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05.07.2016 à 16 H 40 • Mis à jour le 05.07.2016 à 16 H 42
Par
Algérie

Bouteflika vivement critiqué après sa première réapparition publique depuis un an

Abdelaziz Bouteflika lors d’une de ses rares apparitions publiques à l’occasion du vote pour l’élection présidentielle d’avril 2014. SIDALI DJARBOUB / AP
En fauteuil roulant, le président s'est recueilli sur la tombe de martyrs de la guerre pour l'anniversaire de l'indépendance du pays. Dans un message adressé à la nation, il a tenté de justifier son action à la tête de l’Etat face à la sévère crise économique qui frappe l’Algérie, déclenchant de vives critiques dans la presse d’opposition.

Ce 5 juillet, les Algériens célèbrent le 54ème anniversaire de l'indépendance. Pour l'occasion, le président Abdelaziz Bouteflika a participé à une cérémonie d'hommage aux victimes de la guerre. Il n'avait plus participé à un événement public depuis l'année dernière, à l'occasion du 53ème anniversaire de l'indépendance. Les rumeurs sur une dégradation de l'état de santé de M. Bouteflika sont récurrentes et des dirigeants de l'opposition n'hésitent pas à évoquer une "vacance de pouvoir" dans le pays, "accaparé" selon eux par des proches du président, notamment son frère Saïd. Fin avril, il s'est rendu à Genève pour des "contrôles médicaux périodiques", selon la presse algérienne. La présidence n'a pas fourni de précisions sur les résultats de ces contrôles médicaux.


La colonisation, thème éternel

En fauteuil roulant, Abdelaziz Bouteflika, 79 ans, ancien officier de l'Armée de libération nationale (ALN), a déposé une gerbe de fleurs au carré des martyrs du cimetière d'El-Alia à Alger avant d'écouter une prière et de recevoir les honneurs de la garde républicaine, selon les images de la télévision publique. L'imam a souhaité une « longue vie » au président frappé en 2013 par un AVC qui a affecté sa mobilité et son élocution. Bouteflika dirige l'Algérie depuis dix-sept ans. Il a été élu pour un 4ème mandat en 2014, un an après son accident cérébral qui l'avait conduit à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris où il avait séjourné plus de deux mois.


Abdelaziz Bouteflika , ministre des Affaires étrangères le 18 septembre 1970 sur le perron de l'Elysée après une entrevue avec le président français Georges Pompidou. ARCHIVES /AFP


C'est le quatrième déplacement d'Abdelaziz Bouteflika au cimetière d'El-Alia depuis sa réélection pour un 4e mandat en avril 2014. Il s'y était notamment rendu le 5 juillet 2015, sa dernière sortie publique depuis un an. « Notre jeunesse doit cultiver le souvenir du martyre enduré par notre peuple 132 années durant, un martyre fait de massacres, de tentatives d'extermination de nos ancêtres, de spoliations de leurs terres, et d'une tentative d'éradiquer notre culture et notre identité [...] », a-t-il écrit lundi soir dans un message aux Algériens, diffusé par l'agence APS.


« Les générations montantes doivent connaître également l'embrigadement forcé de nos compatriotes dans les troupes du colonisateur, au fil des guerres que celui-ci a livrées ou qu'il a subies, les dizaines de milliers d'Algériens tombés en Europe notamment pour la défaite du nazisme [...] », a poursuivi Abdelaziz Bouteflika, très affaibli par la maladie. Un long discours parsemé de rappels historiques, « particulièrement caustique à l'égard de la France », a estimé Le Temps d’Algérie, titrant sur l’appel à « la mobilisation » des jeunes.


Un bilan économique très préoccupant

Mais c’est surtout son bilan économique qui fait aujourd’hui débat dans la presse algérienne. Dans un message adressé aux Algériens à l’occasion de la fête de l’indépendance, Bouteflika a tenté d’expliquer la crise par « un phénomène mondial ». « La crise économique et financière n’est guère l’apanage d’un pays particulier, notamment dans l’économie mondiale globalisée. C’est la réponse à cette crise qui varie d’un pays à l’autre, selon le degré de mobilisation et de consensus interne mis en place, et en cela, notre pays est en droit d’envisager avec sérénité et espérance, le dépassement de la crise financière actuelle », a indiqué Abdelaziz Bouteflika rappelant que « ce choc n’est pas la conséquence de failles dans notre démarche interne ». Bien au contraire, précise le chef de l’Etat algérien, « ce sont les décisions nationales prudentes que nous avons prises il y a quelques années, notamment un important remboursement anticipé de la dette extérieure qui ont permis au pays d’envisager la solution à la crise « dans la sérénité », a-t-il écrit, sans convaincre ses détracteurs.


