
n°284.L’avenir de la Syrie, entre «grand jeu» et conflit gelé
Cela fait déjà quelque temps que l’on annonce la fin de la guerre en Syrie, et pourtant les combats continuent sur plusieurs fronts, dans la banlieue de Damas à la Ghouta, dans le nord du pays avec le conflit turco-kurde, ou à l’est avec les poches de résistance de l’État islamique qui n’a pas complètement abdiqué. Sans oublier les autres foyers rebelles qui demeurent une épine dans le pied du régime de Damas : au sud et autour d’Idlib (voir carte ci-dessous). Après sept années d’une guerre civile qui s’est transformée en déflagration régionale puis internationale, les armes ne semblent pas près d’être remisées dans les casernes. Bachar al-Assad a beau avoir remporté la guerre, celle-ci n’est pas achevée.
Même s’il est difficile de l’admettre, après un demi-million de morts, treize millions de Syriens déplacés dans le pays et cinq millions réfugiés à l’étranger (sur une population de 23 millions en 2011), le pouvoir de Bachar al-Assad n’est plus menacé et sa survie est assurée sur le court et sans doute moyen terme. Ce n’est évidemment plus le même régime qu’au début du conflit : les actions de Damas sont aujourd’hui contrôlées par les puissances qui sont venues à son aide (Russie et Iran), et empêchées par celles qui ont envahi son territoire (Turquie, Kurdes, États-Unis, France, groupes islamistes soutenus par les émirats du Golfe).
La Syrie est devenue l’objet d’un « grand jeu » qui n’est pas sans rappeler l’affrontement entre la Russie et le Royaume-Uni au XIXe siècle autour de l’Afghanistan. « Il y a trois principaux “acteurs” en Syrie aujourd’hui », explique Jonathan Spyer, chercheur au Global Research International Center, dans la revue Foreign Policy. « L’alliance du régime avec la Russie et l’Iran, qui contrôlent un peu plus de la moitié du territoire et la majorité de la population les forces kurdes et démocratiques syriennes soutenues par les États-Unis et la France, qui contrôlent les parties nord et nord-est du pays, où se situent une grande partie du pétrole et les meilleures terres agricoles et enfin l’alliance entre la Turquie et les groupes islamistes sunnites et djihadistes au nord-ouest. Mais ces différents “camps” ne sont pas des structures fermées : certains membres entretiennent des relations avec des membres d’un autre camp. La nouvelle lutte en Syrie ne découle plus des dynamiques internes au pays, mais des intérêts rivaux des puissances extérieures qui se battent sur les ruines du pays. »

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