ENSA: les étudiants maintiennent leur pression malgré le gel annoncé de la fusion
C'est un pas en arrière annoncé par le gouvernement face à la forte mobilisation des étudiants. La ministre par intérim de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, Jamila El Moussali, a déclaré que « le ministère tend à mettre fin au boycott des étudiants de l’École nationale des sciences appliquées (ENSA) de leurs cours, et à suspendre l'opération de fusion de ces écoles avec les écoles polytechniques jusqu'à ce que les conditions juridiques, administratives et techniques soient remplies ».
La ministre a fait savoir, dans un entretien à la MAP, que le ministère est parvenu, après consultation du Chef du Gouvernement et de son Secrétariat général, à trouver des solutions pour mettre fin au boycott des étudiants de l'ENSA de leurs études.
Elle a souligné dans ce sens qu'il a été convenu au sein du Gouvernement, et en coordination avec le Chef du gouvernement et le Secrétariat général du Gouvernement, à introduire un amendement sur le décret n°2.15.644, publié le 29 Choual 1437 (3 août 2016), en modifiant et complétant le décret n° 2.90.554, publié le 2 rajab 1411 (18 janvier 1991), relatif aux établissements et cités universitaires. Une reconnaissance formelle que le projet de Lahcen Daoudi n'était plus viable dans les conditions définies lors de sa mise en oeuvre.
El Moussali a relevé, par ailleurs, que le projet de ces amendements avance en deux sens, le premier vise à garantir aux étudiants poursuivant leurs cours à l'ENSA de la première année jusqu'à la cinquième année d'obtenir des diplômes, délivrés au nom de l'ENSA, alors que le deuxième amendement portera sur la suspension de l'opération de fusion des écoles jusqu'à ce que les conditions juridiques, administratives et techniques soient remplies, et ce en coopération et en coordination totale avec le ministère et toutes les structures des universités.
Un aveu d'échec d'une réforme à sens unique
La ministre a rassuré, en outre, que l'opération de fusion, à l'avenir, des écoles, des facultés des sciences et techniques et des écoles supérieures de technologie, est « tributaire des conditions juridiques, administratives et techniques », précisant que sa mise en œuvre « ne sera pas effectuée en une année ou deux, mais nécessitera plusieurs années pour lui garantir les conditions de réussite ». C'est donc implicitement un aveu de la précipitation qui avait entouré ce projet dont les étudiants n'avaient pas manqué de souligner le manque de concertation avec l'ensemble des acteurs. D'ailleurs, El Moussali a estimé que « l'implication des parties concernées directement par ce ce sujet, notamment l'Université, ses structures et ses conseils, est une priorité pour le succès de cette opération ».
Pour atteindre le but escompté, a-t-elle poursuivi, plusieurs discussions et rencontres ont eu lieu, « dans le cadre d'une approche participative notamment avec les présidents des universités, les directeurs d’écoles nationales des sciences appliquées, et les différents acteurs concernés, notant que cette rencontre a permis de mettre le point sur la situation actuelle, et les différentes difficultés entravant le bon déroulement des études au sein de ces écoles », de même que plusieurs propositions ont été soumises « pour résoudre la question du boycott des étudiants de l'ENSA de leurs cours pendant plus qu'un mois ».
Ainsi, et en vue « de lever toute confusion et bannir toute mauvaise interprétation du décret de la part des étudiants », le ministère a adressé, il y a une semaine, une note aux présidents des universités les incitant à organiser des rencontres de communication avec les étudiants, en présence des professeurs et des cadres administratifs responsables, notamment les directeurs d'écoles afin d'expliquer le contenu de la note et toutes les nouveautés, a expliqué la ministre.
Manoeuvres dilatoires et tergiversations
Elle a aussi précisé « qu'après compréhension des étudiants de la note, et après avoir pris conscience de l’inexistence de changement à l'heure actuelle, il n'y a plus de motif pour boycotter les cours aux écoles nationales des sciences appliquées », ajoutant que ces étudiants « vont reprendre leurs études de manière normale ».
La ministre n'a pas manqué de souligner que les étudiants « sont parfaitement conscients de leur responsabilité dans cette période critique, et des effets de ce boycott sur leur avenir scientifique et académique mais aussi professionnel », notant « qu'ils sont aussi conscients du danger de la persistance de cette situation ».
Opposés au projet de fusion de leurs établissements en vue de créer des Ecoles polytechniques, les étudiants des ENSA qui boycottent les cours depuis plusieurs semaines ont estimé qu’il s’agit de « manœuvres dilatoires et de tergiversations ayant pour simple objectif d’enrayer le mouvement ». Leur mobilisation devrait donc se maintenir, des actions sont toujours programmées et ce dès lundi.
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