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06.06.2017 à 19 H 13 • Mis à jour le 06.06.2017 à 20 H 23
Par
Reportage

Au procès d’Al Hoceima, la police sur le banc des accusés

Des manifestants s’opposent à la police anti-émeutes à Al Hoceima le 22 mai 2017. FADEL SENNA / AFP
Le temps des mobilisations massives de rue à Al Hoceima laisse place, graduellement, au temps des procès. Dans cette nouvelle phase du Hirak, la maitrise de l’agenda a changé de camp, elle est passée du côté de la machine judiciaire. Compte rendu d’un procès sous tension

De notre envoyé spécial à Al Hoceima


A l’entrée du Tribunal de première instance (TPI) d’Al Hoceima, des véhicules de la Brigade d’intervention rapide (BRI) et des Forces auxiliaires quadrillent le boulevard Tarik Ibn Ziyad. Il est 13h, le procès du Groupe d’Al Hoceima reprend aujourd’hui, le 6 juin. Cette deuxième audience est très attendue par la défense et les familles des 35 personnes poursuivies dans le cadre dossier en lien avec le mouvement protestataire du Rif. Le procureur du roi devrait présenter l’expertise médicale demandée par les avocats de détenus, suite à des allégations de torture et sévices subis de la part des services de sécurité lors des arrestations et des interrogatoires du 28 et 29 mai dernier.



Le parquet refuse l’expertise médicale

La salle n°2 du TPI d’Al Hoceima affiche complet. Les familles des poursuivies sont venues en nombre, 80 avocats représentent la défense et plus d’une trentaine d’associations nationales et locales sont présentes. La salle manque de l’équipement nécessaire pour garantir le déroulement d’un procès dans de bonnes conditions. Absence de micros pour les avocats, des climatiseurs hors service et des accusés restés debout durant les quatre heures de cette audience.



Le procès démarre dans ces conditions déplorables. Premiers griefs de la défense, l’absence de l’expertise médicale « comme s’est engagé le parquet lors de la précédente audience », rappelle Me Lahbib Hajji, un membre de la défense. Le procureur s’est contenté de réaliser des certificats médicaux pour les détenus. « C’est inacceptable de la part de cette institution. Nous avons demandé une expertise indépendante et complète qui puisse statuer sur le cas de torture », ajoute Me Abdelmajid Azeryah, avocat au Barreau de Nador.


Un fourgon de police devant le tribunal d'Al Hoceima le 6 juin 2017. SALAHEDDINE LAMAIZI


Cette expertise indépendante a été exigée suite aux déclarations d’une partie des prévenus. Selon les PV de police que Le Desk a pu consulter, neuf détenus affirment avoir subis des sévices corporels à des degrés divers. Trois cas ont été révélés par la défense. Il s’agit de Said Talal qui aurait subis, selon ses déclarations devant la Police judiciaire, des sévices au niveau de son appareil génital. Tarik Laânis aurait également subis des mauvais traitements. « Mon client a perdu toute capacité à parler. Il souffre d’un handicap au niveau de sa mâchoire », accuse son avocat. Troisième cas, c’est celui de Mourad Zefzafi, cousin du leader du Hirak. « Mourad est cas emblématique de ces mauvais traitements. Il a été victime de violence et abus causant plusieurs ecchymoses sur tout son corps et notamment sur son visage », explique devant la Cour Me Azeryah. D’autres cas, évoquent des coups de matraques au niveau de parties sensibles du corps notamment aux visages.


Report du procès au 13 juin

Face à ces graves accusations, le ministère de la Justice avait nié en bloc tous ces cas de mauvais traitements, tout étant ouvert à la réalisation d’une expertise médicale indépendance. Une démarche que le parquet d’Al Hoceima ne souhaite pas concrétiser.


Le procès a été reporté au 13 juin prochain. Pour rappel, le parquet poursuit les 35 personnes, dont 7 en liberté provisoire, pour « outrage et violence à fonctionnaire public » (art. 263 du Code pénal), « violences envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions » (art. 267) « rébellion armée » (art. 300, 301 et 302 et 303), « destruction de véhicules et biens d’utilité publique » (art 592) et enfin « l’organisation de rassemblement sans avis préalable et non autorisé sur la voie publique » (de l’article 11 à l’article 19 du Code des libertés publiques). Les 35 personnes poursuivis risquent des peines de prison entre un mois et 10 ans de prison ferme.

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