L’économiste et Prix Nobel Joseph Stiglitz veut mettre les paradis fiscaux en «quarantaine»
Le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz et l’expert anti-corruption suisse Mark Pieth avaient durant l’été claqué la porte du comité de spécialistes mis sur pied par le Panama après les révélations des Panama Papers d’avril, en dénonçant des vélléités de censure du président du pays, Juan Carlos Varela. Ils publient, mardi 15 novembre, le fruit de leurs réflexions poursuivies en solo sur les paradis fiscaux et le monde de l’offshore, dans un rapport intitulé « vaincre l’économie de l’ombre ».
« Les régulateurs américain et européen devraient traiter les paradis fiscaux comme les porteurs d'une dangereuse maladie. Sans contrôle, ça peut se propager comme un virulent virus ». La comparaison est signée Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001. Dans le rapport publié rédigé avec l'expert anti-corruption Mark Pieth, l'économiste américain expose ses idées destinées à combattre « l'économie souterraine (…) Nous savons quoi faire avec les dangereuses maladies contagieuses : quarantaine », assènent-ils.
Les recommandations de Joseph Stiglitz et Mark Pieth pour lutter contre les paradis fiscaux https://t.co/QhY0f8xaoH
&mdash Actualité économique (@eco_actu) November 15, 2016
Selon les deux auteurs, l'Europe et les Etats-Unis, « en tant que leaders économiques », doivent prendre la tête de la lutte contre les paradis fiscaux, qu'ils définissent comme des « juridictions qui sapent les normes mondiales en matière de transparence financière et des entreprises ». « Il y a un point de vue largement partagé, selon lequel ces paradis existent uniquement parce que les Etats-Unis et l'Europe regardent ailleurs », estiment Joseph Stiglitz et Mark Pieth
A message to #Panama ? “Transparency is only as strong as the weakest link” says NEW Stiglitz #PanamaPapers report https://t.co/7k74DnhbET pic.twitter.com/8BAiSU2rmh
&mdash Transparency Int'l (@anticorruption) November 15, 2016
Or, « si les paradis fiscaux servent de centres pour (...) l'évasion fiscale ou facilitent de quelque manière que ce soit la corruption ou les activités illicites, ils agissent comme des parasites et devraient être isolés de la communauté financière mondiale », poursuivent-ils dans ce rapport, qui fait suite à leur participation à un comité d'experts indépendants créé en avril par les autorités panaméennes après le scandale des Panama Papers, dont ils ont finalement démissionné en août en raison de "divergences de vues" sur leur travail, qu'ils souhaitaient rendre public.
Retrouvez tous nos articles sur les Panama Papers
La question des cabinets d'avocats
Selon eux, la détention d'un compte par un particulier dans un paradis fiscal pourrait facilement être interdite, tout comme le fait d'être actionnaire, directeur ou administrateur d'une entité localisée dans une de ces « juridictions non-coopératives ». De même, l'établissement par une banque de relations avec ces pays pourrait être rendue « illégale ».
Parmi leurs autres constats et propositions, la nécessité de s'attaquer, non pas seulement aux banques, mais aussi aux intermédiaires comme « les cabinets d'avocats » qui jouent « un rôle pivot » dans l'opacité des montages financiers. Ils invitent également à renforcer la protection des lanceurs d'alerte, à lutter contre les arrangements fiscaux, ainsi qu'à identifier les véritables bénéficiaires des entreprises et des comptes offshore.
©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite.