Sanctions et enquête après la diffusion d’un témoignage audio de Zafzafi sur les réseaux sociaux
Trois fonctionnaires de la prison locale de Ras El Ma à Fès ont été suspendus et déférés devant le conseil disciplinaire, alors que le directeur de l’établissement pénitentiaire a été limogé en lien avec la fuite d'un enregistrement audio de l’intérieur de la prison effectué par Nasser Zafzafi, leader du hirak rifain condamné à 20 ans de prison et sa diffusion sur les sites électroniques et les réseaux sociaux, indique la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR).
Dans son long monologue Zafzafi avait critiqué pêle-mêle, ceux qu’il a appelé les prédateurs du Maroc qui « pillent ses richesses et répriment le Rif » ainsi que « les « oulémas et les télévisions publiques » qui ont, selon ses dires « dénaturé l’objet et la lutte des militants du Hirak ».
Par ailleurs, il a tenu à décrire les actes de « torture » et « d’humiliation physique et psychologique » qu’il dit avoir subis lors de son arrestation. « Ils m’ont roué de coups, craché dessus, mis à terre et arraché mes vêtements. Ils m’ont’ uriner dessus. L’un a frotté son pénis contre mon visage (…) Alors que j’étais menotté, j’ai été sodomisé à l’aide d’un bâton » a-t-il précisé…
Zafzafi a aussi témoigné sur les conditions spartiates de son enfermement dans une cellule exiguë, ses promenades de « quelques minutes » dans la cour de la prison sous haute surveillance etc.
Dans cet enregistrement audio d’une durée dépassant une heure, Zafzafi a considéré la récente profanation du drapeau national par des manifestants indépendantistes rifains rassemblés lors d’une marche à Paris de « d’acte sordide et odieux face auquel il ne faut pas se taire, car nous n’accepterons pas que les sentiments des Marocains soient touchés, que ce soit en brûlant le drapeau national ou des effigies (…) Cet acte et la conséquence de l’ignorance et de la haine de ceux qui ambitionnent de se légitimer en parlant au nom du Hirak », a-t-il déclaré, accusant les auteurs de cet acte de « traitres » qui ont agi de manière « préméditée avec la bénédiction du Makhzen ».
Il a dénoncé cette « marche parallèle » alors qu’il n’avait appelé que pour la commémoration du 3ème anniversaire de la mort de Mohcine Fikri, le poissonnier broyé par une benne à ordure et dont le décès a été l’élément déclencheur des manifestations d’Al Hoceima fin 2016 et courant 2017.
Suite à la fuite de cet audio, l’enquête préliminaire menée à la prison locale de Ras El Ma par une commission d’inspection centrale en lien avec l’affaire, a mené à la suspension de trois fonctionnaires déférés devant le conseil disciplinaire, « en vue d’examiner les infractions qui leurs sont reprochées, outre le limogeage du directeur dudit établissement, dans l’attente du parachèvement de l’enquête administrative pour prendre les mesures juridiques nécessaires à l’encontre de toute personne reconnue responsable dans cette affaire », selon un communiqué de la DGAPR.
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