Le Maroc rejette la demande de l’UE de réadmettre des migrants de pays tiers

Le Maroc a rejeté une demande de l'Union européenne de reprendre des ressortissants tiers qui atteignent l'Europe depuis le royaume, a annoncé mardi son ministère de l'Intérieur.
La commissaire européenne aux migrations, Yiva Johansson, s'est rendue à Rabat ce mois-ci pour rechercher un accord de réadmission permettant au bloc des 27 pays de renvoyer les migrants au Maroc face à une forte augmentation des arrivées dans les îles Canaries espagnoles.
La demande a été rejetée, a indiqué le ministère marocain. « Le Maroc n'est pas dans la logique de la sous-traitance et insiste pour que chaque pays assume sa responsabilité envers ses ressortissants », a déclaré par courrier électronique le gouverneur en charge des migrations et du contrôle des frontières au ministère de l'Intérieur, Khalid Zerouali.
Le Maroc réadmet en moyenne 15 000 de ses propres citoyens qui sont renvoyés chez eux par l'UE chaque année. Il a également consenti en 1992 d'accepter des ressortissants tiers des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, à condition que ce soit dans les 24 heures.
Le Maroc a empêché cette année 32 000 personnes de pénétrer en Europe, a déclaré Zerouali. Cela se compare aux 74 000 tentatives avortées l'année dernière.
Le resserrement des patrouilles marocaines le long de la côte nord et l'effet de la fermeture des frontières en raison du Covid-19 ont poussé les réseaux de trafiquants à déplacer leurs itinéraires vers les îles Canaries, à 1 400 km au large des côtes marocaines, a déclaré Zerouali.
Le nombre de migrants atteignant illégalement les îles Canaries cette année chiffré à 20 000 est 10 fois plus élevé que l'année dernière, selon les autorités espagnoles. Johansson a déclaré que la moitié de ces arrivées provenaient du Maroc.
Des centaines de personnes sont mortes cette année en effectuant la périlleuse traversée vers les îles espagnoles de l'océan Atlantique, souvent dans des embarcations de fortune et surpeuplés avec des moteurs peu fiables, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
L'UE fait don au Maroc de 343 millions d'euros depuis 2018 pour l'aider à lutter contre la migration illégale.
Le soutien financier et technique au Maroc est justifié par une « responsabilité partagée entre les partenaires confrontés à des défis et menaces communs », a déclaré Zerouali.
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