S'abonner
Se connecter
logo du site ledesk
Newsroom
Le meilleur de l’actualité au fil des événements

Connectez-vous

Mot de passe oublié ?

Abonnez-vous !

Découvrez l'offre de lancement du Desk

60 DH
1 mois
Découvrir les offres
02.07.2017 à 23 H 25 • Mis à jour le 02.07.2017 à 23 H 25
Par
Reportage

A Paris, un millier de personnes ont battu le pavé pour le Hirak

Des manifestants pro-Hirak rassemblés place de la République le 2 juillet 2017. LOUIS WITTER / LE DESK
Ce dimanche 2 juillet, ils étaient près d’un millier de manifestants rassemblés entre la Bastille et République pour soutenir le Hirak à l’appel du « Comité de soutien au mouvement rifain - Ile de France ». Certains sont venus de Belgique pour rallier la marche et scander des slogans en faveur de la libération des détenus

Sur la place de la Bastille, le soleil point à peine à travers les nuages, la pluie a cessé de tomber sur la Colonne de Juillet. Déjà plusieurs centaines de manifestants sont massés devant un café, prêts à partir. Lancée à l’appel du « Comité de soutien au mouvement rifain - Ile de France » (Csmr-Idf), la marche qui va rallier la Place de la République ne bénéficie que d’une voie de bus pour défiler. « Le peuple demande la libération de tous les détenus ! » scande la foule.


La liberté pour les détenus du Rif, principale revendication du comité de soutien parisien. LOUIS WITTER / LE DESK
Le rassemblement non loin de la Colonne de Juillet ont déployé un grand drapeau de la République du Rif alors que les marcheurs étaient enveloppés dans celui de tous les Amazighs d'Afrique du Nord. LOUIS WITTER / LE DESK


Parisien originaire du Rif, Karim est venu manifester aujourd’hui en solidarité avec le mouvement né à Al-Hoceima. « Je garde une image en tête, quand j’étais petit en 84 et que j’ai vu des gens se faire tirer dessus pour avoir manifesté. Nous, on a grandi avec le portrait d’Abdelkrim dans la maison » se remémore cet homme de 37 ans, le pas au rythme de la manifestation.


Des manifestants du comité de soutien de Lille en tête de cortège place de la Bastille. LOUIS WITTER / LE DESK
Le comité de soutien de Montpellier sur le Bd Beaumarchais. LOUIS WITTER / LE DESK


Au milieu de la marche, boulevard Beaumarchais, une femme d’une quarantaine d’années invective les manifestants : « Traîtres ! Vive le Maroc ! Vive le Maroc ! Vive Mohammed VI ! ». Un policier en civil qui encadre le cortège appelle sa collègue et commence à tenter de l’éloigner alors que derrière, des manifestants s’époumonent. « Dégage ! dégage ! » crient-ils. Le policier, excédé, fait finalement embarquer la « baltajia » solitaire du boulevard Beaumarchais dans un véhicule banalisé.


Une femme qui a accusé les manifestants de traitres après avoir crié Vive Mohammed VI a été embarquée par la police. LOUIS WITTER / LE DESK


Pour Karim, « le Rif est abandonné. Le Maroc préfère le vendre aux saoudiens plutôt que de le développer. » Et d’expliquer, « Là par exemple près de chez moi, un saoudien a racheté une colline, pour s’y faire construire son truc. Alors que les investissements locaux, ils ne marchent pas ! »


Des pancartes réclamant la libération de Nasser Zafzafi, leader du Hirak omniprésentes lors de la marche. LOUIS WITTER / LE DESK


La France interpellée par le comité de soutien

Un peu plus loin, le menton caché par la grande banderole du « Comité Mohsine Fikri Belgique », Bouzoubaa raconte son engagement. Le belge originaire du Rif a pris la route à neuf heures du matin pour être là au rassemblement. « Nous avons créé notre comité le 30 octobre 2016, juste après la mort du vendeur de poissons. Nous sommes là aujourd’hui aussi pour demander à la France d’arrêter de protéger la répression au Maroc. Car les revendications des gens sont légitimes ! »


Les comités de soutien européens ont été constitués dès la mort du poissonnier Mohcine Fikri. LOUIS WITTER / LE DESK
Une enfant, juchée sur une souche d'arbre, drapée du drapeau amazigh et portant une pancarte à l'effigie de Nasser Zafzafi. LOUIS WITTER / LE DESK

 

Dans le cortège, une écharpe tricolore se détache. Nezha Chami est élue communiste à Bagneux, en banlieue parisienne. D’origine berbère et « mariée à un rifain », l’élue est venue ici soutenir les manifestants et dénoncer ce qui se passe dans le nord du pays depuis des mois. La marche s’avance peu à peu avant d’arriver sur l’immense Place de la République. « Etat marocain, Etat assassin ! » scandent les manifestants en arrivant au centre des dalles sous les regards curieux des parisiens et des touristes.


Quelques marcheurs ont accusé l'Etat avec des slogans très offensifs. LOUIS WITTER / LE DESK


Originaire d’Imzouren, Alae, 23 ans, est venu de Toulouse ce matin pour manifester. « J’ai fait quelques manifestations depuis octobre, certaines en Belgique, d’autres aux Pays-Bas, donc là c’était normal de faire mes six heures de covoiturage » entame le jeune homme derrière ses lunettes de soleil, « je suis étudiant à Toulouse depuis le début de l’année, mais je viens de l’Université Abdelmalek Essaadi de Tétouan ».


Le portrait de l'artiste Silya, incarcérée à Casablanca, brandi par les marcheurs de Paris. LOUIS WITTER / LE DESK


Depuis le début de la contestation, Alae n’est retourné que deux fois chez lui. Une première en février et une autre en avril. Si ne pas y être en ce moment est difficile pour lui, il soutient autant que possible ses camarades depuis la France, « je compte y repartir dès que j’ai des vacances, en août j’espère, mais il faudra voir comment ça évolue. C’est chaud… »


Des militants arborant le drapeau de la république du Rif. LOUIS WITTER / LE DESK


Pour lui, « il n’y a pas d’autres solutions que de continuer à manifester. Même si il y a des arrestations. Mais pour demander la libération des détenus déjà, c’est le seul moyen ». Déterminé, Oukacha ne l’impressionne pas, « au vu de ce qui se passe, je suis prêt à être arrêté. Si tout le monde doit se faire arrêter, qu’ils arrêtent tout le monde ! Mais je n’ai pas peur ».

©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite