Mohammed VI : « Le Maroc fait face à des attaques méthodiques »
Mohammed VI a donné son discours ce 20 août, à 21 heures, à l'occasion du 68ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Retransmise par la télévision nationale, l'allocution du souverain a notamment traité des derniers sujets d'actualité : les relations avec la France et l'Espagne, mais aussi et surtout, le projet Pegasus, en accusant des parties étrangères et des ONG « notoirement connues pour leur hostilité » de s'en prendre au Maroc. Aucune mention n'a été faite des tensions actuelles avec l'Algérie.
En juillet dernier, un consortium de médias internationaux, mené par Forbidden Stories et Amnesty International, diffusait une large enquête sur un listing présenté comme étant celui du Maroc et comportant des numéros ayant été pris pour cible par les services sécuritaires, à travers l'utilisation du logiciel-espion Pegasus. Parmi le listing, on retrouvait aussi des personnalités marocaines comme le roi Mohammed VI que des personnalités étrangères, à l'image d'Emmanuel Macron et d'autres français. Rabat a de son côté réfuté toutes les accusations et déposé plainte en France mais aussi dans d'autres pays, à la fois contre les ONG mais aussi contre les médias ayant publié ces informations.
Pour Mohammed VI, le Maroc est face à « des attaques méthodiques », « de la part de certains pays et d'organisations notoirement hostiles à notre nation ». « Le Maroc est visé du fait qu’il est un Etat pleinement constitué depuis plus de douze siècles, outre une histoire amazighe au long cours, et que depuis plus de quatre siècles il est gouverné par une monarchie citoyenne, présidant à la destinée du pays et la façonnant dans une symbiose totale entre le Trône et le peuple », affirme le monarque.
« Le Maroc, au même titre que certains pays du Maghreb arabe, fait face à une agression délibérée et préméditée », poursuit le chef d'État dans son discours, ajoutant : « Agrippés à des positions préétablies et à des considérations obsolètes, les ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume ne souhaitent pas que le Maroc demeure la nation libre, forte et influente qu’il a toujours été ». « De plus, quelques pays, notamment des pays européens comptant, paradoxalement, parmi les partenaires traditionnels du Maroc, craignent pour leurs intérêts économiques, leurs marchés et leurs sphères d’influence dans la région maghrébine », indique-t-il.
Pour Mohammed VI, « leurs dirigeants ne saisissent pas encore que le problème ne réside pas dans les régimes des pays du grand Maghreb, mais bien dans les leurs, toujours teintés d’un passéisme désespérément rétif aux évolutions du temps », avant de noter que ces pays « connaissent un affaiblissement du respect des institutions de l’Etat et de ses principales missions traditionnelles ».
« Aussi, et dans l’intention de précipiter le Maroc dans une spirale de problèmes et de conflits avec certains pays, toutes sortes de ressources, légitimes et illégitimes, ont été mobilisées, avec une distribution des rôles et le déploiement d’impressionnants dispositifs d’influence », relève le souverain, sans toujours citer l'affaire Pegasus, ayant présenté le président français comme espionné par les services de renseignement marocains. « Dans le même esprit, les artisans de ce travail de sape ont orchestré une vaste campagne de dénigrement à l’encontre de nos institutions sécuritaires. Ils tentent ainsi de porter un coup à leur niveau de maîtrise élevé et à leur efficacité à préserver la sécurité et la stabilité du Maroc », ajoute-t-il.
Les relations avec le voisin espagnol, ayant connu des tumultes en raison de l'accueil de Brahim Ghali dans un hôpital au nord de l'Espagne, sont aussi mentionnées. Mohammed VI affirme que le Maroc « s’attache à fonder des relations solides, constructives et équilibrées, notamment avec les pays voisins ». « C’est cette même logique qui commande nos choix dans la relation que nous entretenons actuellement avec notre voisin l’Espagne. Certes, ces relations ont traversé récemment une crise sans précédent qui a fortement ébranlé la confiance mutuelle et a soulevé plusieurs interrogations sur leur devenir. Néanmoins, nous avons travaillé avec la partie espagnole, dans le plus grand calme, la clarté la plus totale et un esprit de responsabilité », précise-t-il.
« Avec un optimisme sincère, Nous formons le souhait de continuer à œuvrer avec le gouvernement espagnol et son président, Son Excellence Pedro Sanchez, afin d’inaugurer une étape inédite dans les relations entre nos deux pays. Désormais, celles-ci devront reposer sur la confiance, la transparence, la considération mutuelle et le respect des engagements », déclare le roi, après avoir souligné qu'il a personnellement suivi l'évolution des discussions.
« Le même esprit sous-tend les relations de partenariat et de solidarité entre le Maroc et la France, étayées par les solides relations d’amitié et d’estime mutuelle qui M’unissent à son Président, Son Excellence Emmanuel Macron », souligne le souverain.
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