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29.07.2017 à 13 H 07 • Mis à jour le 29.07.2017 à 13 H 08
Par
Energie

Les « princes de Talsint », seigneurs du gaz marocain

Une derrick de forage dans la zone de Tendrara appartenant à Sound Energy. Crédit: PROACTIVE INVESTORS
Partenaires de la junior britannique Sound Energy, les hommes du sérail à l’origine du scandale de Talsint font discrètement main basse sur les meilleures concessions d’exploration de gaz au Maroc en enchaînant les contrats de licence avec l’ONYHM

« Les récentes découvertes de gaz révélées par le britannique Sound Energy dans l’Oriental l’encouragent à renforcer ses positions dans le Royaume », écrit Le Matin, faisant état de l’acquisition de deux nouvelles licences d’exploration gazière par la junior : « Anoual » et « Matarka ».


Bien que la transaction « reste pour le moment soumise à l’approbation des ministères de tutelle », il ne fait pratiquement pas de doute que celle-ci lui sera accordée. « Comme il est d’usage au Maroc, une garantie de 2,95 millions de dollars a été déposée par Sound Energy et ses partenaires pour couvrir les engagements pris dans ces licences », indique la firme.


Sound Energy à l’assaut des meilleures concessions

Dans le détail, Sound Energy a signé deux nouveaux contrats de licence avec l’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym). Le premier concerne la création d’un nouveau permis dans la zone de reconnaissance Meridja, dans l’Oriental.


Baptisée « Anoual », cette nouvelle licence couvre une superficie de 8 863 km². Aux termes de l’accord, Sound Energy détient 47,5 % des intérêts de cette licence. Le reste est réparti entre ses partenaires : Schlumberger (27,5 %) et Onhym (25 %).


« Le permis d'exploration d'Anoual aura une durée de 8 ans », indique la compagnie par voie de communiqué. Le second accord, conclu dans la foulée concerne une nouvelle licence d'exploration dans la zone de reconnaissance de Tendrara, dans l’Oriental également. Cette nouvelle zone, couvrant 5 185 km², dénommée « Matarka » sera répartie entre les trois partenaires selon les mêmes termes que pour le bloc « Anoual ».


Sound Energy affirme progresser dans ses démarches d'acquisition de diverses licences dans l'est du Maroc appartenant à OGIF (Oil &  Gas Development Fund) dont la conclusion est prévue à la fin de ce troisième trimestre.


« Comme annoncé le 20 février 2017, la transaction se soldera par l'acquisition de Sound Energy d’une participation supplémentaire de 20 % dans les permis d'exploration Tendrara, du droit de demander une participation de 75 % dans un permis d'exploration pour la région de Meridja sous réserve de l'approbation réglementaire et les droits de postuler à75 % des intérêts de certaines régions abandonnées du permis d'exploration de Tendrara », précise la junior britannique.


« Le renforcement de Sound Energy dans le Royaume intervient quelques mois seulement après des découvertes de gaz jugées par la compagnie comme très concluantes dans la zone de reconnaissance Tendrara », commente Le Matin.


Ce que ne dit pas le quotidien qui relaie les « succès » de cette « firme britannique » est que cette fulgurante expansion dans la prospection du potentiel gazier marocain est menée en sous-marin par ceux-là même qui étaient à l’origine du fameux scandale de Talsint.


« L’ombre du Palais plane sur le super-deal gazier de Sound Energy. La junior britannique qui a scellé une alliance stratégique avec le fonds marocain OGIF enchaîne les bonnes nouvelles. Une opération qui lui donne accès aux meilleures concessions du royaume dans un remake, mais cette fois réussi, de l’affaire Talsint », écrivait il y a quelques mois Le Desk .


Un remake réussi de l’affaire Talsint

Flash-back. L’aventure désastreuse de Talsint débutait en 1998 par un délit d’initiés. Moulay Abdallah Alaoui, cousin de Mohammed VI, Mohamed Benslimane, beau-frère de Moulay Hicham, Othman Skiredj, frère du général d’aviation Boubker Skiredj, et aide de camp du roi et Abdou Saoud, consul honoraire du Maroc en Californie, tous actionnaires de Medi Holding ont vent du nouveau code des hydrocarbures que concocte le gouvernement de Abderrahmane Youssoufi, à l’automne de cette année-là.


