Pour 2025, le HCP table sur une croissance économique de 3,8 %

La croissance économique nationale devrait se renforcer en 2025 après une décélération attendue en 2024, fait savoir ce 20 janvier le Haut-commissariat au plan (HCP).
Selon ses prévisions, la croissance économique se fixerait à 3,8 % cette année. Elle devrait ainsi bénéficier de la reprise modérée du secteur agricole (4,1 % contre -5 % en 2024), du maintien du dynamisme du secteur secondaire (3,6 %) et de la poursuite de la bonne tenue des activités tertiaires.
La demande intérieur devrait par ailleurs continuer de soutenir l'activité économique, indique le HCP, tirant profit de l'amélioration des revenues et de l'orientation favorable de l'investissement. La vigueur des recettes voyages, combinée à la bonne tenue des transferts des Marocains résident à l'étranger, devrait contribuer à contenir le déficit courant à un niveau modéré. Le déficit budgétaire devrait enregistrer un léger creusement en 2025 après un allégement entamé en 2021.
La campagne agricole 2024/2025 devrait se caractériser par des conditions climatiques relativement plus favorables que celles de la campagne précédente qui a connu un déficit pluviométrique sévère, menant à une production céréalière limitée à 31,2 MQx. Le démarrage de la campagne courante a été marqué par un bon niveau des précipitations, bien que suivi par des chocs thermiques. En outre, la reprise des précipitations au début de l’année en cours devrait profiter à la production végétale. Par ailleurs, les activités de l’élevage, quoique soutenues par diverses mesures gouvernementales, devraient rester confrontées à l’impact négatif de la récurrence des années de sécheresse, et au défi de la reconstitution du cheptel national, peut-on lire.
Ainsi, la valeur ajoutée agricole devrait évoluer de 4,1 % en 2025, sous l’hypothèse d’une production céréalière inférieure à la moyenne, après un repli de 5 % estimé en 2024.
Tenant compte d’un accroissement du secteur de la pêche maritime de 6,5 % en 2025 après 3,8 % estimé en 2024, le secteur primaire devrait s’améliorer de 4,2 % en 2025, après une baisse de 4,6 % estimée en 2024, contribuant ainsi positivement de 0,4 point à la croissance du Produit Intérieur Brut après une contribution négative de 0,5 point en 2024.
Les activités non agricoles auraient affiché une progression de 3,8 % en 2024 et devraient évoluer de 3,6 % en 2025, soutenues par la dynamique continue du secteur du BTP, des activités minières, et des activités industrielles, ainsi que par la poursuite de la bonne tenue des activités du commerce, du tourisme et du transport.
L’activité industrielle, représentant 59 % de la valeur ajoutée secondaire en moyenne entre 2019 et 2023, devrait connaître un accroissement de 3,7 % en 2025 après une amélioration attendue de 4 % en 2024.
L’activité des industries chimiques, stimulée par un accroissement de la demande extérieure, aurait connu un rebond de 12,9 % en 2024 contre seulement 1,2 % en 2023, grâce au raffermissement de l’industrie des engrais chimiques orientée vers l’export. Celle-ci aurait tiré profit de la limitation des exportations chinoises et russes en engrais phosphatés face à une demande accrue en provenance de l’Inde et du Brésil. En 2025, les industries chimiques devraient maintenir leur dynamique quoiqu’en ralentissement, en liaison avec la poursuite prévue de l'amélioration de la demande extérieure pour ces produits.
Par ailleurs, les industries du matériel du transport auraient enregistré une croissance remarquable de 14,4 % en 2024, grâce à l'implantation de nouveaux équipementiers et l'extension des usines de l’automobile qui auraient permis d’accroître les capacités de production. De plus, la hausse des ventes dans l’assemblage et les systèmes d’interconnexion du câblage électrique auraient soutenu l’industrie aéronautique. En 2025, ces industries devraient poursuivre leur dynamisme avec une croissance de l’ordre de 9,6 %, profitant des investissements directs étrangers dans le secteur de l’automobile, qui devraient permettre d’introduire de nouvelles technologies et de renforcer la production nationale, notamment celles des batteries électriques.
En revanche, l’industrie textile devrait continuer de pâtir de la faible compétitivité sur le marché mondial, de la forte dépendance aux marchés européens et de la prédominance des activités informelles, dans un contexte des coûts élevés de l’énergie et de la faiblesse de l’amont textile local. De ce fait, sa valeur ajoutée aurait connu une croissance négative de 3 % en 2024 avant de s’améliorer légèrement de 1,7 % en 2025.
De son côté, l’activité de l’industrie agroalimentaire, représentant 27,5 % de la valeur ajoutée industrielle en moyenne entre 2019 et 2023, devrait enregistrer une croissance modérée de près de 1,3 % en 2025, au lieu 0,9 % estimée en 2024 et un recul de 0,2 % en 2023, suite aux retombées relativement favorables de l’amont agricole.
