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25.06.2017 à 04 H 26 • Mis à jour le 25.06.2017 à 04 H 26
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Compte-rendu

Hirak : l’Intérieur conteste le rapport du collectif des ONG sur les événements du Rif

Un rang de policiers anti-émeutes face à la foule de Sidi El Abed sur les hauteurs d’Al Hoceima le 9 juin 2017 au soir. LOUIS WITTER / LE DESK
Une source sécuritaire, qui a cependant requis l’anonymat, a commenté pour Le Desk le rapport accablant établi par le collectif des ONG par rapport à la gestion sécuritaire des manifestations à Al Hoceima et Imzouren en particulier. Une communication dont l’objet est « d’apporter des précisions sur quelques points contentieux » à propos des conditions d’interpellation, des allégations de torture et de l’usage jugé excessif de la force

Au-delà des questions de fond, politiques, économiques et sociales soulevées par le mouvement contestataire du Rif, c’est la gestion sécuritaire des manifestations qui a inquiété et suscité la désapprobation de nombre d’observateurs nationaux et internationaux.


Critiques et accusations ont fait état d’un usage excessif et disproportionné de la force coercitive contre des manifestants, qui, dans l’ensemble sont demeurés attachés, des mois durant, au caractère pacifique de la fronde.


Le collectif regroupant une vingtaine d’organisations non-gouvernementales a récemment rendu public un rapport accablant sur les dépassements constatés lors des nombreuses interpellations et sur les affrontements sporadiques qui ont eu lieu, notamment après la décapitation du Hirak.


A la veille de l’ouverture des principaux procès des leaders du mouvement devant la Cour d’appel de Casablanca et alors que la situation sur le terrain à Al Hoceima et dans les localités avoisinantes a été verrouillée par les forces de l’ordre, le ministère de l’Intérieur estime que les comptes rendus établis par les différentes organisations de défense des droits de l’Homme ont « manqué d’objectivité ».


Au plus fort des événements, Le Desk a rapporté avec précision, à travers une série de reportages à Al Hoceima comment le mouvement dessaisi de son encadrement et poussé dans ses retranchements dans certains quartiers comme Sidi El Abed, Hay Marmoucha ou encore Barrio Roman, a mené des batailles rangées contre la police anti-émeutes à la nuit tombée, alors qu’en journée, les arrestations se succédaient.


Une source sécuritaire, consultée par Le Desk a voulu exprimer, mais sous couvert d’anonymat, la position du ministère de l’intérieur sur le contenu du rapport établi par le collectif des ONG décrivant des faits de violences policières qui sont intervenus avant les premières arrestations et durant toute la période qui a succédé aux rassemblements lorsque la situation a quelques fois dégénéré au gré des heurts, de jour comme de nuit.


Un rapport jugé parcellaire et constellé d'erreurs factuelles

La source estime que les informations rapportées par ce rapport sont « parcellaires, voire fausses », et « n’obéissent pas aux critères d’un travail d’investigation nécessitant un compte rendu chiffré ». Elles font état, toujours selon elle, « d’allégations erronées, comme celles de la mise à nu des manifestants embarqués dans les fourgons de police », ou encore sur « le fait qu’ils aient été délestés de leur argent », « des rumeurs disséminées sur les réseaux sociaux et que le rapport en question a estimé crédibles, sans pouvoir en citer les témoignages précis pour les corroborer ».


Malgré le nombre impressionnant d’arrestations, l’Intérieur réfute l’appellation de « rafles ou de campagne d’enlèvements », affirmant que pour chaque interpellation, « les familles et les proches ont été systématiquement avisés ». Le fait est, selon cette même source, que « la généralisation de rumeurs non fondées et non vérifiées est devenue la règle ». Les cas de plusieurs militants du Hirak ayant déserté leur domicile de crainte d'être pris dans les filets de la police ont alimenté un temps de fausses nouvelles sur leur éventuelle détention arbitraire, reconnaissent par ailleurs des proches du mouvement contestataire.