Le code n’est même pas encore passé par les fourches caudines du Parlement, que le quatuor se lance dans le casting des prospecteurs. Ils choisiront Skidmore Energy, une firme américaine détenue par deux aventuriers : John Paul DeJoria, le célèbre « shampooineur de Hollywood » et Michael H. Gustin, qui a grandi au milieu des puits à bascule du Texas comme James Dean dans Géant.


Un Memorandum of understanding conclu en mars 2000, scelle la constitution, en juillet 1999, de Lone Star Energy. Moyennant 12 % de ses actions, les Marocains de Medi Holding promettent dans une lettre princière révélée à l’époque par Le Journal Hebdomadaire, de baliser le terrain aux Américains en prévision du fameux code des hydrocarbures en gestation avec, à la clé, exonérations fiscales, régime préférentiel des changes et autres avantages.


La fameuse lettre du prince Moulay Abdallah, cousin du roi Mohammed VI révélée par Le Journal Hebdo. DR


Cerise sur le gâteau, les wildcatters auront accès à toutes les études géologiques, menées par les différents offices chérifiens, avant et après l’indépendance.


Mais la « découverte » de l’or noir à Talsint, douar perdu au fin fond du « Maroc inutile », annoncée à la télévision par Mohammed VI se terminera, comme on le sait, par un retentissant fiasco et une longue bataille judiciaire au terme de laquelle les Américains seront déboutés.


Une fructueuse alliance avec Sound Energy

L’affaire a depuis été presque oubliée. Ce que l’on sait moins par contre est que l'alliance entre un fonds marocain et la junior britannique Sound Energy pour prospecter les concessions gazières de Tendrara et Meridja, porte la marque des mêmes proches du Palais qui se sont illustrés dans l'affaire Talsint.


Maghreb Confidentiel dévoilait il y a quelques temps que le contrat de mariage entre OGIF et Sound Energy a été rédigé par AFG, une discrète banque d'affaires détenue et dirigée par le même Mohamed Benslimane, acteur de l'affaire Talsint. Il était en effet l'un des actionnaires minoritaires de Lone Star, la firme en partie détenue par le prince Moulay Abdellah Alaoui à l'origine du mirage pétrolier de Talsint.


Mohamed Benslimane a ensuite pris la tête de l'OGIF, fonds créé de toutes pièces en 2008 pour sauver de la faillite Lone Star (rebaptisé entre-temps Maghreb Petroleum Exploration, MPE) et associant Attijariwafa bank, les groupes FinanceCom et Saham, la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et les fonds de retraite CIMR et MAMDA-MCMA.


C'est dans ce contexte qu'OGIF semble avoir repris, en 2013, les intérêts de MPE dans Tendrara, une transaction dont le Journal officiel ne porte aucune trace. Moulay Abdellah Alaoui a lui-même fait affaire directement avec Sound Energy : MPE a cédé au groupe britannique, début 2016, ses intérêts sur le bloc Sidi Moktar…


Un autre compagnon de route de Moulay Abdellah Alaoui a œuvré au rapprochement OGIF-Sound Energy : Rabah Bouchta. Ce géologue, ex-secrétaire général de l'Onarep (Office national d'exploration et de recherche pétrolière, devenu l'ONHYM), avait rejoint Lone Star dès 1999 comme co-directeur général et directeur de l'exploration. Resté administrateur de MPE, il avait rejoint OGIF comme directeur de l'exploration et de la production. Surprise, Sound Energy l'a recruté comme consultant dès son arrivée sur la concession de Tendrara, fin 2014.


Loin de se cantonner à un rôle technique, Rabah Bouchta a donné à Sound Energy la possibilité de décrocher les permis nécessaires et de négocier au mieux avec l'OGIF et l'ONHYM, comme l'a souligné le P-DG de Sound James Parsons devant un parterre d'investisseurs, fin 2016, indiquait Maghreb Confidentiel.


Après quatre mois de forage, la compagnie britannique d’exploration pétrolière et gazière annonçait le 8 août 2016 la découverte de « réserves significatives » de gaz naturel dans la région de Tendrara dans le nord-est du pays. Un premier jalon pour demander avec Oil &  Gas Investment Fund (OGIF), son partenaire local une concession d’exploitation, annonçait la presse.


