L’école et le mouton, ou comment les ménages marocains se saignent à blanc
La période estivale, la rentrée scolaire et l’Aïd Al Adha, un combo exceptionnel que les ménages doivent affronter cette année. Dans une enquête du HCP, parue il y a quelques mois, 80 % des sondés ont déclaré qu’ils seraient dans l’incapacité de constituer une épargne en 2017. Et la dernière enquête, parue le 8 septembre, confirme cette tendance.
Selon les données des enquêtes nationales sur la consommation et les dépenses des ménages, réalisées par le Haut Commissariat au Plan portant sur les années 2013 et 2014, le prix moyen des animaux destinés à l’abattage s’est élevé à 1841 DH en 2013 contre 1100 DH en 2001, soit une augmentation de 67 %. Le sacrifice l’Aïd Al Adha prélève près de 29 % en moyenne de la dépense globale mensuelle du ménage marocain. Une charge qui représente plus de la moitié (57 %) de la dépense globale mensuelle pour les 10 % des ménages les plus pauvres, contre 15 % pour les 10 % les plus aisés. Enfin, cette fête représente près de 41 % de la quantité annuelle des viandes rouges consommée par les ménages. Une moyenne qui grimpe à 65,4 % pour les 20 % des ménages les plus pauvres.
Le sacrifice de l’Aïd, une affaire de classes populaires
Si l’Aïd est une obligation religieuse ou considérée comme telle, l’observation de ce sacrifice obéit de plus en plus à des facteurs socioculturels. L’enquête du HCP révèle que 4,7 % des ménages marocains n’ont pas accompli le rituel du sacrifice de l’Aïd Al Adha. Une proportion plus dominante en milieu urbain (5,9 %) qu’en milieu rural. Alors que 46,5 % des ménages individuels ont tendance à se passer de l’achat du mouton. L’enquête révèle également une corrélation entre le niveau d’instruction et le pouvoir d’achat des ménages, dont les plus instruits et riches ont tendance à se soustraire de l’obligation du sacrifice du mouton, alors que 2 % seulement des ménages appartenant aux 10 % de la population la plus pauvre se passent de ce sacrifice.
L’enseignement, un cas d’école
Comme le prix des animaux d’abattage, les prix dans le secteur de l’enseignement ont augmenté de 40 % en dix ans. Les secteurs de l’enseignement secondaire et pré-secondaire ont connu la plus forte hausse moyenne annuelle (4 %). En 2013-2014, la rentrée scolaire a absorbé 26 % (environ 1751 DH) de la dépense mensuelle des ménages marocains ayant des enfants scolarisés, soit 62,2 % du total des ménages. Ainsi, chaque enfant scolarisé coûte en moyenne 844 DH, une dépense qui passe à 1 093 DH par enfant en milieu urbain et se limite à 443 DH en milieu rural. Enfin, un ménage parmi les 20 % les plus aisés supporte une charge 5,6 fois plus élevée que celle d’un ménage appartenant aux 20 % les moins aisés. Ces charges varient respectivement 2 099 DH et 373 DH.
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