5 juillet 2016. En fauteuil roulant, Abdelaziz Bouteflika, 79 ans, ancien officier de l'Armée de libération nationale (ALN), a déposé une gerbe de fleurs au carré des martyrs du cimetière d'El-Alia à Alger avant d'écouter une prière et de recevoir les honneurs de la garde républicaine, selon les images de la télévision publique. CAPTURE ENTV


« Pataugeant déjà dans un impressionnant bourbier en raison de la baisse des prix du pétrole, le gouvernement Bouteflika s’y enfonce encore un peu plus alors qu’une erreur faite en 2006 risque de lui coûter plus d’un demi-milliard de dollars », écrivait la veille, Le Matin d’Algérie, faisant référence à la mesure d’arbitrage internationale entamée récemment par les pétroliers Repsol et Total contre l’Etat algérien, qualifiant la gouvernance du Président « d’horrible gribouillage sans envergure économique de Bouteflika qui a amené le pays dans l’impasse où il se trouve actuellement ».

 

« Faute d’investisseurs, l'Algérie ne peut actuellement augmenter ses exportations de pétrole pour compenser la diminution du prix du brut. Des pays qui tirent une bonne partie de leurs revenus du pétrole comme la Russie, l'Irak ou l'Arabie saoudite le peuvent, eux, parce qu’ils n’ont pas fait cette erreur. La rente pétrolière algérienne qui avoisinait les 70 milliards de dollars avant la crise n’atteindra donc même pas les 30 milliards de dollars cette année. Le déficit budgétaire pour 2016 pourrait même dépasser les 30 milliards de dollars et la solution n’est pas encore trouvée. La dernière conférence tripartite entre l’Union générale des travailleurs algériens, le gouvernement et le patronat a montré le 5 juin dernier l’incapacité du gouvernement à gérer cette situation. L’Algérie est donc encore paralysée, deux ans après le début de la crise pétrolière mondiale. Ce n'est pas de la gestion de crise, mais une crise de gestion. », décrypte Le Matin d’Algérie, jugeant que « celui qui s’est fait élire en avril 1999 en promettant de réactiver l'économie et de ramener son pays sur la scène internationale aura finalement fait l’inverse de ce qu’il disait vouloir faire ».


« Ce n’est pas moi, c’est les autres »

« Malgré la multiplication des preuves de la mauvaise gestion du pays depuis ces quinze dernières années, Abdelaziz Bouteflika refuse de reconnaître qu’il a une part de responsabilité dans ce qui arrive au pays. Le chef de l’Etat, qui a répondu à ceux qui « s’interrogent » sur la destination « des fonds » récoltés par la vente des hydrocarbures par son bilan, veut éviter des soulèvements sociaux », a commenté de son côté Algérie-Focus. « Le président de la République va jusqu’à refuser d’endosser toute responsabilité dans la crise politique que vit le pays », estime pour sa part El Watan, et d’ajouter, « Visiblement affecté par les écrits de la presse concernant la possibilité de voir le pays entrer en difficulté lors des prochaines années, le chef de l’Etat dit espérer que les problèmes se règlent dans la sérénité ».

 

Le message essentiel de cette lettre se résume à un : « ce n’est pas moi, c’est les autres », commente pour sa part Impact24. « Passé maître dans l’art de l’esquive, Bouteflika se permet même de placer la classe politique- comprendre l’opposition- et « les jeunes » face à leurs responsabilités (…) Etrange appel d’un homme accroché au pouvoir, à l’adresse d’une classe politique et d’une jeunesse totalement écartée de la gestion de la Cité », ajoute le site d’informations.


Dans son éditorial, Mohamed Benchicou, directeur du Matin DZ exprime rage et pessimisme. Pour lui, l’avenir de l’Algérie « n’est plus entre nos mains (…) Une nation à genoux, qui s’est laissée caporaliser par une bande de truands et que l’on s’apprête à livrer, décharnée, aux grands usuriers qui commandent l’économie mondiale. Oui, nous n’avons plus comme bijou de famille à hypothéquer, que cette indépendance-là dont on ne sait plus si on fêtera, demain, le 54e anniversaire de la naissance ou le premier anniversaire de la mort », dénonçant « la fuite avant du clan Bouteflika  »« le drame réside moins dans l’état catastrophique de l‘économie nationale que dans l’impuissance d’un pouvoir irresponsable, disqualifié, bâti sur la prébende et le régionalisme, à engager une solution de recours (…) l’Algérie n’est qu’une pitoyable parodie de République moderne, dominée par l’incurie, la gabegie, l’incompétence et le désordre destructeur », a-t-il estimé.

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