Les unités de Peshmergas kurdes sont les plus motivées pour aller déloger les forces de Daech de Mossoul. Elles agissent cependant hors du contrôle du commandement centralisé irakien, ce qui est susceptible de causer des tensions à l'issue de l'offensive. SAFIN HAMED / AFP


La tentation d’affranchissement des Peshmergas kurdes


Les forces de sécurité de la région autonome du Kurdistan irakien (Nord) doivent, en théorie, rendre des comptes à Bagdad, mais elles semblent mener librement leurs opérations contre les djihadistes. Les forces kurdes ont, par ailleurs, étendu le territoire sous leur contrôle après la débâcle des forces gouvernementales en 2014. Ce qui provoque des tensions récurrentes avec Bagdad.


Des militaires iraniens venus en renfort des troupes peshmergas. SAFIN HAMED / AFP


Des forces iraniennes en soutien aux chiites


L’Iran fournit conseil et assistance dans la lutte contre l’Etat islamique notamment par le soutien financier, en armes et en entraînement aux milices chiites sur le terrain. Téhéran entretient également des relations étroites avec les Peshmergas, en compétition avec la Turquie.


Dans un contexte de recrudescence d'actes terroristes sur son territoire, les forces turques se sont projetées au coeur du Kurdistan sans l'aval des autorités de Bagdad. Leur objectif après Mossoul, empêcher un renforcement prévisible des kurdes du PKK. GETTY IMAGES


Des forces turques infiltrées


Les troupes turques sont également présentes au Kurdistan. Etablies sans autorisation du gouvernement central irakien mais avec le mandat des autorités du Kurdistan irakien autonome, leur présence est une source d’oppositions récurrentes entre Bagdad – pour qui elles ne sont pas les bienvenues – et Ankara. Des oppositions qui se sont considérablement amplifiées à l’approche de la bataille de Mossoul.

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