Autre accusation plus lourde, les cas de supposées tortures signalées. Hormis les altercations parfois violentes avec les personnes recherchées, la source, citant en particulier le cas de Nasser Zafzafi, le leader du Hirak, estime qu’« aucune définition de la torture ayant un quelconque motif ne peut s’appliquer ». Les avocats de la défense ont pour leur part fait état de traitements dégradants, de séances d’humiliations et de brimades dans les moments ayant suivi les arrestations. Mais la source, veut pour preuve l’avis de ces mêmes avocats sur le traitement réservé par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) lors des interrogatoires préliminaires, jugé respectueux de la règle de droit. Elle ajoute que les avocats ont constaté ces faits lors des séances d’entretien avec les détenus, ajoutant que des expertises médicales qui seront révélées lorsque le secret de l’instruction sera levé, viendra attester de cela. Expertises, qui ont été requises par la justice ou ordonnées suite à une requête de la défense.


Des images de torturés syriens pris pour exemple

« Il s’agit d’une confusion faite par les ONG entre la force publique sur le terrain qui peut faire face à des résistances physiques et du rôle des officiers de la police judiciaire. Cela s’est répété dans la rédaction de leur rapport compte tenu de leur opinion prédéterminée qui manque de neutralité parlant d’esprit de vengeance alors que les corps en question (ceux qui dispersent les manifestants et ceux qui procèdent à leur arrestation) sont distincts », a poursuivi la source, qui souligne que le rapport s’est largement inspiré dans son récit de certaines photographies circulant sur les réseaux sociaux n’ayant aucun rapport avec les événements du Rif, concernant pour la plupart la situation vécue en Syrie ou dans d’autres théâtres de guerre au Moyen-Orient.


La réquisition des écoles par la police est aussi un autre sujet de discorde. Un paragraphe entier y est consacré dans le rapport citant en titre « des violations de l’enceinte des institutions éducatives ». Or, précise la source, « il n’a pas été fait usage d’établissements scolaires, d’ailleurs la saison scolaire n’était pas encore clôturée au moment des faits ». Et d’ajouter, « le seul bâtiment utilisé a été un centre administratif relevant de la délégation régionale de l’enseignement, vacant de ses occupants, ayant bénéficiés d’un nouveau local ». « Les forces de l’ordre avaient mis en place un dispositif mobile pour leurs besoins logistiques », explique-t-elle.


Quant à l’épisode d’Imzouren, durant lequel un immeuble abritant un dortoir des policiers anti-émeutes a été saccagé et incendié, la source regrette que le rapport ait « sciemment affranchi les casseurs de toute responsabilité en faisant allusion aux thèses complotistes qui voudraient que les autorités aient mis eux mêmes le feu à l’édifice pour accuser le Hirak ». « C’est totalement absurde et inacceptable », martèle la source, parlant « d’évidences filmées où l’on distingue les éléments des forces de l’ordre s’échapper des flammes en pleine nuit alors que des groupes cagoulés entravaient par des jets de pierre l’arrivée des secours ».

 

Idem pour « le manque de neutralité des rédacteurs du rapport » sur le nombre de blessés, « dont le dénombrement montre que la police anti-émeutes a plus pâti des actes de violence lors des échauffourées ». Un argument relativisé par ailleurs, certains manifestants ayant tout simplement évité de se présenter dans les centres de soin de peur d’être identifiés, affirment des sources militantes du Hirak.


La question des conditions légales d'interpellation

Le rapport cite aussi l’usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour décrire la violence excessive des forces de l’ordre, ce que balaie la source sécuritaire citant « des moyens conventionnels anti-émeutes tels que mis en usage partout dans le monde et utilisés de manière ciblée et restreinte ». Elle ne fait pas cependant de commentaire sur l’utilisation de lance-pierres par certains éléments de la police, un fait documenté par des images prises lors des affrontements avec certains jeunes.

 

Autre confusion, souligne ce représentant du ministère de l’Intérieur, concerne les allégations d’arrestations ne respectant pas les procédures légales, notamment en ce qui concerne les heures d’intervention de la police. Pour lui, citant la loi, « les modalités légales d’une arrestation ne sont pas les mêmes que celles d’une perquisition d’un domicile ou d’un lieu privé, la première pouvant intervenir à n’importe quel moment, alors que l’autre est encadrée par un horaire dont le dépassement peut se faire dans certaines conditions exceptionnelles ».

 

Il en est de même pour l’absence d’instruction d’un juge comme cela a été soulevé par le rapport des ONG, « qui n’est pas nécessaire dans un cas de flagrance », insiste à dire la source. Cette autorisation préliminaire est soumise à autorisation écrite dans le cas de la perquisition. Une distinction fondamentale « qu’omet de préciser ledit rapport ».

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