Gabon : Rabat exprime un soutien manifeste mais mesuré à Ali Bongo, au nom de la stabilité
Depuis le déclanchement de la crise politique au Gabon après la réélection contestée de Ali Bongo à la présidence de la république, le Maroc avait adopté une position de neutralité à l’égard de ce pays allié d’Afrique de l’Ouest. Seule la presse réputée proche du pouvoir avait émis des avis virulents contre l’opposant Jean Ping.
Hier, Rabat sortait prudemment de son mutisme se gardant cependant de transmettre ses félicitations au gagnant désigné, demeurant sur une ligne diplomatique mesurée. Le Maroc n’a pas non plus joint sa voix à celles de nombreux pays occidentaux et de l’Union européenne demandant clairement à Libreville de publier les résultats du scrutin par bureau de vote.
« Un moment d’expression démocratique »
« Le Royaume du Maroc suit avec attention l’évolution de la situation au Gabon depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle qui a constitué un moment d’expression démocratique », a indiqué vendredi le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. Une manière subliminale de pencher vers la reconnaissance de l’avis de la Commission électorale (Cénap).
« Le Maroc est fortement attaché à la stabilité de la République gabonaise », ajoute le ministère dans son communiqué. « Les appels à la violence lancés par certains candidats en vue de conditionner l’issue des recours devant la Cour Constitutionnelle n’ont pas leur place dans un processus démocratique », souligne le ministère, faisant manifestement référence aux exigences de l’opposant Jean Ping qui conteste l’issue du vote devant le Conseil constitutionnel, notamment sur la question du décompte des voix réalisé dans le fief de Bongo, tout en se déclarant vainqueur.
Ping avait jusqu’ici « apprécié » que le Maroc, à l’instar des pays africains, ait pris quelques distances vis-à-vis de la réélection du président sortant, qualifiant sa posture de « sage ». Mais ses récentes sorties et l’enlisement de la crise politique depuis l’annonce des résultats ont poussé Rabat à sortir de son silence.
De tels appels « ne sont pas compatibles avec l’expression démocratique et le respect de l’Etat de droit et témoignent d’une attitude de nervosité et de fébrilité incompatibles avec l’exercice démocratique », a souligné la diplomatie marocaine.
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