La « marche spontanée » contre le PJD à Casablanca révèle la main cachée des autorités dans sa planification

Annoncée hier en début de soirée sur les réseaux sociaux, une marche anti-PJD a eu lieu à Casablanca ce dimanche regroupant, selon les diverses estimations, quelques milliers de participants, dont de nombreux ont été convoyés par un important dispositif de transport, comprenant des autocars de compagnies privées, des bus scolaires réquisitionnés des écoles, ou des taxis habillés aux couleurs du drapeau national et à l’effigie du roi Mohammed VI, rappelant le même modus operandi que celui utilisé pour la manifestation organisée à Rabat contre Ban Ki-moon en mars dernier.
هادي واعرة هههههه pic.twitter.com/FknRmQaVoC
&mdash The Hiker (@AOuirti) September 18, 2016
&mdash The Hiker (@AOuirti) September 18, 2016

Aucune organisation officielle ou parti politique n’a revendiqué l’organisation de cette manifestation soigneusement encadrée par les autorités locales et de nombreux agents d’autorité en uniforme ou en civil.

Des associations sportives de quartier, notamment d’art martiaux, des ONG méconnues du grand public ou certaines corporations ouvrières et syndicales étaient représentées par grappes de quelques dizaines de personnes munies d’un arsenal de pancartes, de banderoles et de grandes toiles imprimées ressassant les mêmes messages reproduits quasiment à l’identique.
Illustration du militantisme mchermel. (photo @_bourar) pic.twitter.com/2N8kdzDZl1
&mdash Fassi Not Fihri ™ (@FassiNotFihri) September 18, 2016

Un groupe de personnes habillées en tenue traditionnelle sahraouie (deraâ), mais n’ayant pas l’accent hassani, ont expliqué doctement face aux caméras qu’ils étaient venus du grand sud pour exprimer leur attachement à l’union sacrée du pays derrière le roi « de Tanger à Lagouira », en fustigeant Abdelilah Benkirane de vouloir « jouer la carte de la division entre les composantes de la société marocaine ».





Selon des témoignages recueillis sur les lieux et à travers des vidéos diffusées sur Internet, il est remarquable de noter que les participants à cette marche n’avaient pour la plupart aucune idée précise sur l’objet même de l’événement. Une femme exprime dans une vidéo toute sa reconnaissance à un agent d'autorité qui lui a procuré un mouton pour l'Aïd, raison pour laquelle elle n'a pas hésité à répondre à son appel pour cette marche.
Certains se sont bornés à répéter en chœur les messages imprimés qui leur avaient été distribués, à savoir « Non à l’immixtion de la religion en politique ! », « Benkirane dégage ! », « Les frères musulmans dehors ! ».
الفقهه دبا تكلموا لا لخونة الدولة لا للتوظيف pic.twitter.com/7CXJuPCTTC
&mdash Nawfal Laarabi (@nawfal) September 18, 2016


Des femmes à qui des médias ont tendu le micro, ont évoqué, pêle-mêle, l’insécurité grandissante qui règne à Casablanca, l’envolée des prix des produits de première nécessité, le chômage rampant ou encore la crise du logement.

Exemple parmi d’autres, des jeunes en colère ont expliqué à travers une vidéo filmée dans l’autocar qui les a transportés sur les lieux de la manifestation qu’ils ont été mobilisés pour « manifester en faveur d’une jeune fille victime d’un viol par un Saoudien ». Dépités, ils y affirment avoir reçu une maigre somme d’argent en montrant à l’écran les restes « d’un repas moisi » qui leur a été distribué. « Nous n’avons rien à voir avec la politique, ni contre Benkirane ! », ont-il affirmé.
Nul doute que cette « marche spontanée » contre le PJD à Casablanca révèle la main cachée des autorités dans sa planification, son organisation et son exécution. Reste à savoir à qui profitera après-coup cette débauche insensée et contre-productive de moyens pour porter l'estocade à Benkirane et à ses partisans. A ses contradicteurs, le PAM en tête, ou à lui-même, donnant ainsi corps à son discours sur le tahakoum ?
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