Moulay Hafid Elalamy pousse à la roue Renault Maroc à l’horizon 2023
Depuis la signature des conventions devant le roi Mohammed VI, le 8 avril dernier, liant le groupe Renault Maroc et le ministère de l’Industrie, plusieurs interrogations et précisions sont restées sans réponses. Hier, à l’occasion de la sortie de la 500 000ème voiture produite par l’usine de la marque au losange à Casablanca, Somaca, les deux parties prenantes étaient réunies pour un point explicatif : Marc Nassif, directeur général du Groupe Renault Maroc et Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie.
Il était déjà avancé que les conventions devraient générer quelques 10 milliards de dirhams d’investissements sur les années à venir. En parallèle, le constructeur automobile s’est vu imposé un taux d’intégration de 65 % à atteindre d’ici 2023, représentant à terme pour Renault une enveloppe d’achat auprès des fournisseurs installés localement de 20 milliards de dirhams.
Des palpitations cardiaques...
« Je ne vois pas pourquoi vous avez eu des palpitations cardiaques le jour où je vous l’ai annoncé, 2 milliards d’euros, ce n’est pas énorme, vu ce que vous êtes capable de le faire », a annoncé, taquin, Moulay Hafid Elalamy, en s’adressant au patron de la marque française. Actuellement, les deux usines (Somaca et Tanger-Med) n’arrivent pas atteindre les 30 % de sourcing local. Et pour doubler cela, la tâche ne semble pas effrayer Renault. « Ce sont des objectifs et des défis en même temps pour nous. Il faudra beaucoup travailler, mais on reste confiant », répond Marc Nassif.
Mais en plus du travail, le plus important sera de trouver des fournisseurs. Les entreprises qui livrent les deux unités de la marque au Maroc ne sont pas encore en capacité de répondre à toute cette demande, plusieurs composants n’étant pas fabriqués localement : la tôlerie, certains éléments plastique, des pièces de colonne de direction et des systèmes de freinage, entre autres. « Une usine vient de démarrer et elle nous livrera des disques de frein », tempère Marc Nassif.
Ces entreprises peaufinent cependant leur stratégie sur le long terme anticipant l’implantation imminente de PSA à Kénitra. Cependant, plusieurs observateurs ont exprimé des craintes quant à la possibilité de pouvoir livrer les trois usines de fabrication d’automobile promises. « Ce sont des gens qui font du business, qui s’occupent de leurs clients, et quand ils ont des clients qui arrivent ils investissent pour monter en capacité. Je n’ai absolument pas d’inquiétude à ce niveau », répond avec sérénité Nassif.
La motorisation, le Graal de l'industrie locale
Enfin, la motorisation, étape plus complexe à maîtriser, n’est toujours pas un objectif pour le groupe. Celle-ci continue d’être l’apanage des usines européennes, seul son montage est assuré au Maroc. « Nos unités de l’autre coté du Détroit sont des champions du monde à ce niveau et on compte en profiter », avance, pas peu fier, Nassif. Avant d’ajouter, pour contrebalancer ses propos : « on va mettre notre énergie physique et financière pour ramener d’autre choses qui n’existent pas dans le pays, notamment en matière de technologie ».
Les desseins du ministre sont plus ambitieux. « On veut que Renault gagne plus d’argent, et s’ils achètent ici, c’est évidemment meilleur que s’ils se fournissent à l’étranger », explique Elalamy, dont la fibre de businessman ne le quitte jamais. Une façon de mettre un peu plus la pression sur le constructeur français.
C’est l’intérêt du pays qu’il défend, assure-t-il. Pour lui, si Renault arrive à atteindre ce taux d’intégration, cela contribuera à une révolution radicale du secteur de l’automobile, un des axes prioritaires de la politique d’accélération industrielle du royaume.
« On n’a pas été très insistant sur le taux d’intégration, car ce n’est pas la seule motivation. On veut que le changement soit accompagné par tous les personnes et tous les entrepreneurs qui travaillent dans le secteur », explique Moulay Hafid Elalamy. Avant de se laisser à quelques confidences : « Je suis convaincu qu’avec les deux constructeurs que nous avons pour le moment, et qui sait, peut être un cousin qui viendra aussi s’installer, les choses seront plus claires, et on arrivera à atteindre 1 million de voitures à exporter d’ici quelques années ».
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