Quel bilan pour le gouvernement Benkirane ?

Le document des réalisations gouvernementales 2012-2016 publié par le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, n’est pas vraiment un bilan chiffré mais ressemble plus à un catalogue de mesures, que les partis de la majorité reprennent à leur compte pour convaincre les électeurs de les reconduire dans leur fonctions lors des élections législatives d’octobre prochain.
L’exercice n’est pas une nouveauté : en 2011 déjà, le gouvernement El Fassi avait mis en ligne un site web dédié, Makassib.ma, présentant les réalisations de ses ministres dans différents domaines. L’approche était maladroite et récupérait parfois des réalisations antérieures à son investiture, mais l’effort de présentation d’un bilan était à saluer.
La communication du gouvernement actuel s’inscrit dans la continuité du précédent El Fassi, avec des mesures plus détaillées, mais tout aussi susceptible de répéter les erreurs de son prédécesseur : occulter les performances des gouvernements passés ou bien s’approprier le crédit de leurs réalisations.
La pléthore de mesures appliquées donne une impression trompeuse du degré de pertinence de ces réalisations, une image d’hyperactivité qui tranche avec la marge de manœuvre limitée dont jouit historiquement l’exécutif élu au Maroc. Le principe de redevabilité des élus vis-à-vis de leurs électeurs génère parfois des effets inattendus en communication politique, avec l’imposition graduelle d’éléments de langage, ou de ‘spin’ d’informations sans fournir le contexte adéquat pour en apprécier la teneur.
En effet, l’essence du bilan des réalisations gouvernementales sur la période 2012-2016 se résume à l’argument suivant : le gouvernement actuel a été investi dans un contexte mondial et national exceptionnel, où le Maroc était en danger de déstabilisation sociale et économique. Si 2011 a été effectivement une année exceptionnelle au Maroc et dans la région MENA, les éléments de langage adoptés dans l’introduction du texte relèvent d’une stratégie de communication politique éprouvée partout de par le monde : charger le bilan de son prédécesseur et présenter une vision pessimiste de l’état des choses avant l’arrivée du gouvernement actuel. L’audience pèse ainsi les réalisations du gouvernement sortant dans un contexte initialement défavorable.
Dans sa couverture des élections législatives et de la prochaine campagne électorale, Le Desk s’efforce à fournir à ses lecteurs un cadre d’analyse exhaustif, et à dissocier les éléments de langage d’une classe politique souhaitant être reconduite dans ses portefeuilles ministériels, du contexte propre des réalisations mises en avant, ainsi que les chiffres avancés comme preuve tangible.
L’évaluation du bilan du gouvernement Benkirane se fera ainsi en plusieurs parties : les réalisations économiques et budgétaires, qui dressent un tableau des effets de la politique économique adoptée par le gouvernement depuis 2012, en prenant soin de les évaluer dans le contexte mondial souvent présenté pour justifier l’écart entre les réalisations promises dans le programme gouvernemental de janvier 2012 et l’état des indicateurs macroéconomiques en 2016.
La performance du marché du travail est également évaluée, notamment concernant l’évolution des taux de chômage et d’activité, le rythme de création d’emplois et une comparaison harmonisée avec les autres pays de la région d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
Enfin, une évaluation du bilan social, un élément-phare de l’effort de communication du gouvernement pour convaincre les électeurs de lui accorder à nouveau leurs voix.
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