Mohammed VI juge obsolète le modèle de développement marocain
Le Roi Mohammed VI a appelé vendredi à une reconsidération du modèle de développement marocain pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le Royaume à travers « une conception intégrée » propre à lui insuffler un nouveau dynamisme.
Il a estimé que le modèle de développement de son pays était aujourd'hui incapable de « satisfaire les demandes » des Marocains, appelant le gouvernement à le « reconsidérer ».
Les Marocains ont besoin d'une « justice équitable et efficace », d'un « enseignement de qualité », de « bons services de santé », d'une « administration loin de toute forme de clientélisme », a-t-il affirmé dans un discours devant le Parlement pour l'ouverture de la nouvelle année législative.
Or, le « modèle de développement national (...) s'avère aujourd'hui inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens (...) à réduire (...) les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale », a-t-il martelé.
« (…) Nous invitons le gouvernement, le parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer notre modèle de développement pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays », a dit le Souverain dans un discours prononcé devant les membres des deux chambres du Parlement à l'occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 2ème année législative de la 10ème Législature.
Mohammed VI a appelé, dans ce cadre, à ce que soient associés à ce processus de réflexion l’ensemble des compétences nationales, des acteurs sérieux et des forces vives de la nation, restant ainsi fidèle à l’approche participative qu’il a toujours privilégiée pour aborder les problématiques nationales majeures, comme la révision de la Constitution et la régionalisation avancée.
« (…), Nous appelons tout un chacun à faire montre d’objectivité en appelant les choses par leur nom, sans complaisance ni fioriture, et en proposant des solutions innovantes et audacieuses quitte à s’écarter des méthodes conventionnelles appliquées jusqu’ici, ou même, à provoquer un véritable séisme politique », a dit le Roi.
Pour mener à bien cette réflexion, le Roi s’est dit pour l’observation d’une escale à l’échelle de la nation afin de se donner le temps de se pencher collectivement sur les questions et les problèmes qui préoccupent les Marocains.
« Nous contribuerons ainsi à éveiller une prise de conscience de la nécessité de faire évoluer les mentalités qui font obstruction à la réalisation du développement global que nous souhaitons » a souligné Mohammed VI, qui a dit attendre de prendre attentivement connaissance des propositions et des mesures qui seront adoptées pour servir de base à l’élaboration du projet d’un nouveau modèle de développement.
Le Maroc est marqué par de criantes inégalités sociales et territoriales. Cet état des lieux fait manifestement écho à la crise que traverse depuis un an le Rif théâtre d'un mouvement de contestation populaire qui revendique le développement de la région. Des projets d'infrastructures qui devaient y être lancés en 2015 avaient connu du retard, participant à aggraver la situation.
La région pauvre de Zagora, dans le sud du pays, connait elle une pénurie d'eau depuis le début de l'été, qui a donné lieu à des marches de protestation pour réclamer des solutions.
Un rapport officiel rendu public début octobre avait par ailleurs fait état d'une persistance de la pauvreté dans le milieu rural et les zones enclavées.
Il a également appelé à une mise en œuvre « pleine et entière » du projet de « régionalisation avancée ». Ce vaste projet lancé par Rabat en 2010, qui s'appuie sur une décentralisation de l'administration, peine en effet à se concrétiser.
Mohammed VI a affirmé que les progrès enregistrés au Maroc ne profitaient pas aux « jeunes qui représentent plus d'un tiers de la population. Parmi eux, nombreux sont ceux qui souffrent de l'exclusion, du chômage ».
Dans son allocution, le monarque a par ailleurs annoncé la création d'un ministère délégué en charge des affaires africaines, alors que le royaume mène une offensive diplomatique sur le continent.