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12.02.2017 à 15 H 17 • Mis à jour le 12.02.2017 à 15 H 22
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Espagne: qui est Pablo Iglesias, le professeur qui bouleverse l’échiquier politique?

Pablo Iglesias à Madrid le 12 février 2017 – © PIERRE-PHILIPPE MARCOU/ AFP
Pablo Iglesias, ancien conseiller de la présidence du Venezuela, où il a découvert le socialisme du XXIème siècle d'Hugo Chavez, avait acquis dès les années 2010 une certaine notoriété, en animant sa propre émission politique sur internet

Passionné et sincère pour les uns, dangereux et populiste pour les autres :Pablo Iglesias a renforcé dimanche sa mainmise sur Podemos, parti espagnol de gauche radicale qu'il dirige depuis 2014, obtenant le plesbicite des militants face aux luttes internes.

"Unité, humilité !", a hurlé dimanche Pablo Iglesias devant les milliers de sympathisants dans un palais des congrès de Madrid.

"Le vent du changement souffle encore", a-t-il ajouté après avoir remercié les militants qui ont tranché le débat l'opposant à Inigo Errejon, son numéro deux.

Pendant des mois, ces deux enseignants en sciences politiques s'étaient déchirés sur la stratégie que le parti anti-establishment devenu un modèle pour la gauche radicale européenne, devait adopter.

Podemos, devenu la troisième force politique en Espagne, était fragilisé en interne par ces divisions.

Un programme anti-système

Iglesias, l'enfant du quartier ouvrier de Vallecas à la longue queue de cheval l'a cependant emporté, son programme politique plus "anti-système", ayant été choisi par 56 % des militants, qui l'ont aussi élu secrétaire général avec 89 % des voix.

Pablo Iglesias, ancien conseiller de la présidence du Venezuela, où il a découvert le socialisme du XXIème siècle d'Hugo Chavez, avait acquis dès les années 2010 une certaine notoriété, en animant sa propre émission politique sur internet.

Excellent orateur, il s'est ensuite distingué comme député au Parlement européen (2014-2015) et enfin au Congrès des députés espagnol depuis janvier 2016 comme chef de file de son parti.

Fils unique de républicains qui s'étaient rencontrés au pied de la tombe du fondateur du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), il porte le prénom et premier nom de ce dernier, Pablo Iglesias Posse, et ne laisse personne indifférent.

Un dédoublement de personnalité

On le dit tour à tour cassant et doux comme "un agneau". Et l'ancien chef du gouvernement socialiste Felipe Gonzalez - farouche détracteur - a même cru diagnostiquer chez lui "un dédoublement de personnalité".

En créant Podemos avec une poignée d'universitaires, dont Inigo Errejon, en janvier 2014, Pablo Iglesias a su capter une bonne partie des voix du mouvement des "Indignés", né en 2011 à Madrid pour dénoncer les politiques d'austérité et la corruption endémique des grands partis.

La politique a toujours collé à la peau de ce Madrilène au regard marron et perçant.

Enfant d'une avocate spécialisée en droit du travail et d'un inspecteur du travail emprisonné sous la dictature de Francisco Franco (1939-1975) pour appartenance à un groupe armé - il était déjà membre des Jeunesses communistes à 14 ans.

Puis il s'est bardé de diplômes - doctorat en sciences politiques, licence en droit, master de communication et ressources humaines - avant d'enseigner cinq ans à l'université Complutense de Madrid.

De Marx à Game of Thrones

Proche des mouvements antiglobalisation et inspiré par le fondateur du Parti communiste italien Antonio Gramsci, il cite aussi volontiers Marx, mais aussi les séries américaines, comme Game of Thrones, dont il se sert pour expliquer la politique.

Pour son ancien professeur Ramon Cotarelo, il fut un étudiant "prévenant" et un élève "brillant", rêvant de "peser sur la vie publique de manière radicale".

Une "fausse image", proteste un ancien collègue à l'université, Antonio Elorza, pour qui il "ne défendait aucune cause juste, histoire de ne pas perdre une once de pouvoir".

Il obsède en tout cas les cadres du Parti socialiste qui, en privé, assurent que ce "léniniste populiste" veut "éliminer" leur formation centenaire.

Proche du Premier ministre grec Alexis Tsipras, il avait collé sur son téléphone portable le slogan "Syriza, Podemos, nous vaincrons".

Mais la droite aime surtout l'attaquer pour ses liens avec le régime du défunt Hugo Chavez au Venezuela, où il s'est rendu trois fois.

Ces derniers mois "il s'était senti isolé", ayant le sentiment que des choses se tramaient dans son dos, a déclaré un proche, sous couvert de l'anonymat.

L'équipe d'Errejon, elle, avait dénoncé "des purges", au sein du parti, manquant de démocratie.

Ironie de l'histoire : dans sa thèse consacrée en 2011 au parti de gauche d'Evo Morales en Bolivie, Errejon remerciait Iglesias, "camarade à l'esprit incisif et à la volonté bolchevique" de lui avoir "enseigné que l'art de la guerre se pratique avec méthode et fermeté".

(Avec AFP)

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