CSMD: Chakib Benmoussa expose sa méthode

Chakib Benmoussa, nommé le 19 novembre par le roi Mohammed VI à la tête de la Commission spéciale pour le nouveau modèle de développement (CSMD) annoncée par le roi lors de son discours du Trône en juillet, a tracé, dimanche 8 décembre, les contours de son action à un groupe de journalistes conviés à son domicile de Rabat.
Ambassadeur du royaume en France depuis 2012, Chakib Benmoussa, diplômé du MIT et de l’École polytechnique, ancien de l’ONA et ex-ministre de l’Intérieur passé par la présidence du Conseil économique, social et environnemental (CESE), demeurera en poste à Paris tout en assurant au Maroc sa nouvelle et délicate mission. Il aura à gérer dans ce sens des échéances importantes dans les relations bilatérales avec l’Hexagone, dont la réunion de haut niveau France-Maroc qui aura lieu dans la capitale française courant 2020.
La CSMD, organisée davantage comme une task force éphémère, sera composée d’un nombre réduit d’experts (résidents au Maroc et à l’étranger) dont l’identité sera annoncée par le cabinet royal très prochainement. Une équipe multidisciplinaire « ramassée et raisonnable », dont les membres choisis « pour leur sens de l’engagement, leur expertise avérée et leur parcours remarquable » et agissant « à titre bénévole », devront rendre leur copie dans un délai de six à sept mois, soit à fin juin 2020, date à laquelle elle sera à priori dissoute, sauf nouveau mandat royal.
Concrètement, l’instance qui prendra ses quartiers dans les locaux du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (celle-ci abritera un secrétariat permanent chargé entre autres de la communication et de la coordination), n’a pas pour objet ni de se substituer à l’exécutif (elle ne donnera donc pas de « garanties » sur la marche à suivre de l’action gouvernementale), ni au rôle dévolu aux partis politiques.
Son objectif est de concevoir « avec un sens de créativité (…) un nouveau contrat social consensuel » et proposera dans ce sens une série « de programmes et d’initiatives innovants » élaborés sur la base d’une « méthodologie, d’un processus de mise ne place et d’études de faisabilité ».
A la différence d’une instance consultative de type CESE, le rapport de la CSMD au « contenu indicatif et non impératif » ne portera pas sur l’élaboration d’un « avis d’experts », il prendra cependant en compte la somme des réflexions déjà produites pour forger « une vision commune, partagée » dont la perspective décennale intègrera des transformations structurelles abordant, outre « les orientations des derniers discours royaux » notamment en faveur du « social, et de l'humain » (éducation, santé, transport, mécanismes de redistribution des richesses, croissance économique), les grandes questions de l’heure débattues tout aussi à l’international : les évolutions démographiques et sociétales, les sujets ayant trait à la jeunesse, l’impact de la révolution digitale, le changement climatique ou encore la montée du protectionnisme dans le monde...
L’idée, selon Benmoussa, est de bâtir « avec humilité » à partir d’un « diagnostic participatif », un « modèle maroco-marocain » sur la base des « acquis institutionnels », dont la « stabilité politique » et « les fondamentaux » du régime marocain, a-t-il tenu à souligner, rappelant à ce titre que « les termes et l’esprit de la Constitution seront ainsi respectés ».
Le fruit de son travail qui empruntera certes des benchmarks mondiaux, « mais qui ne seront que des sources d’inspiration », selon Benmoussa, sera marqué par deux échéances majeures : un rapport qui sera remis au souverain à l’été prochain, doublé de propositions de mise en œuvre comprenant des mécanismes institutionnels de suivi. Dans l’intervalle, promet le président du CSMD, l’instance communiquera régulièrement à l’opinion publique sur les avancées de son chantier.