Les étudiants de l’ENSA refusent que leurs écoles soient transformées en polytechniques

Pour la première fois, tous les étudiants des ENSA (Ecoles nationales de sciences appliquées) soutenus par d’autres élèves ingénieurs, se sont donnés rendez-vous devant le Parlement à Rabat. « On est tous là ! », tente de souligner Safaa Iboukili, la responsable coordination de l’ENSA Kenitra, malgré le brouhaha causé par les sifflements et les salves d’applaudissements. Derrière elle, 1 500 étudiants en colère, très en colère contre le décret du 8 août dernier qui donne naissance aux Ecoles Polytechniques, mais mettrait fin, selon eux, à la bonne qualité de leur apprentissage.
« Le ministre (de l’enseignement supérieur) Daoudi a décidé de fusionner trois instituts en un », explique, en quelques mots, la jeune fille. En effet, les 11 ENSA, les 7 Facultés de sciences et technologies (FST) et les 13 Ecoles des sciences et technologies (EST) fusionneront pour accoucher au final de 15 Ecoles Polytechniques dans tout le pays. « Vous imaginez, c’est synonyme de réduction de coût et d’effectifs, lâche-t-elle. Aujourd’hui, nous sommes 40 par classe et nous avons une relation privilégiée avec nos professeurs mais qu’en sera-t-il demain ? » Et de préciser : « Les élèves des FST et EST ne sont pas présents aujourd’hui avec nous parce qu’ils voient cette fusion comme une bonne nouvelle. Pour eux, ils vont aller vers un enseignement de qualité sauf qu’ils ne se rendent pas compte des économies que cela va engendrer et donc des conséquences que cela va avoir sur nous… »

Une fusion non-comprise par les étudiants
Les élèves ingénieurs en sont convaincus, cette fusion est « bâclée et dévalorisante », comme qualifié dans l’un de leurs communiqués. Dessus, les ENSAistes assurent qu’« il ne s’agit pas d’une décision murie de l’intérieur, du fruit d’un besoin exprimé par les instituts ou au moins par le ministère concerné au but de mettre en valeur les étudiants ingénieurs pour préparer le Maroc de 2020-2025, quoique l’administration se raccroche tant bien que mal à cet argument aujourd’hui. » Ce que réfute Lahcen Daoudi qui assurait le 18 août dernier au Huffington Post Maroc que « le Maroc ne peut se permettre de dévaloriser ses ingénieurs, bien au contraire. L’État dotera ces établissements de nouveaux équipements ». Une réorganisation qui ne verra pas de suite le jour. « Il faudra un an ou deux pour émettre l’ensemble des textes encadrant cette fusion », expliquait le mois dernier le ministre. « On ne connaît même pas encore le contenu, la méthode que le ministère va mettre en route pour arriver à cette désastreuse fusion », déplore Safaa Iboukili.
Ce qui est sûr, c’est que cela ne risque pas d’être un long fleuve tranquille. Loin de là. A peine la rentrée démarrée, que les jeunes ont manifesté depuis le 19 septembre et boycotté tous leurs cours. « On ne va pas lâcher, prévient-elle. Aujourd’hui, on n’attend plus rien du ministre de l’Enseignement supérieur. On est là pour le prochain gouvernement qui sera mis en place après les élections législatives du 7 octobre. On veut qu’il mette tout simplement notre dossier au-dessus de la pile pour le traiter en priorité. »
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