« Projet Pegasus » : au Maroc, des journalistes mis sous surveillance avec le logiciel israélien de NSO

Un consortium regroupant Forbidden Stories, Amnesty International et 17 rédactions internationales ont levé le voile ce 18 juillet sur les différentes victimes du logiciel-espion israélien Pegasus, produit par la firme NSO Group. Il en ressort, qu'à travers les pays, plusieurs personnalités de haut-rang ont été touchées par les attaques de Pegasus. Les résultats permettent de démontrer que plus de 50 000 numéros de téléphones ont été entrés par une dizaine de clients de NSO dans le système qui active Pegasus.
Le Maroc n'est également pas épargné : dans un précédent rapport, publié en 2019, Citizen Lab avait déjà rapporté que le Maroc était concerné par l'utilisation du logiciel Pegasus. Une autre enquête de Forbidden Stories et d'Amnesty International avait aussi pris le cas du journaliste d'Omar Radi, comme exemple et revenant sur la traque technologique dont il avait fait objet.
Ce dimanche, ce sont de nouveaux noms qui se sont rajoutés à la liste. Il s'agit de 38 personnes, journalistes et défenseurs des droits humains : on cite les fondateurs du Desk, dont Ali Amar et Fatim Zahra Lqadiri selon nos sources, du journaliste Toufiq Bouachrine (fondateur du défunt Akhbar Al Yaoum) mais aussi d'au moins deux plaignantes impliquées dans son affaire, de l'ancien correspondant de l'AFP à Rabat Omar Brouksy et du fondateur du site Badil.info, Hamid El Mahdaoui.
Fait étonnant : le journaliste Edwy Plenel a également été visé par l'attaque de Pegasus. Citizen Lab et ses enquêteurs avancent qu'il l'a été lors de la visite du fondateur de Mediapart au Maroc en 2019, dans le cadre du festival d'Essaouira. Pour le fondateur de Mediapart, cette intervention a pu servir de déclencheur, mais ce sont surtout « nos confrères marocains, et de fait l’indépendance du Desk » qui étaient visés. Il compte déposer plainte, rapporte le média français Le Monde.
Au sein de Mediapart, Plenel n'est pas le seul. La journaliste Lenaïg Bredoux a également été visée, rapporte-t-on. Celle-ci avait rédigé, rappelle-ton, des articles au sujet de la plainte déposée en France pour complicité de torture. Autres personnalités françaises visées par les utilisateurs marocains de Pegasus, comme l'écrit Le Monde : Eric Zemmour, Bruno Delpot et Dominique Simonnot, ancienne du Canard enchaîné et désormais contrôleuse générale des lieux de privation de liberté. Le nom d'Ignacio Cembrero, journaliste espagnol couvrant l'actualité marocaine, est également cité.