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02.02.2017 à 22 H 21 • Mis à jour le 02.02.2017 à 22 H 21 • Temps de lecture : 4 minutes
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n°94.Qui était John Garang, le guerrillero honoré par Mohammed VI à Juba ?

John Garang avait été l'architecte de l'accord de paix de janvier 2005 qui avait mis fin à vingt et un ans de guerre civile entre le Nord et le Sud du Soudan, conflit qui aurait fait deux millions de morts et quatre millions de déplacés. Désigné premier vice-président, le 9 juillet, il est mort le 30 juillet 2005 dans un crash d'hélicoptère.

John Garang de Mabior est né dans l’actuel Soudan du Sud, dans le village de Bor le 23 Juin 1945. Né dans une famille pauvre de l’ethnie Dinka, il se retrouve orphelin à 10 ans et c’est son oncle qui prit en charge son éducation. Il fréquente alors à l’école primaire, alors encore sous administration britannique, puis part faire ses études secondaires en Tanzanie en raison de la première guerre civile soudanaise (1955-1972).


Formé dans les commandos de Tsahal

En 1962, il choisit d’aller participer aux combats de la guerre civile. Toutefois il est encouragé à poursuivre ses études. Garang choisit alors les Etats-Unis, où il obtiendra un bachelor en sciences-économiques de Grinch College dans l’Iowa. Malgré la possibilité d’aller à la prestigieuse université de Berkeley, il retourne étudier en Tanzanie. Dès 1968, il rejoint le mouvement de guérilla Anya Nya, et sera même envoyé en 1970 en Israël afin de compléter son entrainement militaire.


En 1972, la paix conclue à Addis-Abeba met fin à la guerre civile. John Garang est alors absorbé dans l’armée régulière soudanaise comme beaucoup d’autres guérilleros, où il restera 11 ans. Durant cette période, il suivra notamment des cours à l’école d’infanterie des Etats-Unis de Fort Benning. Il en profite également pour accéder au grade de docteur en rédigeant une thèse sur le développement agricole du Soudan du Sud au sein de l’université de l’Etat de l'Iowa. Après ce séjour américain, il rentre au Soudan où il devient professeur d’agriculture à l’université de Khartoum.


John Garang dans les années 80 lorsqu'il dirigeait la branche armée du MPLS. (Archives)


En 1983, le président soudanais Jaafar al-Numeiry souhaite renforcer le centralisme de l’Etat. A cela s’ajoute une volonté d’islamisation de la société soudanaise, comme le prouve la décision de définir la langue arabe comme la langue officielle de l’éducation. Le pays, encore marqué par les tensions, replonge dans le chaos d’une seconde guerre civile (1983-2005). John Garang, alors colonel de l’armée soudanaise, est envoyé réprimer une rébellion au Sud-Soudan. Mais arrivé sur place, il rejoint le camp des insurgés.


Il participe alors à la fondation de Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS), dont il prendra la tête de la branche militaire, l’armée populaire de libération du Soudan (APLS). Ce mouvement souhaite alors l’unité du pays, et veut établir un régime socialiste. A la tête de l’APLS, il est perçu comme un chef autoritaire, favorisant les membres de son ethnie, au détriment des autres comme les Nuers ou les Shillouks. Ces mésententes favoriseront les scissions, la première ayant lieu en 1991. A la fin des années 90, si John Garang reste à la tête de la faction armée la plus importante (environ 60 000 hommes), il est toutefois allié à 6 autres troupes dissidentes.


La pression de l'Amérique de Bush

En 2002, devant l’impasse militaire pour chacun des deux camps, une rencontre est organisée au Kenya entre le président Omar el Béchir, président du Soudan, et John Garang, principale figure de l’opposition du Sud-Soudan.  Les Etats-Unis auront de leur côté joué un rôle déterminant dans ce processus. Selon Jeune Afrique, les attentats du 11 septembre 2001 avaient bouleversé la donne. Impressionné par la détermination américaine, le gouvernement de Khartoum accepte de collaborer à la lutte contre le terrorisme. La même année, Washington, qui venait d’adopter une nouvelle politique énergétique, se montre intéressé par le pétrole soudanais. L’ancien sénateur John Danforth est désigné pour « faciliter » la mise en place d’une solution politique et parrainer les pourparlers de paix.


En mars 2002, Garang séjourne pendant deux semaines à Washington, à l’invitation du département d’État. Il y rencontre notamment Colin Powell et Paul Wolfowitz, le numéro deux du Pentagone, preuve qu’il dispose encore de solides appuis. Le 28 mai 2003, lors d’une nouvelle rencontre, Powell lui répétera que l’administration Bush souhaite que les négociations aboutissent... Les négociations dureront encore deux ans, débouchant sur l’accord de paix de Nairobi de 2005. L’accord prévoit alors la mise en place immédiate de l’autonomie du Soudan du Sud et l’organisation d’un référendum 6 ans et demi plus tard sur l’indépendance du nouvel Etat sécessionniste.


Le 9 Juillet 2005, John Garang est intronisé vice-président du gouvernement d’unité nationale du Soudan. Il meurt peu après le 30 Juillet dans un accident d’hélicoptère en revenant d’une rencontre avec le président ougandais Yuweri Museveni. La disparition de John Garang avait suscité de violentes émeutes à Khartoum. Ainsi sera scellé le sort tragique de celui qui affirmait s’inspirer de ces grands maîtres de la stratégie militaire que furent Clausewitz, Mao Zedong et Sun Tzu. Aujourd’hui, si la justice est favorable à la thèse de l’accident, des rumeurs courent toujours sur la possibilité d’un assassinat.


Sources encyclopédiques : Les Yeux du Monde


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