Une boulette de l’armée espagnole fait ressurgir les démons de la menace chérifienne
Grosse frayeur dans la presse ibérique relayée par The Objective, avec un zeste d’exagération, notamment quand il s’agit de pointer la menace venant du voisin du sud, le Maroc, souvent pris comme ennemi potentiel dans un conflit armé. L'inclusion dans un contrat public de l'armée espagnole du détail de toutes ses unités et personnels sur la péninsule et à l'étranger aurait fait sonner tous les carillons au ministère de la Défense, rapporte le média, citant « des sources militaires ». En cause : « des informations sensibles que convoitent les agences de renseignement opérant en Espagne, notamment marocaines ».
Objet de la boulette : un document téléchargé le 30 août sur le site des contrats publics dans le cadre d'un contrat évalué à près de 300 millions d'euros portant sur la fourniture de vêtements et accessoires au bénéfice de 75 000 soldats : uniformes, bérets, brodequins etc. y sont listés. Problème, une de ses annexes est une copie de l'Orbat - Ordre de Bataille en jargon militaire- qui répertorie toutes les unités concernées avec le dénombrement de leurs troupes, avec un luxe inédit de détail.
En réalité, ces informations sont publiques, mais disséminées dans le Journal Officiel de la Défense (BOD). Pour les obtenir d’un tenant, il aurait fallu un gros travail de compilation et de recoupement : « Ici le travail des agences de renseignement est facilité. Les Russes ou les Marocains ne l'ont pas accessible au public », prévient un ancien haut commandement interrogé par le journal.
Le document, depuis retiré d'Internet, détaille la composition des bureaux d'attachés militaires dans les ambassades espagnoles à l'étranger, ou la présence militaire dans des bases à usage conjoint avec les États-Unis - Rota ou Morón de la Frontera - ou dans des installations de l'OTAN en Espagne comme à Bétera (Valence) ou Torrejon (Madrid). Également au sein de la Famille Royale ou du Département de la Sécurité Nationale affecté à la Présidence du Gouvernement, relate The Objective. Cependant, ajoute la même source « l'information la plus sensible est celle qui concerne Ceuta et Melilla, ainsi que les principales unités militaires réparties sur tout le territoire national ».
Fait ahurissant, ce n’est pas la première fois que l’armée espagnole laisse fuiter des informations hautement confidentielles dans le cadre de marchés publics. Fin août, Confidencial Digital a constaté qu'un récent appel d'offres de l'entreprise publique navale Navantia contenaient des spécifications techniques sensibles relatives aux capacités furtives du sous-marin S-82 que Madrid cherche à vendre à New Delhi. Le document, qui précisait notamment aussi l’emplacement précis des torpilles à travers des schémas de coupe de la coque du submersible, a été rectifié deux jours après sa mise en ligne. La faille de sécurité était due à Navantia qui pourtant est supervisée par la Marine royale espagnole. D'autres documents avaient aussi été retirés du portail des marchés publics pour des couacs similaires.
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