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16.06.2017 à 18 H 32 • Mis à jour le 16.06.2017 à 18 H 33
Par
Algérie

En Kabylie, des marches commémorant le « Septembre noir », violemment réprimées

14 juin 2017. Les manifestants kabyles durant la marche du souvenir en commémoration de la répression sanglante de 2001. MAK
Chaque année, en Kabylie, la commémoration des tragiques événements de septembre 2001 est l’occasion pour les indépendantistes de la région berbère, limitrophe d’Alger, de faire valoir le caractère identitaire du mouvement politique qui l’anime. Des heurts ont opposés forces de l’ordre et manifestants les 14 et 15 juin, rappelant encore une fois les plaies ouvertes depuis l’aube de l’indépendance algérienne

Un rassemblement auquel avait appelé le Mouvement d’autonomie kabyle (MAK-Anavad) à Azazga, 35 km à l’est de Tizi Ouzou, à l’effet de rendre hommage aux victimes du printemps noir de 2001 et commémorer la sanglante répression de la marche du 14 juin 2001 à Alger, a été violemment réprimé par la police le mercredi 14 a rapporté TSA, citant des sources locales.


Selon El Watan, les marcheurs ont convergé vers le lieu de la mort de Kamel Irchène, tué par des gendarmes, le 27 avril 2001, lors des événements tragiques qui avaient à l’époque secoué la Kabylie. Ce jeune du village d’Aït Aïssi dans la commune de Yakouren, élevé depuis en martyre de la cause Kabyle, « avait écrit de son sang le mot liberté sur un mur avant de succomber à ses blessures ». Là, une gerbe de fleurs a été déposée à la mémoire du défunt.


« Une foule importante, qui scandait des slogans hostiles au pouvoir et en faveur de l’indépendance de la Kabylie, s’est rassemblée dans la matinée pour déposer une gerbe de fleurs sur le lieu de l’assassinat d’une des victimes de la répression de la Gendarmerie en 2001 », a relaté de son côté, TSA.


2 millions de manifestants, une centaine de morts

Cette année-là, la violence de la répression contre près de deux millions de personnes battant le pavé des villes et localités, jusqu’à Alger, avait causé une centaine de morts, après l’assassinat par des gendarmes, à Beni Douala, d’un jeune lycéen, Massinissa Guermah.


« Est-il étonnant que cette nouvelle révolte ait démarré dans cette région culturellement distincte et traditionnellement frondeuse ? C’est ici qu’eut lieu, en 1871, le Grand Soulèvement kabyle, noyé dans le sang par les mêmes généraux français qui avaient écrasé la Commune de Paris...C’est également là que se déroulèrent, de 1954 à 1962, les principaux combats de la guerre d’indépendance et que la répression coloniale s’exerça avec la plus grande férocité. Là encore que, le 20 avril 1980, au cours du « printemps berbère », éclatèrent les émeutes des étudiants réclamant la reconnaissance de la culture amazighe, si sévèrement réprimées… », écrivait à l’époque Ignacio Ramonet dans Le Monde diplomatique.


Imposante manifestation de soutien à l'indépendance de la Kabylie organisée par la diaspora de la région à Paris. TAMURT


Il faut dire que la région Kabyle occupe une place très particulière dans la construction de l’Etat algérien. Depuis l'indépendance du pays en 1962, elle est dans une relation de tensions cycliques et quasi structurelles avec le pouvoir central, ponctuée par des phases de dialogue, souvent stériles, et des situations de blocage et d'affrontement. Insurrection armée au lendemain du départ de la France, boycotts électoraux récurrents, abstention massive lors de tous les scrutins nationaux, manifestations, grèves générales, grèves scolaires, affrontements et émeutes, répressions violentes, parfois sanglante, assassinats ciblés, et arrestations ponctuent de manière récurrente les relations entre les autorités et la Kabylie.


Une « Journée de la nation kabyle »

Le rassemblement du 14 juin, qui a duré près d’une demi-heure durant lequel les manifestants du souvenir ont scandés des slogans du MAK de Ferhat Mehenni explicitement favorables à l’indépendance de la région, est à lire de cette perspective historique. Ce n’est pas un hasard si l’anniversaire du grand soulèvement de 2001 est appelé désormais « Journée de la nation kabyle » et que des appels à soutenir le Hirak rifain au Maroc aient été lancés lors d'attroupements en Algérie.


Veillée de soutien au Hirak rifain à Bejaïa. SOFIANE BOKORI


Des policiers les ont alors chargé dans le tumulte des cris et des tirs de grenades lacrymogènes. « Près d’une centaine de manifestants ont été interpellés et plusieurs blessés ont été enregistrés », ont indiqué des témoignages concordants. De nombreux militants kabyles ont également été interceptés au niveau des barrages de police dressés sur les routes menant vers Azazga.


Des images d’altercations ont été filmées lors des face-à-face rugueux entre manifestants et forces de l’ordre. L’une d’elle montre Rachida Ider, présidente de la Coordination-Ouest du mouvement, violemment malmenée et traînée à même le sol par des agents en civil.



Dans la soirée, un second rassemblement des militants du MAK à Larbâa Nait Irathen a lui aussi été dispersé par la force, après qu’une interpellation musclée d’un manifestant. Les échauffourées se sont poursuivies jusqu’au petit matin ont indiqué plusieurs sources locales.

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