En 2025, les activités du secteur du BTP devraient poursuivre leur progression avec une croissance de 3,8 %, au lieu de 4,2 % estimée en 2024 après un repli de 0,4 % en 2023. Cette dynamique devrait être soutenue par la diminution progressive des prix des matériaux de construction et par l’allègement des conditions de financement, encourageant l’investissement des promoteurs immobiliers. En outre, elle devrait bénéficier de l’accélération des projets d’infrastructures hydrauliques et énergétiques et ceux liés à l’organisation de grandes manifestations sportives, ainsi que de la poursuite des mesures en faveur de l'accès au logement et du programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées.
Par ailleurs, l’activité minière, fortement liée à l’industrie des produits chimiques, aurait rebondi de 17,9 % en 2024, marquant un retournement positif après deux années consécutives de recul de 23 % et 2,7 % respectivement en 2022 et 2023. Cette reprise reflète la consolidation de la production du phosphate brut, stimulée par une demande locale accrue des industries de transformation pour les engrais chimiques. En 2025, le secteur devrait poursuivre son raffermissement avec une croissance de 5,9 %, soutenue par la hausse continue de la production marchande du phosphate.
Dans ces conditions, le secteur secondaire devrait afficher une valeur ajoutée en hausse de 3,8 % en 2025, après 5,1 % estimée en 2024, contribuant ainsi de 0,9 point à la croissance économique nationale au lieu de 1,2 point en 2024. Le secteur tertiaire, principalement orienté vers le marché intérieur, devrait continuer de soutenir la croissance économique en 2025, avec une progression de 3,5 % après 3,2 % prévue en 2024. Cette évolution devrait être attribuable à l’amélioration des services non marchands de 3,2 % en 2025 au lieu de 3,4 % estimée en 2024, et des services marchands de 3,6 % en 2025 au lieu de 3,2 % attendue en 2024.
L’activité du commerce, dont la valeur ajoutée représente 19 % du secteur tertiaire en moyenne de la période 2019-2023, devrait s’accroître à un rythme soutenu de près de 2,5 % en 2024 et 2025, en liaison avec la croissance de l’activité économique. L’évolution des services rendus aux entreprises devrait s’établir à 3,8 % en 2025, grâce à la reprise de l’activité du secteur secondaire. De plus, les activités immobilières devraient s’améliorer de 2,2 % en 2025, profitant de la relance de l’activité de construction. Concernant la valeur ajoutée du secteur touristique, elle devrait s’améliorer de 7,4 % en 2025, au lieu de 7,7 % attendue en 2024 après un rebond de 23,5 % enregistré en 2023, suite à la performance exceptionnelle des arrivées et des recettes touristiques grâce notamment à l’organisation des manifestations internationales et aux efforts déployés pour promouvoir la destination du Maroc et améliorer son accessibilité.
Pour les services de transport et d’entreposage, leur valeur ajoutée devrait progresser de 5,9 % en 2025 au lieu de 4,4 % attendue en 2024. Cette dynamique devrait être soutenue par l’accroissement continu du trafic aérien et maritime, grâce notamment à la poursuite de la performance des exportations du phosphate roche, de ses dérivés et des produits du matériel de transport. Dans ces conditions et tenant compte de la hausse prévue des impôts et taxes sur les produits nets de subventions de 5 % en 2025 après 5,7 % en 2024, le Produit Intérieur Brut devrait croître de 3,8 % en 2025 après une progression de 3 % estimée en 2024. En valeur, la croissance du PIB devrait passer de 4,5 % en 2024 à 5,9 % en 2025, donnant lieu à une inflation, mesurée par l’indice implicite du PIB de 2,1 % en 2025 après 1,5 % attendue en 2024.
La consommation des ménages en 2025 devrait s’accroitre de 3 % après 3,2 % estimé en 2024. Cette tendance s’explique notamment par un niveau maitrisé de l’inflation et par une amélioration des revenus suite aux augmentations salariales décidées dans le cadre du dialogue social, à la bonne tenue des transferts des MRE, et à la poursuite de l’attribution des aides sociales directes. Ainsi, la contribution de la consommation des ménages devrait atteindre près de 1,8 point à la croissance du PIB en 2024 et 2025.
Ainsi, tenant compte de la consommation des administrations publiques qui devrait enregistrer une évolution de 4,1 % en 2025 après une hausse attendue de 3,9 % en 2024, la consommation finale nationale devrait afficher un accroissement de près de 3,3 % en 2025 après 3,4 % estimé une année auparavant, contribuant à hauteur de 2,6 points à la croissance du PIB, après 2,7 points en 2024. L’investissement brut devrait continuer sa reprise entamée en 2023, profitant de l’impact positif des différents chantiers prévus et en vigueur, notamment dans le cadre de la poursuite de l’orientation favorable de la politique budgétaire en matière d’investissement, des préparatifs pour l’organisation des manifestations internationales et de la tendance évolutive des IDE. Il devrait se raffermir de 6,7 % en 2025, après une hausse de 9,1 % estimée en 2024, contribuant de 2 points à la croissance en 2025.
Dans ces conditions, et après une progression estimée à 4,9 % en 2024, la demande intérieure devrait continuer de soutenir l’activité économique, avec une hausse de 4,2 % en 2025, contribuant ainsi à hauteur de 4,6 points à la croissance du PIB, contre une contribution de 5,3 points attendue en 2024.
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