Les zones d'exploitation de Sound Energy recèlent un potentiel rare sur le territoire marocain. Infographie : Mohamed Drissi Kamili / Le Desk.


Fin janvier 2017, Sound Energy, signait un protocole d’accord avec OGIF pour le rachat de tous les actifs du fonds d’investissement marocain. Celui-ci, détenu par plusieurs institutions financières (Attijariwafa bank, CIMR, CDG, MAMDA-MCMA, Saham, Finance Com et Advisory et Finance Group) contrôlait jusque-là respectivement 20 % et 75 % des parts sur les domaines Tendrara et Meridja.


L’accord conclu, Sound Energy contrôle donc désormais 75 % des participations totales de Tendrara et Meridja avec le statut d’opérateur. Les 25 % restants sont contrôlés par l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM).


En contrepartie, l’OGIF obtenait 272 millions de nouvelles actions ordinaires de Sound Energy. Pour la junior britannique, maintenir le fonds marocain dans le tour de table est de nature à lui procurer « une position très avantageuse au Maroc ». En clair, OGIF acquiert 29 % du capital du second en échange de ses intérêts à Tendrara et Meridja. Un ticket devant servir à ouvrir bien des portes comme le note Africa Energy Intelligence


Il a été également convenu, lors de la signature de l’accord, que les deux partenaires devraient trouver ensemble un montage financier avantageux pour la réalisation du pipeline de raccordement reliant Tendrara au Gazoduc Maghreb Europe (GME) qui transporte actuellement du gaz algérien vers le Maroc et l'Espagne. Une option, si elle est viabilisée permettrait de remplacer une part conséquente de ce gaz algérien par celui de Tendrara, alors que le contrat de livraison liant la Sonatrach algérienne à l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) expire en 2021.


Si le potentiel de Tendrara se confirme, l'ONEE devra également revoir son plan de développement du GNL. Baptisé Gas to Power, celui-ci faisant la part belle à l'importation par voie maritime…


Dans la foulée, Sound Energy dévoilait les résultats positifs de ses tests sur le puits TE-7. A travers un communiqué, James Parsons, directeur général de Sound Energy, exprimait son enthousiasme : « Cette transaction octroie à la firme un portefeuille très attractif et consolidé sur l’Est du Maroc ». Un accord qui, selon Parsons, augmentera de manière significative le potentiel du réservoir de gaz dans la zone avant d’entamer le forage du troisième puits TE-8.


De « bonnes nouvelles » à Sidi Moktar

Le précédent de l'affaire Talsint, incite Rabat à la plus grande prudence à Tendrara. Bien que l'ONHYM soit associé à Sound Energy pour l'exploration de cette concession, sa patronne Amina Benkhadra se garde bien de s'exprimer sur le sujet. La junior britannique, qui doit solliciter un permis de production courant 2017, est nettement plus optimiste. Encouragé par les résultats du forage mené fin 2016, Sound Energy estime être en mesure de lancer l'exploitation commerciale dès 2019, et que le débit permettra d'alimenter une centrale électrique à gaz de 400 MW.


Et les bonnes nouvelles s’enchainent : Sound Energy avait annoncé le 17 mai l’arrivée de la plateforme d’exploration de son partenaire italien Saipem, comme le soulignait Medias24 dans l’autre zone exploitée sous licence, celle de Sidi Moktar qui couvre une superficie de 2700 km située dans la région d’Essaouira. Celle-ci abrite déjà la découverte d’un gisement de gaz et « un potentiel significatif » indique Sound Energy.


La compagnie note que ce gisement prometteur est à proximité d’infrastructures déjà existantes de stockage et de transport de gaz, et proche de Jorf Lasfar et d’installations industrielles de l’OCP notamment.


« Sound Energy adopte un ton résolument optimiste dans son communiqué puisque la compagnie annonce pouvoir commercialiser du gaz pour le marché marocain dès la fin 2017 si les prochains tests se révèlent prometteurs », écrit Medias24.

 

« Sidi Moktar représente l’une des nombreuses opportunités pour obtenir un succès commercial qui ajoutera de la valeur à notre activité dans un futur proche », assure triomphal James Parsons, avant de conclure que le royaume constitue « une zone dynamique pour l’activité des hydrocarbures avec des retombées positives pour le Maroc »…


Cet article est une mise à jour d'une version antérieure datant de mars 2017 .

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