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01.09.2016 à 03 H 36 • Mis à jour le 07.09.2016 à 22 H 48
Par
Sahara

Le Maroc et le Polisario, toujours face-à-face à Guerguerat

La gendarmerie royale, dirigée par le général Benslimane. AIC PRESS
Des éléments armés du Polisario bloquent toujours les travaux de goudronnage de la piste reliant les postes-frontières marocain et mauritanien, menés sous la supervision de la gendarmerie royale. La médiation entamée mardi par la Minurso n’a pas encore porté ses fruits.

Quatre jours après l’arrivée des éléments armés du Polisario au sein de la zone tampon, entre le mur de défense marocain et la frontière mauritanienne, la situation reste calme mais les travaux de goudronnage menés sous la surveillance de la gendarmerie royale sont actuellement bloqués par le mouvement indépendantiste.


Le commandant de la Minurso, le général pakistanais Muhammad Azam Tayyab, a entamé des démarches avec chaque partie suite à l’appel lancé dimanche par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui demande le retrait de toutes les unités armées de la zone tampon.


La situation actuelle dans la région de Guerguerat n’a pour le moment fait l’objet d’aucune communication officielle à Rabat, où les autorités gardent le silence depuis l’annonce par la wilaya de Dakhla le 23 aout dernier du démarrage des travaux de goudronnage. Contacté par Le Desk, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, est resté injoignable.


Au sud-est du mur de défense, dans la région de Zoug, Muhammad Azam Tayyab a rencontré mardi le chef de la « 1ère région militaire » du Polisario, Brahim Biadillah (frère de l'ex- président de la Chambre des conseillers Mohamed Cheikh Biadillah), rapporte l’agence SPS. Une vidéo montre une partie de l’échange, durant lequel le commandant de la Minurso a appelé le mouvement indépendantiste à la retenue.

 

Violations de l’accord militaire n°1

Selon Emhamed Khadad, coordinateur du Polisario avec la Minurso, les forces présentes en ce moment dans la zone tampon sont constituées d’une « unité de la gendarmerie du Front Polisario » (appuyée par « une autre unité militaire »), qui serait située «  à 70 mètres  » des éléments de la gendarmerie royale, avec des observateurs de la Minurso positionnés entre les deux camps.


Des éléments du Polisario face au chantier de goudronnage. Photo publiée le 29 août par le site Futuro Sahara


Une note confidentielle du département des opérations de maintien de la paix (DPKO), adressée dimanche au Conseil de sécurité de l’ONU et dont le contenu a été relayé par l’agence Associated Press puis par l’AFP, mentionnait la présence dans la zone tampon « d’une dizaine de membres de la Gendarmerie royale marocaine  » et « d'environ 32 membres militaires armés du Front Polisario ».


Le DPKO explique dans cette note que les autorités marocaines n’ont pas prévenu la Minurso de l’opération menée ces dernières semaines, « contrairement aux exigences de l'accord militaire numéro un  », et que l’arrivée ce weekend de militaires du Polisario constitue aussi « une violation  » de cet accord.


Le résumé de l’accord militaire n°1, disponible sur les pages archivées du site officiel de la Minurso, indique clairement que toute présence des FAR et du Polisario, au sol et dans les airs, est interdite à l’intérieur de la zone tampon, c’est-à-dire la bande de 5 km de large qui longe le mur de défense au sud et à l’est. L’accord indique également que certaines activités militaires menées dans un rayon de 30 km de part et d’autre du mur sont soumises à notification ou à autorisation de la Minurso.


L’ouverture au public en 2002 du poste-frontière de Guerguerat, situé au niveau du mur et placé sous le contrôle de la gendarmerie militaire, a de toute évidence entraîné des dispositions particulières pour régir les mouvements de ce « corps » spécial affecté uniquement à la surveillance du Sahara.


La déclaration du porte-parole adjoint de l’ONU le 18 août dernier - selon laquelle la Minurso n’avait pas constaté de présence militaire dans la zone tampon depuis le 16 août - et le contenu de la note confidentielle du DPKO semblent indiquer que l’ONU n’assimile pas directement la gendarmerie royale aux FAR. Ce qui expliquerait la position actuelle du Polisario, qui, par effet de mimétisme, a également déployé une « unité de gendarmerie » sur place.


Les travaux de goudronnage vont-ils aboutir ?

L’objectif affiché des autorités marocaines dans cette opération « d’assainissement » puis de goudronnage consiste à sécuriser la zone. Cela permet aussi de finaliser la connexion de ses infrastructures avec celles du voisin mauritanien. Tout un symbole. « C’est cohérent avec la volonté du Maroc de réaffirmer sa souveraineté sur l’entièreté du Sahara occidental, surtout depuis le discours royal de novembre dernier  », analyse Issandr El Amrani, directeur Afrique du Nord à l'International Crisis Group.


Mais la nouvelle direction du Polisario, frustrée par la réaction initiale de l’ONU et poussée à agir par sa base, semble désormais déterminée à bloquer les travaux de goudronnage. Emhamed Khadad a affirmé mercredi au Desk que le retrait des forces de sécurité marocaines de la zone tampon ne changerait pas la position du Polisario sur cette question. Il affirme que « le problème est la route elle-même ». Selon lui, sa construction au-delà de la ligne de cessez-le-feu serait « un défi  » à l’accord militaire n°1, elle modifierait la situation qui prévalait jusqu’ici et enfin elle « créera une tension permanente entre les deux parties et bien sûr avec la Mauritanie voisine ».


L’ONU va devoir réconcilier les positions de chaque partie et trouver une sortie de crise acceptable, alors que l’Envoyé personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara, Christopher Ross, doit se rendre à nouveau dans la région pour tenter de relancer les négociations politiques sur le statut du territoire.

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