Un complot politique exécuté par Boussaid contre Benabdallah ?

Le nouveau plan de relance des logements sociaux voulu par le ministère de l’Habitat proposant une offre destinée à la classe moyenne inférieure, avec à la clé des habitations à 400 000 dirhams défiscalisées, a été mis sous le boisseau par les Finances, révèle Telquel.ma.
« Un dispositif qui faisait consensus et qui devait être présenté dans le projet de loi de finances 2018. Mais le département de Mohamed Boussaïd en a voulu autrement », estime le site d’information qui détaille la batterie de mesures incitatives retoquées contre toute attente par le département de Mohamed Boussaid.
« Au moment où Nabil Benabdellah et la Fédération nationale des promoteurs immobiliers( FNPI) s’apprêtaient à annoncer la bonne nouvelle, coup de théâtre : le ministère des Finances rejette à la dernière minute le plan de relance, et exige que les promoteurs paient un impôt sur la société (IS) de 31 % sur les résultats produits par la vente du logement destiné à la classe moyenne (entre 250 000 et 400 000 dirhams) », explique Telquel.ma, rendant ainsi inopérant le plan puisque les prix, en tenant compte de la TVA et de l’IS, vont dépasser largement les 400 000 dirhams...
Des négociations difficiles qui avaient abouti
Les négociations entre Boussaid et Benabdallah avaient d'abord achoppé sur la TVA. Le ministre des Finances a du convenir que l'essentiel du programme d'incitation conservait son caractère social et que la nouvelle tranche à inclure servirait à relancer un programme enrayé par une offre trop étriquée par rapport aux besoins réels du marché. Ensuite, Boussaid s'est braqué sur l'IS explique-t-on à l'Habitat et il aura fallu beaucoup de patience et de détermination pour lui faire admettre qu'un IS à 31 % allait plomber le prix d'un logement à 400 000 dirhams jusqu'à 550 à 600 000 dirhams, le rendant inaccessible à la classe dite Social +.
En effet, « le dispositif Benabdallah » maintenait les exonérations fiscales pour tout promoteur construisant plus de 500 logements, en créant toutefois trois nouvelles tranches : la première à 120 000 dirhams (studios et appartements de 2 pièces), la seconde à 250 000 dirhams (celle aujourd’hui en vigueur et constituera toujours l'essentiel du programme social) et la dernière à 400 000 dirhams (4 pièces de 70 à 80 m2), ciblant notamment la classe moyenne inférieure, jusqu’ici délaissée par ces incitations.
Si des tractations avaient abouti à un engagement ferme avec les Finances et qu'un accord a été rédigé dans le détail et à quatre mains entre les équipes de Faraj et de Benabdallah, le couperet est tombé la veille du Conseil de gouvernement provoquant la surprise des opérateurs économiques jusqu'ici satisfaits que de nouvelles couches sociales aient pu être considérées, mais aussi Saaddedine El Otmani lui même qui avait reçu des assurances dans ce sens par ces deux ministres.
En finir avec l'ex-allié de Benkirane ?
L’explication serait en fait purement politique. « C'est clairement une guéguerre entre Boussaid, encarté au RNI et Benabdellah, chef du PPS », estime une source proche du dossier.
« Nabil Benabdallah comptait énormément sur ce plan de relance. Et il a obtenu un large consensus auprès des professionnels mais aussi auprès de la DGI et des directeurs du département des Finances », assure-t-on. A la direction des impôts, on insiste en effet pour dire que l’ambitieux plan est « neutre fiscalement » au regard de son impact sur les finances de l’Etat.
« C'était le plan qui allait lui permettre de relancer le secteur et de revenir politiquement au devant de la scène. C'était le plan de son mandat en somme », lance une source au fait des tractations, consultée par Le Desk.
« Or, Boussaid, qui était d'accord au début pour intégrer le plan dans le PLF, a probablement reçu des instructions pour bloquer le plan et tuer ainsi politiquement Benabdallah en vidant son mandat de sa substance », avance-t-elle.
Pour elle, le stratagème est évident : « On ne peut pas permettre à un ministre sur le départ, potentielle victime expiatoire du dossier Al Hoceima, et accessoirement pour son soutien à Benkirane, de se refaire une nouvelle légitimité auprès des opérateurs économiques, et surtout auprès de la population et de la classe moyenne ».
Mohamed Boussaid et Nabil Benabdallah n'ont pas été joignables pour commenter l'affaire. De leur côté, les opérateurs ruent déjà dans les brancards pour dénoncer ce qu'ils nomment déjà un gâchis consenti pour des raisons politiciennes...
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