Comment Netanyahou a refusé en 2016 un plan de paix historique pour mettre fin au conflit
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a rejeté un plan de paix régional prévoyant la reprise des négociations pour une solution à deux Etats et la reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif il y a moins d’un an, a révélé ce dimanche 19 février Haaretz.
La proposition, résultat de plusieurs mois de négociations menées par le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait culminé par une réunion secrète entre Netanyahou, Kerry, le président égyptien Abdelfattah Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II.
Des fuites émanant du staff d'Obama
Malgré l’inclusion des deux principes cruciaux dont Netanyahou a déclaré à plusieurs reprises qu’ils étaient impératifs pour conclure un accord de paix, la reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif et la coopération avec les pays arabes de la région, le premier ministre israélien aurait rejeté cette proposition, affirmant qu’il ne pourrait pas la faire approuver par sa coalition.
Kerry avait initié le sommet après des négociations complexes avec les voisins d’Israël et avec ses acteurs politiques internes. Les informations sur la proposition et la rencontre secrète viennent de deux anciens responsables de l’administration Obama qui ont demandé à rester anonymes, a annoncé Haaretz.
Exclusive : Kerry Offered Netanyahu Regional Peace Plan in Secret 2016 Summit With al-Sissi, King Abdullahhttps://t.co/d3mTjJwpUP
&mdash Haaretz.com (@haaretzcom) February 19, 2017
Le projet aurait compris les six principes pour guider la résolution du conflit israélo-palestinien que Kerry a énoncé dans son dernier discours sur le sujet en tant que secrétaire d’Etat en décembre. Ce discours fustigeait également l’activité continue de construction dans les implantations d’Israël.
Tout d’abord, avait déclaré Kerry, la paix doit fournir des frontières sûres et reconnues, basées sur les lignes de 1967, avec des échanges de territoires acceptés par les deux parties, et un état continu pour les Palestiniens.
Les autres principes étaient la réalisation de la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies, qui appelle à deux états pour deux peuples une solution juste et « réaliste » au problème des réfugiés palestiniens qui « n’affecte pas le caractère fondamental d’Israël » des capitales partagées à Jérusalem qui garantissent l’accès libre aux lieux saints et aucune re-division de la ville la sécurité d’Israël garantit avec « la fin de l’occupation de la Cisjordanie » et un terme final au conflit et à toutes les revendications en suspens avec la mise en place de relations normalisées.
Sissi et Abdallah II devaient faire pression sur Abbas
Alors que Sissi et Abdallah II ont tous les deux accepté la proposition et concédé de faire pression sur le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour qu’il l’accepte, Netanyahou « a évité de donner une réponse claire au projet proposé », selon Haaretz, qui cite les responsables de l’administration Obama. Il a cependant accepté de publier un communiqué « citant positivement » l’initiative de paix arabe, en échange d’un sommet de paix régional comprenant plusieurs états sunnites.
L’initiative de paix arabe de 2002 demande des concessions décisives à Israël, dont un retrait total de Cisjordanie, la mise en place d’un état palestinien avec sa capitale à Jérusalem-Est et une solution négociée au problème des réfugiés palestiniens. En échange, de nombreux états arabes reconnaitraient officiellement Israël et mettraient en place des relations normalisées avec l’Etat juif.
Même s’il n’a pas été précisé si la proposition avait été officiellement rejetée, elle a déclenché une série de développements politiques en Israël qui ont mené Netanyahou à soutenir en partie l’Initiative de paix arabe et à proposer de négocier avec le monde arabe les paramètres du plan.
Le bureau de Netanyahou qui avait refusé de commenter l’information a finalement confirmé les révélations de Haaretz tandis que des figures politiques du Likoud justifiaient le refus par le fait qu'une solution à deux Etats aurait mené à un « désastre » pour Israël.
(Avec Agences)
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